A peine la baisse des tarifs du fret maritime annoncée, voilà que certains armateurs en surprennent plus d’un en informant de la hausse, à partir du 23 octobre prochain, de certains de leurs prix. C’est le cas du géant français CMA CGM, qui indique procéder à une hausse de 400 dollars par conteneur sur les lignes à destination de certains pays africains. Le Maroc, à l’instar de plusieurs autres pays européens et africains, est concerné par cette hausse des prix d’affrètement.
En plus clair, il s’agit des tarifs sur les chargements frigorifiques, notamment pour les marchandises constituées d’agrumes et de primeurs par exemple. «Il est important de souligner que, pour le cas du Maroc, cette hausse ne s’applique que sur les exportations et non sur les importations», précise Rachid Tahri, Président de l’Association des Freight Forwarders du Maroc (AFF), également vice-président de la Fédération du Transport de la Confédération des Entreprises du Maroc (CGEM).
Compétitivité
« Le problème est que si l’on considère par exemple que la valeur d’un conteneur est de 10.000 dollars, cette hausse de 400 dollars est synonyme d’un renchérissement de 4% sur les produits marocains destinés à l’export. Cela joue certainement sur la compétitivité», s’indigne pour sa part El Mostafa Fakhir, président de la Commission Catégorisation et Décarbonation au Club des Opérateurs Economiques Agréés du Maroc (OEA).
Dans un contexte de flambée historique du fret maritime et de hausse généralisée des prix des biens de consommation, cette nouvelle mesure peut en effet créer une certaine incompréhension, surtout s’agissant de la compétitivité des produits exportés. Mais, les professionnels du transport maritime ne s’inquiètent pas outre mesure: «Cela n’aura que peu d’incidences, voire pas du tout. Et cette mesure n’est pas appelée à durer. Elle obéit à une certaine conjoncture», relativise le professeur Najib Cherfaoui, expert maritime. Rachid Tahri de l’AFF est du même avis : «Ce n’est pas quelque chose de nouveau. Ce sont des surtaxes qui se font généralement à partir du mois d’octobre. Pour les armateurs, c’est une manière de préparer le pic de la demande pour les fêtes de fin d’année. Une fois cette période dépassée, les choses reviendront à la normale », précise-t-il.
Les exportateurs n’apprécient pas
Quoiqu’il en soit, cette hausse va être répercutée sur les exportateurs marocains, qui, eux, sont probablement habitués à ce yoyo des prix du transport maritime, mais n’apprécient pas du tout ces charges supplémentaires. A l’Association marocaine des exportateurs (ASMEX), c’est suffisant pour encore une fois attirer l’attention sur l’inexistence d’un pavillon national et sur l’urgence de réparer définitivement cette anomalie que vit le Maroc depuis une décennie. Cela, à l’heure où les exportations d’agrumes marocaines vers les marchés africains ont grimpé à plus du double lors de la campagne qui vient de s’écouler, faisant de l’Afrique l’un des marchés émergents et d’avenir pour la production marocaine. Sauf que la hausse de CMA CGM intervient durant la période la plus dynamique pour les exportations marocaines, qui commencent habituellement à partir de l’automne.
15 milliards d’euros de bénéfices
S’agissant des prix, le professeur Najib Cherfaoui tient à rassurer : «Sur les lignes au départ du Maroc vers l’Afrique subsaharienne, notamment l’Afrique de l’Ouest, CMA CGM ne représente pas grand-chose. D’autres de ses concurrents comme Grimaldi sont plus présents sur ce segment». On apprend aussi, sur la base d’une comparaison des prix, que la hausse de CMA CGM constitue, malgré ces considérations conjoncturelles, juste un alignement sur les tarifs appliqués par ses concurrents, relativement plus chers.
En tout cas, une chose est sûre : les armateurs ont largement profité de la crise post-Covid, en réalisant des bénéfices record, comme c’est le cas de l’armateur français CMA CGM, qui, rien que durant les six premiers mois de l’année en cours, a porté son bénéfice à plus de 15 milliards d’euros. C’est inédit pour l’armateur basé à Marseille, qui compte une flotte de 580 navires et emploie 150.000 personnes à travers le monde.
