Les moyens de renforcer la sécurité en Europe ont été évoqués par un vice-ministre russe des Affaires étrangères qui indique que l’Otan, qui s’occupe aujourd’hui de "neutraliser" les avantages de la Russie, ne peut que "prendre au sérieux les propositions de Moscou" ou "avoir affaire à une alternative technico-militaire".
L'Occident n’a que deux options: examiner les propositions de la Russie sur les garanties de sécurité en Europe ou bien une alternative technico-militaire, a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexandre Grouchko.
Moscou se montre prêt à débattre des moyens de traduire le scénario militaire en processus politique qui renforcerait la sécurité militaire dans l'OSCE, l'Euro-Atlantique et l'Eurasie, a-t-il indiqué dans un entretien avec le journaliste Vladimir Soloviov pour sa chaîne YouTube. Sinon, la Russie a d’ores et déjà fait comprendre à l’Otan qu’elle passerait aux contre-mesures.
"Mais alors il sera trop tard pour nous demander pourquoi nous avons pris de telles décisions, pourquoi nous avons déployé de tels systèmes", a-t-il noté.
La Russie possède suffisamment de capacités techniques pour garantir sa sécurité militaire, a poursuivi Alexandre Grouchko.
"Neutraliser nos avantages"
Il a rappelé dans ce contexte que lorsque les avertissements de Vladimir Poutine n’avaient pas été entendus, "un point de presse a été donné sur les systèmes que nous avons conçus".
"Je pense qu'ils [les Occidentaux, ndlr] doivent comprendre qu'ils ont deux façons de procéder: la première est de prendre au sérieux ce que nous avons mis sur la table et la seconde avoir affaire à une alternative technico-militaire", a-t-il souligné.
"Que nous ayons suffisamment de capacités techniques pour garantir de manière fiable notre sécurité militaire par tous les moyens, c’est un fait reconnu par nos partenaires. Parce que ce qu'ils font actuellement à l'Otan, c’est d’essayer de neutraliser nos avantages", a conclu Alexandre Grouchko.
La Russie vient de dévoiler deux textes de mesures visant à arrêter l’escalade des tensions: le Traité entre les États-Unis et la Russie sur les garanties de sécurité et l’Accord sur les mesures pour assurer la sécurité de la Russie et des États membres de l'Otan.
Les documents prévoient notamment d’arrêter l’élargissement de l'Otan à l'est, y compris vers les anciennes Républiques de l'Union soviétique, d’exclure l'adhésion de l'Ukraine à l'Alliance, de ne pas déployer de militaires ni d'armements supplémentaires en dehors des pays dans lesquels ils se trouvaient en mai 1997, avant l'adhésion des pays d'Europe de l'Est à l'Alliance. Ils proposent en outre de ne pas installer de missiles de moyenne et courte portées dans le secteur d’atteinte réciproque ou encore de ne pas déployer d'armements ni de forces dans les zones où ils seront qualifiés par l'autre partie de menace pour la sécurité nationale.
L’OTAN n’a pas de leçon à recevoir de Moscou
La Russie ne doit pas "dicter" aux pays de l’Otan comment ils doivent agir, a avancé dimanche la ministre allemande de la Défense, tout en précisant que l’Alliance discuterait des propositions russes sur les garanties de sécurité au Conseil de l'Otan la semaine prochaine.
L'Otan se penchera la semaine prochaine sur les propositions russes concernant les garanties de sécurité, tout en étant résolue à ne pas laisser Moscou lui "dicter" comment agir, a déclaré ce dimanche 19 décembre la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht.
"J'ai clairement indiqué que nous devions chercher une solution à la situation tendue dans laquelle nous nous trouvons, à la fois sur le plan diplomatique et à l'aide d'une dissuasion crédible. C'est une chose importante et juste, mais il ne faut pas que la Russie dicte aux partenaires de l'Otan comment agir", a-t-elle avancé lors de sa visite en Lituanie, informe Reuters.
Elle a ajouté par la suite que les pays-membres discuteraient de ces propositions au Conseil de l'Otan la semaine prochaine.
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg a, pour sa part, rejeté dans un entretien au Journal de dimanche (JDD) l'idée d'un dialogue avec la Russie sur les sphères d'influence. Au lieu de cela, il a préconisé de discuter avec Moscou des relations, du renforcement de la confiance, du contrôle des armes, de la transparence des exercices et de la réduction des tensions.
Moscou menace de contre-mesures
Moscou estime qu'il est nécessaire de désavouer officiellement la décision prise lors du sommet de l'Otan à Bucarest en 2008, selon laquelle l'Ukraine et la Géorgie deviendront membres de l'Otan, car elle contredit l'engagement pris par les pays membres de l'OSCE de ne pas renforcer leur sécurité au détriment de celle des autres. Il est également prévu que tout participant puisse se retirer de l'accord en informant le dépositaire. Dans ce cas, l'accord prendra fin individuellement après 30 jours.
Lors d'une réunion entre le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov et la secrétaire d'État adjointe Karen Donfried, Moscou a officiellement remis à Washington les deux documents – le Traité entre les États-Unis et la Russie sur les garanties de sécurité et l’Accord sur les mesures pour assurer la sécurité de la Russie et des États membres de l'Otan. Le Kremlin a déclaré qu'il était prêt à entamer immédiatement des négociations sur ces projets.