Le PIB réel de l’économie marocaine a augmenté de 7,9% en 2021, permettant au pays de récupérer les pertes de production au cours de la première année de la pandémie. Néanmoins, après cette solide reprise, une nouvelle série de chocs a entraîné la croissance globale du PIB à 0,3% en glissement annuel au premier trimestre 2022, souligner la Banque Mondiale.
Après une forte campagne agricole en 2020-2021, le Maroc traverse une nouvelle sécheresse sévère qui a entraîné une forte contraction du PIB agricole (-14,3% au 1er trimestre 2022), ajoute l’institution de Bretton Woods dans un nouveau rapport sur le Maroc. A l’inverse, poursuit la même source, le secteur touristique connaît enfin une forte reprise, les restrictions de voyage ayant été assouplies.
Par ailleurs, les pressions inflationnistes apparues vers la fin de 2021 se sont intensifiées suite à la guerre en Ukraine. Chiffres à l’appui, l’IPC (Indice de Prix à la Consommation) a atteint 8% en glissement annuel fin août (inflation sous-jacente à 6,5%), obligeant la banque centrale à relever le taux directeur de 50 points de base à 2%. Les pressions sur les prix ont été tirées principalement par les produits alimentaires (+12%) et les transports (+18,3%). Le dirham s’est déprécié vis-à-vis du dollar, avec de légers mouvements mineurs vis-àvis de l’euro.
Au niveau des échanges extérieurs, la Banque Mondiale indique que le choc des prix des matières premières alimente le déficit du commerce des marchandises (+48,7% au 1er semestre 2022), bien que l’impact sur le compte courant soit atténué par la hausse des recettes touristiques (+27,9%) et les envois de fonds (+6,1%).
Dans ce rapport, la Banque Mondiale souligne aussi que le gouvernement a maintenu les subventions préexistantes sur les prix de l’énergie (gaz butane et électricité) et de l’alimentation (farine et sucre) pour atténuer l’impact du choc sur le pouvoir d’achat des ménages. Cela se traduit par des pressions supplémentaires sur les dépenses publiques, en hausse de 11,4% en glissement annuel au premier semestre 2022. Le total des subventions devrait atteindre 2,6% du PIB en 2022, en hausse de 60,7% par rapport aux niveaux de 2021.
Cependant, le déficit a diminué de 37,8% au 1er semestre 2022 en raison d’un rebond des recettes fiscales en partie lié à la forte performance de l’économie en 2021 et la hausse des prix à l’importation (TVA sur les importations, +33,3 ; droits de douane, +23,9).
Perspectives
Côté perspectives, la Banque Mondiale s’attend à ce que la croissance du PIB ralentit à 1,2% en 2022, principalement en raison d’une forte contraction de la production agricole dans le contexte de la sécheresse actuelle. Le PIB non agricole devrait être plus résilient, soutenu par la bonne performance des services tirés par le secteur du tourisme. Le ralentissement économique en Europe et la hausse des prix des intrants entraîneront au contraire une décélération du secteur manufacturier (+2%).
Du côté de la demande, la Banque Mondiale pense que les pressions inflationnistes et l’incertitude accrue continueront d’alimenter un ralentissement de la consommation privée et de l’investissement, qui ne sera que partiellement compensé par une croissance toujours robuste des dépenses publiques.
Dans l’hypothèse d’une reprise de la production agricole et d’une diminution progressive des pressions inflationnistes, la banque prévoit une croissance de 4% en 2023. « Cependant, les risques restent orientés à la baisse car la rareté de l’eau et les pressions sur les prix pourraient être plus persistants que prévu actuellement, continuant à éroder le pouvoir d’achat des ménages et obligeant potentiellement la banque centrale à poursuivre le resserrement de sa politique monétaire ; car le ralentissement des marchés européens pourrait s’intensifier dans le contexte d’une guerre prolongée et d’un nouveau durcissement des conditions financières mondiales », estime la banque.
Malgré les pressions sur les dépenses exercées par les subventions et les réformes en cours, la solide reprise des recettes fiscales et les bénéfices exceptionnels obtenus par l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) devraient se traduire par une légère réduction du déficit budgétaire à 5,5% du PIB en 2022. Le déficit du compte courant, au contraire, devrait se creuser à 4,9% du PIB en raison de la hausse de la facture des importations.
Croissance et inclusion sociale
Quoiqu’il en soit, la Banque Mondiale estime que le Maroc s’est engagé dans un effort ambitieux pour accélérer la croissance et favoriser l’inclusion sociale. Elle cite, à ce sujet, le Nouveau Modèle de Développement dévoilé en 2021 qui met en lumière les réformes nécessaires pour atteindre ces objectifs. «Jusqu’à présent, les autorités se sont concentrées sur la généralisation de l’accès aux systèmes publics de santé, d’éducation et de protection sociale.