En plus clair, il s’agit des tarifs sur les chargements frigorifiques, notamment pour les marchandises constituées d’agrumes et de primeurs par exemple. «Il est important de souligner que, pour le cas du Maroc, cette hausse ne s’applique que sur les exportations et non sur les importations», précise Rachid Tahri, Président de l’Association des Freight Forwarders du Maroc (AFF), également vice-président de la Fédération du Transport de la Confédération des Entreprises du Maroc (CGEM).
Compétitivité
« Le problème est que si l’on considère par exemple que la valeur d’un conteneur est de 10.000 dollars, cette hausse de 400 dollars est synonyme d’un renchérissement de 4% sur les produits marocains destinés à l’export. Cela joue certainement sur la compétitivité», s’indigne pour sa part El Mostafa Fakhir, président de la Commission Catégorisation et Décarbonation au Club des Opérateurs Economiques Agréés du Maroc (OEA).
Dans un contexte de flambée historique du fret maritime et de hausse généralisée des prix des biens de consommation, cette nouvelle mesure peut en effet créer une certaine incompréhension, surtout s’agissant de la compétitivité des produits exportés. Mais, les professionnels du transport maritime ne s’inquiètent pas outre mesure: «Cela n’aura que peu d’incidences, voire pas du tout. Et cette mesure n’est pas appelée à durer. Elle obéit à une certaine conjoncture», relativise le professeur Najib Cherfaoui, expert maritime. Rachid Tahri de l’AFF est du même avis : «Ce n’est pas quelque chose de nouveau. Ce sont des surtaxes qui se font généralement à partir du mois d’octobre. Pour les armateurs, c’est une manière de préparer le pic de la demande pour les fêtes de fin d’année. Une fois cette période dépassée, les choses reviendront à la normale », précise-t-il.
Les exportateurs n’apprécient pas
Quoiqu’il en soit, cette hausse va être répercutée sur les exportateurs marocains, qui, eux, sont probablement habitués à ce yoyo des prix du transport maritime, mais n’apprécient pas du tout ces charges supplémentaires. A l’Association marocaine des exportateurs (ASMEX), c’est suffisant pour encore une fois attirer l’attention sur l’inexistence d’un pavillon national et sur l’urgence de réparer définitivement cette anomalie que vit le Maroc depuis une décennie. Cela, à l’heure où les exportations d’agrumes marocaines vers les marchés africains ont grimpé à plus du double lors de la campagne qui vient de s’écouler, faisant de l’Afrique l’un des marchés émergents et d’avenir pour la production marocaine. Sauf que la hausse de CMA CGM intervient durant la période la plus dynamique pour les exportations marocaines, qui commencent habituellement à partir de l’automne.
15 milliards d’euros de bénéfices
S’agissant des prix, le professeur Najib Cherfaoui tient à rassurer : «Sur les lignes au départ du Maroc vers l’Afrique subsaharienne, notamment l’Afrique de l’Ouest, CMA CGM ne représente pas grand-chose. D’autres de ses concurrents comme Grimaldi sont plus présents sur ce segment». On apprend aussi, sur la base d’une comparaison des prix, que la hausse de CMA CGM constitue, malgré ces considérations conjoncturelles, juste un alignement sur les tarifs appliqués par ses concurrents, relativement plus chers.
En tout cas, une chose est sûre : les armateurs ont largement profité de la crise post-Covid, en réalisant des bénéfices record, comme c’est le cas de l’armateur français CMA CGM, qui, rien que durant les six premiers mois de l’année en cours, a porté son bénéfice à plus de 15 milliards d’euros. C’est inédit pour l’armateur basé à Marseille, qui compte une flotte de 580 navires et emploie 150.000 personnes à travers le monde.
Abdellah MOUTAWAKIL
Repères
Surtaxe : concurrence déloyale en faveur de la France ?
