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Education: Les enseignants du primaire appellent à l'action face aux « promesses non tenues »


Rédigé par Yousra Rhardoud Lundi 30 Septembre 2024

Dans un communiqué, la Coordination nationale des enseignants du primaire annonce une grève imminente, dénonçant des « promesses non tenues ». Les tensions augmentent, mettant en péril la stabilité d'un système éducatif déjà fragilisé.



En ce début de l'année scolaire 2024-2025, le secteur de l'Education fait face à une nouvelle vague de tensions. Les enseignants du primaire, regroupés au sein de la Coordination nationale, ont décidé de reprendre le chemin de la contestation, dénonçant le « non-respect des engagements du gouvernement et du ministère de l'Éducation nationale ». Cette mobilisation, qui culminera par une grève nationale le 5 octobre prochain, s'inscrit dans une série de revendications touchant à la reconnaissance professionnelle et aux conditions de travail des enseignants.
 
Depuis plusieurs années, les tensions entre le corps enseignant et les autorités gouvernementales se sont progressivement exacerbées, au point de devenir une véritable crise. À l'origine de cette situation, de nombreuses promesses faites par le gouvernement, notamment en ce qui concerne l'amélioration des conditions de travail, n'ont pas été suivies d'effets concrets. Ces engagements, qui incluent l'accord du 26 décembre 2023 et les résultats du dialogue social du 30 avril 2022, devaient apporter des solutions aux revendications légitimes des enseignants, telles que la réduction des heures de travail, l'harmonisation des salaires, ou encore la reconnaissance professionnelle à travers des promotions administratives et financières. 
 
Cependant, le manque de réactivité des autorités à mettre en œuvre ces réformes a profondément déçu le corps enseignant. Cette absence d'actions concrètes a entraîné une montée de la frustration, notamment dans les rangs des enseignants du primaire, souvent perçus comme les plus vulnérables au sein du système éducatif. Leur Coordination nationale, porte-voix de ces revendications, dénonce non seulement le retard dans l’application des accords, mais aussi l'absence de dialogue sérieux avec le gouvernement. Face à ce statu quo, les enseignants ont vu leurs revendications se radicaliser, passant d'une demande de réformes à une exigence de droits fondamentaux non respectés.
 
Les revendications des enseignants  
 
Au cœur des revendications, les enseignants exigent une réduction du nombre d'heures de travail hebdomadaire à 21 heures, avec un total annuel de 714 heures. Ils demandent également que le samedi soit reconnu comme jour de repos. Cette initiative vise à harmoniser le temps de travail entre les différents cycles d'enseignement. De plus, les enseignants réclament l'instauration d'une indemnité complémentaire à compter de janvier 2024, afin de compenser les inégalités de rémunération dont ils s’estiment victimes.
 
La colère de la “cellule 10” 
 
Le communiqué de la Coordination a souligné "la poursuite de la lutte" pour obtenir la promotion administrative des enseignants de la cellule 10 diplômés du grade 9, et la régularisation du premier grade avec effet rétroactif, tant sur le plan financier qu'administratif, à partir de la date d'obtention du diplôme, conformément à l'accord du 14 avril 2023. La Coordination a tenu le ministère de tutelle pour responsable de toute détérioration du dossier revendicatif, tout en réaffirmant la nécessité de mettre en œuvre la promotion avec effet rétroactif comme convenu le 14 avril 2023.

Elle insiste sur la nécessité de verser les indemnités complémentaires aux enseignants des cycles primaire et secondaire, et de réduire les heures de travail, tout en dénonçant le fait que les enseignants de la cellule 9 soient privés de bénéficier des services sociaux de la CNSS et de la CNOPS. Elle a appelé ses membres à se mobiliser et à participer activement à la prochaine action de protestation pour défendre leurs droits légitimes.
 
Un secteur en crise structurelle  
 
La crise systémique de l’éducation publique au Maroc s’explique par un ensemble de problèmes profondément enracinés. Le secteur souffre d'un manque criant de ressources financières et humaines, qui se traduit par des classes surchargées, une insuffisance de matériel pédagogique et un sous-effectif chronique du personnel enseignant. Ce déficit de moyens affecte directement la qualité de l'enseignement, augmentant la pression sur les enseignants en poste et décourageant de nouvelles recrues dans la profession. 

