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ÉDITOTO : Les rappeurs ne sont pas tous des Toutous


Rédigé par Majd EL ATOUABI le Mardi 25 Octobre 2022



ÉDITOTO : Les rappeurs ne sont pas tous des Toutous
De deux choses l’une, soit Toto se convertira après cette affaire en chanteur de charme ou de Raï sentimental, soit il deviendra enfin le «Gangsta rappeur» pur jus, pure flamme, qu’il a toujours mimé être. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’en sortira pas indemne, lui comme ses congénères rappeurs marocains qui y réfléchiront désormais à deux, trois et même quatre fois, avant de fourbir leurs paroles et cracher leur flow.

Il est vrai que dans cette affaire dite de Toto, l’intéressé a été épinglé moins pour ses textes et son attitude sur scène que pour ses propos exprimés hors contexte, d’abord lors d’une conférence de presse rbatie bon chic bon genre, et ensuite et surtout, dans un live menaçant publié sur sa page Instagram aux millions de followers. Mais qu’on se le dise clairement, la congrégation des rappeurs, d’ici comme d’ailleurs, n’a jamais été connue pour son vocabulaire épuré et ses manières aseptisées. Le langage fleuri et volontiers ordurier, en plus de l’attitude réellement ou faussement rebelle, étant la signature universelle de tout rappeur qui aspire à la crédibilité et au respect d’un public essentiellement jeune et, donc, accessoirement rebelle.

Et si au Maroc, nos rappeurs font l’apologie du haschich, de l’alcool, de la baston et des soirées chaudes et arrosées, leurs homologues américains, britanniques ou français chantent, eux, les louanges de la cocaïne, du crack et de l’héroïne, tout en arborant armes à feu, bolides rutilants et femmes pulpeuses. Ne nous y trompons pas pour autant, puisqu’à notre époque où les opinions se font et se défont au gré de l’effet centrifuge des réseaux sociaux, ce décorum malséant et gorgé de testostérone autour du mythe du mauvais garçon, n’est souvent que la façade d’un marketing féroce pensé et réfléchi pour attirer des légions de suiveurs et brasser un maximum d’argent.

On ne saura sans doute jamais si l’attitude surjouée de Toto durant les dernières semaines entre dans ce genre de dessein. Auquel cas, sa récente mise en garde à vue devrait le réjouir puisqu’elle renforce sa réputation réelle ou usurpée de plus mauvais garçon du rap marocain du moment. Mais la surenchère à laquelle cette affaire a donné lieu d’une part comme de l’autre devrait maintenant laisser place à plus de retenue et surtout à un minimum de réflexion sur ce qui est réellement condamnable dans le domaine de l’art et de la culture en général, et ce qui ne l’est pas. Ce à quoi ne prêtent guère ni l’ambiance embrumée et moite des geôles des commissariats, ni celle vengeresse et indignée des meutes de la bien-pensance.



Majd EL ATOUABI



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