C’est ce qui saute à l’oeil à la lecture du communiqué de CMA CGM. La hausse de 400 dollars ne concerne pas cette fois-ci les ports français. «Je ne comprends pas pourquoi on exclut la France. Ça veut dire qu’on donne de la compétitivité aux exportations françaises au détriment des celles des autres pays», fustige El Mostafa Fakhir, président de la Commission Catégorisation et Décarbonation au Club des Opérateurs Economiques Agréés du Maroc (OEA). En tout cas, il est évident qu’en étant moins chers à l’export, les produits français ont plus de chance d’être choisis à l’étranger que ceux des autres pays surtaxés.
Pratiques anticoncurrentielles : l’UE va bientôt entrer en action
Après les Etats-Unis, dont la pression a permis de baisser les coûts du fret maritime, c’est au tour de l’Union Européenne de réfléchir à mettre fin aux pratiques anticoncurrentielles des armateurs maritimes. Si l’UE mettait fin aux pratiques anticoncurrentielles des armateurs, ce serait une bonne nouvelle pour le Maroc, qui en perdra moins en devises. Car, il faut le rappeler, l’absence d’un pavillon national crée une grande dépendance envers les armateurs mondiaux.
L'info...Graphie
Supplément haute saison
Les ports concernés
Dans son communiqué, CMA CGM indique avoir introduit le «Peak Season Surcharge (PSS)», en français : Supplément Haute Saison, dans l’optique de «maintenir la fiabilité et l’efficacité de ses services». Ainsi, à compter du 23 octobre prochain, ce supplément s’applique pour les chargements dans les ports d’origine depuis le Nord Europe (sauf la France), la Scandinavie, la Pologne, la Baltique, le Royaume-Uni, la Méditerranée Occidentale, l’Adriatique, le Maroc, l’Afrique de l’Ouest, la Méditerranée Orientale et la Mer Noire.
S’agissant des ports de destination, on retrouve notamment l’Angola, la République Démocratique du Congo, le Gabon et le Congo. «CMA CGM a une comptabilité analytique. Chaque service doit être rentable. Ceci peut expliquer le choix de ces lignes», note un expert maritime. Un élément mérite d’être noté : les Etats-Unis ne sont pas concernés par cette hausse. Certains y voient l’effet du Shipping Act 2022, voté par le Congrès américain et qui, apparemment, commence à faire peur aux armateurs mondiaux.
S’agissant des ports de destination, on retrouve notamment l’Angola, la République Démocratique du Congo, le Gabon et le Congo. «CMA CGM a une comptabilité analytique. Chaque service doit être rentable. Ceci peut expliquer le choix de ces lignes», note un expert maritime. Un élément mérite d’être noté : les Etats-Unis ne sont pas concernés par cette hausse. Certains y voient l’effet du Shipping Act 2022, voté par le Congrès américain et qui, apparemment, commence à faire peur aux armateurs mondiaux.
Fret maritime
Guerre de positionnement entre armateurs
Les ajustements de tarifs chez les armateurs sont souvent révélateurs de stratégies bien réfléchies pour perturber la concurrence. C’est ce qui se dessine sur le marché africain, principalement visé par ces ajustements décidés par l’armateur français CMA CGM.
« La raison est qu’il y a un trafic qu’ils veulent capter. Et tout ce qui se passe actuellement sur les lignes et corridors africains est lié au retrait de Bolloré. CMA CGM a racheté la ligne maritime qu’elle monopolise, mais MSC a racheté les infrastructures de Bolloré. Donc, c’est là que se trouve le véritable enjeu », observe le professeur Najib Cherfaoui, expert maritime.
En réalité, poursuit notre interlocuteur, «CMA CGM veut savoir comment MSC, qui est son concurrent direct, va réagir. Celle-ci va réagir sûrement, mais pour l’heure, on ne sait pas comment», note Najib Cherfaoui. De toute évidence, chaque armateur repose sur une alliance puissante. Il faut le rappeler, le shipping conteneurisé est actuellement sous la tutelle de trois conglomérats planétaires : «2M Alliance», «Ocean Alliance» et «The Alliance», qui assurent 70% du trafic conteneurisé mondial. «2M Alliance» comprend les deux mastodontes européens, à savoir le danois et leader mondial, Maersk, et l’armateur italo-suisse, MSC. «Ocean Alliance» regroupe le français CMA CGM, le chinois COSCO et Evergreen. Il s’agit donc d’une alliance franco-chinoise.