Par ailleurs, les infrastructures scolaires sont souvent inadéquates, avec des disparités marquées entre les zones urbaines et rurales. Dans les régions périphériques, de nombreux établissements sont vétustes, mal équipés, et parfois difficiles d'accès, creusant les inégalités d’accès à une éducation de qualité. 

Bien que des réformes aient été annoncées, elles peinent à se concrétiser de manière effective sur le terrain, laissant le système éducatif dans un état de stagnation. Cette situation soulève des interrogations cruciales quant à la capacité du Maroc à former les générations futures dans des conditions optimales et à répondre aux exigences d’un marché de travail en pleine mutation.
 
Perspectives et solutions possibles  
 
Face à cette crise, le dialogue semble être la seule issue. La Coordination nationale des enseignants du primaire souligne que seul un dialogue sérieux et basé sur le respect des engagements peut résoudre les problèmes structurels du secteur. L'enjeu est de taille : il s’agit non seulement de garantir des conditions de travail décentes aux enseignants, mais également de préserver la qualité de l’enseignement offert aux élèves. 
 
Le gouvernement est désormais à la croisée des chemins. Il doit décider s'il souhaite rétablir un climat de confiance avec les enseignants en répondant à leurs revendications, ou risquer de prolonger un conflit qui ne pourra que s'intensifier avec le temps. La grève du 5 octobre sera-t-elle un tournant décisif ou une nouvelle étape dans un conflit qui perdure ?
 
Le secteur de l'Education est sur le point d'entrer dans une période de turbulences. Les revendications des enseignants, loin d’être un simple caprice, traduisent un besoin urgent de réforme en profondeur. La question qui se pose désormais est de savoir si le gouvernement saura enfin prendre la mesure de l’enjeu et offrir des solutions concrètes, ou si la situation continuera à se détériorer, au détriment de tout le système éducatif marocain.
 
Le bras de fer entre le gouvernement et les enseignants du primaire s’annonce décisif pour l'avenir du système éducatif marocain. Derrière les revendications légitimes des enseignants se cache une crise plus profonde, celle d'un secteur en mal de réforme. Les prochains jours seront cruciaux pour savoir si le dialogue l'emportera sur la confrontation, ou si la situation continuera de se détériorer au détriment des élèves et de l’éducation au Maroc.
 
Répercussions sur d'autres secteurs
 
La crise éducative que traverse le Maroc ne se cantonne pas aux salles de classe. Les dysfonctionnements dans le secteur de l'enseignement ont des effets en cascade qui touchent des pans entiers de la société et de l'économie. En effet, l'éducation constitue la pierre angulaire du développement social et économique d’un pays. Un système éducatif inefficace ne produit pas seulement une génération de citoyens mal préparés, mais entraîne également une baisse de la qualité de la main-d'œuvre, ce qui impacte directement la compétitivité du pays sur la scène internationale.
 
Impact sur l'économie et la compétitivité internationale 

Le lien entre éducation et économie est bien établi. Une éducation de qualité permet de former des individus compétents et polyvalents, capables de s'adapter aux exigences du marché du travail, en particulier dans les secteurs où l'innovation, les compétences techniques et les capacités analytiques sont essentielles. Un système éducatif défaillant conduit à un manque de qualifications parmi les travailleurs, ce qui freine le développement de secteurs clés comme l'industrie technologique, les énergies renouvelables et les services financiers, tous dépendants d'une expertise technique pointue.

À titre d'exemple, le secteur technologique, qui joue un rôle crucial dans la modernisation de l’économie marocaine, nécessite une main-d’œuvre hautement qualifiée en informatique, ingénierie et gestion de projets. Si le système éducatif n’est pas en mesure de produire ces profils, les entreprises locales seront forcées de recruter à l’étranger, augmentant ainsi les coûts et ralentissant l’essor du secteur. Cela pose également des défis pour attirer des investisseurs internationaux, qui recherchent des économies disposant d'une main-d'œuvre bien formée et compétitive.
 
 

Une crise systémique profonde dans l’éducation publique

La vague de contestation actuelle des enseignants du primaire est l’expression visible d’une crise bien plus large et structurelle dans l’éducation publique marocaine. Ce secteur, qui représente un pilier essentiel pour le développement socio-économique du pays, est depuis des années en proie à des dysfonctionnements multiples. Ces problèmes ne sont pas seulement conjoncturels, mais profondément ancrés dans la gestion et l’organisation du système éducatif. Plusieurs défis majeurs en sont à l’origine.








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