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Dessalement de l'eau de mer: L’accélération de la cadence se confirme


Rédigé par Mina Elkhodari Mardi 10 Décembre 2024

Les efforts pour développer le dessalement de l'eau de mer commencent d’ores et déjà à porter leurs fruits. La capacité du Maroc est passée à 270 millions de m³, contre 145 millions auparavant, selon le ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka. Détails



Dessalement de l'eau de mer: L’accélération de la cadence se confirme
Au moment où la sécheresse bat son plein, menaçant la durabilité des ressources hydrauliques disponibles, le Maroc s’engage dans une course contre la montre pour garantir sa sécurité hydrique et assurer la disponibilité de l’eau à moyen et à long terme.
 
Cette course est devenue une urgence suite au déficit pluviométrique, les précipitations ayant baissé de 65% par rapport aux années précédentes, aggravant la situation hydrique. Cependant, une amélioration significative de la pluviométrie a été constatée entre septembre et décembre, ravivant l’espoir concernant un retour à la normale.

Selon les données présentées par le ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka, au Parlement, la moyenne des précipitations au niveau national, du 1er septembre au 6 décembre, s’est élevée à 50 mm, contre 27,3 mm durant la même période l’année dernière, soit un surplus de 83,15%. Cette amélioration s’est fait sentir sur le taux de remplissage des barrages.

Le niveau des réserves des barrages, jusqu'au 6 décembre, s'élève à environ 4,90 milliards de m3, soit un taux de remplissage de 29,13%, contre 23,70% enregistrés au cours de la même période de l'année écoulée.  Un taux appelé à augmenter dans les mois à venir en cas d’amélioration de la pluviométrie.

Pour améliorer la situation en matière d’eau, Nizar Baraka a indiqué que des plans directeurs d’aménagement intégré des ressources en eau ont été élaborés et approuvés au niveau des ressorts territoriaux des agences de bassins hydrauliques. Il a ajouté que le Plan national de l’eau (PNE) est en cours d’actualisation pour définir la vision du secteur sur 30 ans, conformément aux Hautes Directives Royales, ainsi qu’aux recommandations du nouveau modèle de développement et des plans des bassins hydrauliques.

De nouveaux barrages, plus d’eau captée De plus, le paquet a été mis sur l'accélération des chantiers d’infrastructures hydrauliques ayant un impact à moyen terme, notamment les barrages. Selon les données présentés par Nizar Baraka à l'Hémicycle, cette année, cinq nouveaux barrages construits ont été remplis suite aux récentes précipitations, à savoir le barrage Fask, le plus grand du Sud marocain, le barrage M'dez de Sefrou, le barrage d'Agdez sur l'oued du Drâa, le barrage Toudra et Tiddas, permettant de participer à l'augmentation de la productivité des réseaux à 80% d’ici 2030.

Les projets d’interconnexion des bassins hydrauliques constituent également un axe d’intervention important pour le département de Nizar Baraka. Le responsable a assuré, à cet égard, que les dernières phases du projet d’interconnexion des bassins Sebou-Bouregreg-Oum Er-Rbia seront réalisées, tout comme le projet d’interconnexion des bassins Sebou-Oued Laou, en plus de la poursuite de la construction de 17 grands barrages qui viendront s’ajouter aux 154 grands barrages existants.

Il est prévu d'étendre ce transfert jusqu'au barrage Al Massira en raison du déficit en eau dans le bassin d'Oum Er-Rabiaa, a souligné Nizar Baraka à la Chambre des Représentants.

270 millions m3 d’eau dessalée, le pari gagnant de Baraka

Le paquet est mis également sur le dessalement de l’eau de mer qui demeure l’horizon indépassable de la politique hydrique du Royaume. L’eau de la mer devrait devenir l’une des principales sources d’eau potable dans les villes côtières pour soulager les barrages dont les ressources devraient être plus utilisées dans les régions éloignées et dans l’agriculture.

Actuellement, 16 stations ont été parachevées, tandis que 5 autres sont en construction, en plus de la programmation de la construction de nombreuses autres stations. Ainsi, la capacité de dessalement est désormais de 270 millions m3 au lieu de 145 millions de mètres cubes, avec l’objectif de porter cette capacité à 1,7 milliard de mètres cubes d'eau dessalée d'ici 2030. Un chiffre qui témoigne, d’ailleurs, de la portée des mesures prises par le gouvernement.

De même pour la réutilisation des eaux usées traitées, des travaux sont en cours pour accroître significativement la réutilisation de ces eaux. D’ailleurs, la capacité d’eau dessalée devra augmenter dans les années à venir après le parachèvement de plusieurs projets structuraux, notamment la station de dessalement de Rabat, objet d’un protocole d’accord maroco-français.

Ce projet, le plus grand d'Afrique et le deuxième plus grand au monde, permettra de répondre aux besoins en eau de près de 9,3 millions d'habitants en produisant 822.000 m3 d'eau potable par jour, soit 300 millions de m3 par an. (Voir repère)

L'épineuse question de l'équilibre entre eau potable et eau d'irrigation

Le gouvernement a pu parachever la construction des stations d’El Jadida et de Safi dans le cadre d’un projet de partenariat avec l’Office Chérifien des Phosphates. Ces deux stations, mises en service le 28 août 2023, sont en mesure de fournir respectivement 30 et 10 millions de mètres cubes par an.

Une partie de ces ressources peut affluer vers Casablanca. Une vingtaine d’autres stations devraient voir le jour d’ici 2030 pour atteindre l’objectif suprême : 1,4 milliard de mètres cubes d’eau dessalée. Concernant la répartition de l'utilisation de l'eau, le ministère veille à assurer une répartition équilibrée des ressources pour garantir l'approvisionnement en eau potable tout en maintenant la production agricole.

À ce titre, Nizar Baraka a assuré que plus de 55% des ressources en eau ont été allouées à l'irrigation, contre 45% pour l'eau potable. Le ministre a en outre indiqué l'importance de l'efficacité dans l'utilisation de l'eau, veillant activement sur la réduction des pertes. L'objectif est d'atteindre un rendement de 80% pour les réseaux d'eau potable, avec la même démarche appliquée au secteur agricole.

Pour assurer l’approvisionnement du monde rural et des zones déficitaires en eau, le ministre de l’Equipement et de l’Eau a relevé que le programme urgent et complémentaire prévoit l’acquisition de 582 camions citernes et 4.400 citernes pour un montant de 471 millions de dirhams, qui seront répartis sur 75 provinces et préfectures par les services du ministère de l’Intérieur, profitant à plus de deux millions d’habitants.