Le développement du secteur privé est une autre priorité, et le Maroc a lancé sa réforme des entreprises publiques, qui pourrait contribuer à uniformiser les règles du jeu pour les opérateurs privés», fait savoir la Banque Mondiale.
En plus, la banque note que le Maroc a l’intention de ramener, à l’horizon 2035, la participation des femmes au marché du travail de près de 23% en 2018 à 45%. «Les impacts de la pandémie de Covid-19, la récente flambée des prix des matières premières et les chocs climatiques de plus en plus fréquents soulignent l’importance de renforcer la résilience de l’économie et des ménages marocains», indique la Banque Mondiale, ajoutant que l’approche proactive des autorités a été efficace pour gérer et atténuer ces chocs, mais a érodé l’espace budgétaire.
La reconstitution des réserves budgétaires du Maroc sera nécessaire à moyen terme pour financer les réformes en cours et améliorer la résilience, indique la banque. Bien que le Maroc ait réalisé d’importants progrès dans la réduction de la pauvreté, son marché du travail sous-performant reste un facteur structurel majeur d’exclusion sociale, en particulier pour les femmes et les jeunes, ajoute la même source.
En outre, de grandes inégalités spatiales persistent entre les régions et entre les zones urbaines et rurales, une part élevée de travailleurs agricoles (près d’un tiers de la population active) n’ayant toujours pas accès aux services essentiels et étant touchés de manière disproportionnée par les impacts du changement climatique, souligne l’Institution de Bretton Woods.
Après une forte campagne agricole en 2020-2021, le Maroc traverse une nouvelle sécheresse sévère qui a entraîné une forte contraction du PIB agricole (-14,3% au 1er trimestre 2022), ajoute l’institution de Bretton Woods dans un nouveau rapport sur le Maroc. A l’inverse, poursuit la même source, le secteur touristique connaît enfin une forte reprise, les restrictions de voyage ayant été assouplies.
Par ailleurs, les pressions inflationnistes apparues vers la fin de 2021 se sont intensifiées suite à la guerre en Ukraine. Chiffres à l’appui, l’IPC (Indice de Prix à la Consommation) a atteint 8% en glissement annuel fin août (inflation sous-jacente à 6,5%), obligeant la banque centrale à relever le taux directeur de 50 points de base à 2%. Les pressions sur les prix ont été tirées principalement par les produits alimentaires (+12%) et les transports (+18,3%). Le dirham s’est déprécié vis-à-vis du dollar, avec de légers mouvements mineurs vis-àvis de l’euro.
Au niveau des échanges extérieurs, la Banque Mondiale indique que le choc des prix des matières premières alimente le déficit du commerce des marchandises (+48,7% au 1er semestre 2022), bien que l’impact sur le compte courant soit atténué par la hausse des recettes touristiques (+27,9%) et les envois de fonds (+6,1%).
Dans ce rapport, la Banque Mondiale souligne aussi que le gouvernement a maintenu les subventions préexistantes sur les prix de l’énergie (gaz butane et électricité) et de l’alimentation (farine et sucre) pour atténuer l’impact du choc sur le pouvoir d’achat des ménages. Cela se traduit par des pressions supplémentaires sur les dépenses publiques, en hausse de 11,4% en glissement annuel au premier semestre 2022. Le total des subventions devrait atteindre 2,6% du PIB en 2022, en hausse de 60,7% par rapport aux niveaux de 2021.
Cependant, le déficit a diminué de 37,8% au 1er semestre 2022 en raison d’un rebond des recettes fiscales en partie lié à la forte performance de l’économie en 2021 et la hausse des prix à l’importation (TVA sur les importations, +33,3 ; droits de douane, +23,9).
Perspectives
Côté perspectives, la Banque Mondiale s’attend à ce que la croissance du PIB ralentit à 1,2% en 2022, principalement en raison d’une forte contraction de la production agricole dans le contexte de la sécheresse actuelle. Le PIB non agricole devrait être plus résilient, soutenu par la bonne performance des services tirés par le secteur du tourisme. Le ralentissement économique en Europe et la hausse des prix des intrants entraîneront au contraire une décélération du secteur manufacturier (+2%).
Du côté de la demande, la Banque Mondiale pense que les pressions inflationnistes et l’incertitude accrue continueront d’alimenter un ralentissement de la consommation privée et de l’investissement, qui ne sera que partiellement compensé par une croissance toujours robuste des dépenses publiques.