Enfin, «The Alliance», réunit l’allemand Hapag-Lloyd, Ocean Network Express (ONE) et les japonais Yang Ming et Hyundai Merchant Marine.
3 questions à Rachid Tahri
«Nous sommes habitués à observer ce genre d’ajustements»
Pour Rachid Tahri, Président de l’Association des Freight Forwarders du Maroc (AFF), également vice-président de la Fédération du Transport de la Confédération des Entreprises du Maroc (CGEM), cette hausse n’aura que peu d’incidences, mais elle sera malgré tout répercutée sur les exportateurs.
- Comment peut-on expliquer la hausse annoncée par l’armateur français CMA CGM sur les conteneurs frigorifiques à partir du 23 octobre prochain ?
- Ce n’est pas quelque chose de nouveau. Ce sont des surtaxes qui se font généralement à partir du mois d’octobre. Pour les armateurs, c’est une manière de préparer le pic de la demande pour les fêtes de fin d’année. Une fois cette période dépassée, les choses reviennent à la normale. A vrai dire, il n’y aura pas de grandes incidences et nous sommes habitués à observer ce genre d’ajustements selon les périodes de l’année. C’était également le cas en 2016, 2019, puis en 2020.
- Quelle est la particularité de cette augmentation de 400 dollars ?
- Cette hausse est appliquée sur les exportations et non sur les importations. Ce sont les produits réfrigérés qui sont concernés. Habituellement, ces hausses sont appliquées sur des lignes reliant les marchés européens et chinois, mais cette fois, nous constatons qu’à l’exception de la France, beaucoup d’autres destinations sont concernées. Certainement, l’appel lancé par les autorités françaises envers CMA CGM explique que les départs depuis les ports français ne sont pas concernés.
- En tant que Freight Forwarders du Maroc, comment cette nouvelle hausse risque de se faire sentir dans vos activités ?
- Il est vrai que nous visons déjà une période très tendue dans le secteur du transport maritime, avec une flambée jamais observée. Malheureusement, en tant que Freight Forwarders, nous sommes obligés de nous adapter aux tarifs indiqués par l’armateur et de les appliquer à l’exportateur. Nous sommes convaincus qu’après cette période de fin d’année qui se profile l’horizon, les choses reviendront à la normale.
- Comment peut-on expliquer la hausse annoncée par l’armateur français CMA CGM sur les conteneurs frigorifiques à partir du 23 octobre prochain ?
- Ce n’est pas quelque chose de nouveau. Ce sont des surtaxes qui se font généralement à partir du mois d’octobre. Pour les armateurs, c’est une manière de préparer le pic de la demande pour les fêtes de fin d’année. Une fois cette période dépassée, les choses reviennent à la normale. A vrai dire, il n’y aura pas de grandes incidences et nous sommes habitués à observer ce genre d’ajustements selon les périodes de l’année. C’était également le cas en 2016, 2019, puis en 2020.
- Quelle est la particularité de cette augmentation de 400 dollars ?
- Cette hausse est appliquée sur les exportations et non sur les importations. Ce sont les produits réfrigérés qui sont concernés. Habituellement, ces hausses sont appliquées sur des lignes reliant les marchés européens et chinois, mais cette fois, nous constatons qu’à l’exception de la France, beaucoup d’autres destinations sont concernées. Certainement, l’appel lancé par les autorités françaises envers CMA CGM explique que les départs depuis les ports français ne sont pas concernés.
- En tant que Freight Forwarders du Maroc, comment cette nouvelle hausse risque de se faire sentir dans vos activités ?
- Il est vrai que nous visons déjà une période très tendue dans le secteur du transport maritime, avec une flambée jamais observée. Malheureusement, en tant que Freight Forwarders, nous sommes obligés de nous adapter aux tarifs indiqués par l’armateur et de les appliquer à l’exportateur. Nous sommes convaincus qu’après cette période de fin d’année qui se profile l’horizon, les choses reviendront à la normale.
Recueillis par A. M.