Depuis que le gouvernement a annoncé la décompensation partielle du prix du gaz butane, ce sujet ne cesse de susciter le débat. Entre critique et compréhension des motivations gouvernementales, les avis divergent. Pour sa part, le gouvernement juge cette mesure nécessaire pour continuer le financement de l’Etat social tout en préservant les équilibres budgétaires. C’est ce qu’on retient du grand oral du ministre délégué chargé du budget, Fouzi Lekjaa, qui est venu défendre cette réforme à l’hémicycle lors de la séance hebdomadaire consacrée aux questions orales.
Le ministre délégué a explicité la philosophie derrière la décompensation partielle. Il s’agit de dégager les marges budgétaires nécessaires pour poursuivre le financement des réformes liées à l'État social, à savoir les aides sociales directes, l’aide au logement et la généralisation de la couverture sociale.
“La décompensation n’est pas synonyme de libéralisation”, a-t-il assuré, rappelant que cette mesure s'inscrit dans un projet de rationalisation des dépenses publiques mené depuis 2022 et qui a va permettre de dégrader des économies de l’ordre de 100 MMDH en 2025, avec une hausse annuelle de 12,5%.
Le ministre délégué a défendu le bien-fondé de la baisse des subventions allouées au gaz butane dont le prix a augmenté de 10 dirhams. Selon ses explications, de 2015 à 2023, l’Etat a alloué 111 MMDH au subventionnement du gaz, dont 2,5 MMDH annuellement, soit 14% seulement, ont bénéficié aux populations démunies. Par contre, la population aisée a profité de 27% du budget de compensation du gaz, a-t-il indiqué.
Sur la base de ces chiffres, le gouvernement a jugé qu’il vaut mieux soutenir directement les populations en situation de précarité par les allocations sociales plutôt que de maintenir le subventionnement du gaz qui n’avait pas d’effet palpable sur leur pouvoir d’achat. “3,6 millions des personnes démunies vont recevoir 25 milliards de dirhams cette année”, a précisé Lekjaa, ajoutant que ce montant va culminer à 29 MMDH en 2026.
Maintenant, après la décompensation partielle, l'Etat va continuer à subventionner le gaz butane à hauteur de 35 dirhams la bouteille, dont le prix réel du marché s’élève à 88 dirhams.
Concernant le reste des produits de première nécessité, le ministre a rassuré les députés en niant tout hausse future du prix du blé et de ses produits dérivés, rappelant que l’Etat continue à subventionner pleinement les prix du blé tendre.