Dans l’hypothèse d’une reprise de la production agricole et d’une diminution progressive des pressions inflationnistes, la banque prévoit une croissance de 4% en 2023. « Cependant, les risques restent orientés à la baisse car la rareté de l’eau et les pressions sur les prix pourraient être plus persistants que prévu actuellement, continuant à éroder le pouvoir d’achat des ménages et obligeant potentiellement la banque centrale à poursuivre le resserrement de sa politique monétaire ; car le ralentissement des marchés européens pourrait s’intensifier dans le contexte d’une guerre prolongée et d’un nouveau durcissement des conditions financières mondiales », estime la banque.
Malgré les pressions sur les dépenses exercées par les subventions et les réformes en cours, la solide reprise des recettes fiscales et les bénéfices exceptionnels obtenus par l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) devraient se traduire par une légère réduction du déficit budgétaire à 5,5% du PIB en 2022. Le déficit du compte courant, au contraire, devrait se creuser à 4,9% du PIB en raison de la hausse de la facture des importations.
Croissance et inclusion sociale
Quoiqu’il en soit, la Banque Mondiale estime que le Maroc s’est engagé dans un effort ambitieux pour accélérer la croissance et favoriser l’inclusion sociale. Elle cite, à ce sujet, le Nouveau Modèle de Développement dévoilé en 2021 qui met en lumière les réformes nécessaires pour atteindre ces objectifs. «Jusqu’à présent, les autorités se sont concentrées sur la généralisation de l’accès aux systèmes publics de santé, d’éducation et de protection sociale.
Le développement du secteur privé est une autre priorité, et le Maroc a lancé sa réforme des entreprises publiques, qui pourrait contribuer à uniformiser les règles du jeu pour les opérateurs privés», fait savoir la Banque Mondiale.
En plus, la banque note que le Maroc a l’intention de ramener, à l’horizon 2035, la participation des femmes au marché du travail de près de 23% en 2018 à 45%. «Les impacts de la pandémie de Covid-19, la récente flambée des prix des matières premières et les chocs climatiques de plus en plus fréquents soulignent l’importance de renforcer la résilience de l’économie et des ménages marocains», indique la Banque Mondiale, ajoutant que l’approche proactive des autorités a été efficace pour gérer et atténuer ces chocs, mais a érodé l’espace budgétaire.
La reconstitution des réserves budgétaires du Maroc sera nécessaire à moyen terme pour financer les réformes en cours et améliorer la résilience, indique la banque. Bien que le Maroc ait réalisé d’importants progrès dans la réduction de la pauvreté, son marché du travail sous-performant reste un facteur structurel majeur d’exclusion sociale, en particulier pour les femmes et les jeunes, ajoute la même source.
En outre, de grandes inégalités spatiales persistent entre les régions et entre les zones urbaines et rurales, une part élevée de travailleurs agricoles (près d’un tiers de la population active) n’ayant toujours pas accès aux services essentiels et étant touchés de manière disproportionnée par les impacts du changement climatique, souligne l’Institution de Bretton Woods.
A. CHANNAJE
Le Gazoduc Nigeria-Maroc renforcerait l’indépendance énergétique européenne
L’apport gazier africain, à travers le projet de gazoduc Nigeria-Maroc, renforcerait l’indépendance énergétique européenne, préalable nécessaire à son autonomie stratégique, souligne le Policy Center for the New South (PCNS). Dans un récent Policy Paper sous le thème : « Pourquoi l’Europe a-t-elle un intérêt stratégique dans la réalisation du gazoduc Nigeria-Maroc ? », le think tank, basé à Rabat, indique que le projet contribuerait efficacement à la diversification des ressources gazières des pays européens et leur donnerait plus de marge de manoeuvre.
« La visualisation de la carte des Gazoducs en Europe fait ressortir une concentration excessive des sources d’approvisionnement…Au total, pas moins de 50% du Gaz consommé dans les pays de l’Union Européenne (UE) proviennent d’une même source d’approvisionnement. Ceci constituerait naturellement une arme géopolitique dangereuse susceptible d’être utilisée contre l’Europe », est-il expliqué.
« La visualisation de la carte des Gazoducs en Europe fait ressortir une concentration excessive des sources d’approvisionnement…Au total, pas moins de 50% du Gaz consommé dans les pays de l’Union Européenne (UE) proviennent d’une même source d’approvisionnement. Ceci constituerait naturellement une arme géopolitique dangereuse susceptible d’être utilisée contre l’Europe », est-il expliqué.