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International

Gaza: condamnations internationales après une frappe meurtrière à Rafah


Rédigé par L'Opinion avec AFP Lundi 27 Mai 2024

Israël fait face lundi à une vague de condamnations internationales après une frappe nocturne à Rafah, qui a fait 45 morts, selon le ministère de la Santé à Gaza, et mis le feu à des tentes occupées par des Palestiniens dans un camp de déplacés.



L'armée israélienne a dit lundi enquêter sur la mort de victimes civiles. La veille, elle avait affirmé avoir ciblé à laide de "munitions précises", deux hauts responsables du Hamas, "des cibles légitimes au regard du droit nternational".
 
Le gouvernement a indiqué de son côté examiner les faits concernant cette frappe qu'il a qualifiée de "grave", assurant qu'Israël cherchait à "limiter les pertes civiles".
 
L'ONU a "condamné les frappes israéliennes" et demandé une enquête "complète et transparente" après l'attaque dans la ville surpeuplée de Rafah, où Israël a lancé des opérations au sol le 7 mai en dépit des mises en garde de la communauté internationale.
 
La frappe meurtrière a été dénoncée notamment par l'Union européenne (UE), l'Union africaine (UA), la France, ainsi que par l'Egypte et le Qatar, deux pays médiateurs dans les efforts diplomatiques pour parvenir à un cessez-le-feu dans la guerre dévastatrice déclenchée il y a bientôt huit mois.
 
La Défense civile palestinienne a fait état de nombreux corps "carbonisés" dans un incendie qui a ravagé le camp de déplacés de Barkasat, géré par l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dans le nord-ouest de Rafah.
 
Mohammed al-Mughayyir, un responsable de la Défense civile dans la bande de Gaza, décrit un "massacre": "nous avons vu des corps carbonisés, démembrés (...) des cas d'amputations, des enfants blessés, des femmes et des personnes âgées".
 
Des images du Croissant-Rouge palestinien, selon lequel le lieu visé par la frappe avait été désigné par Israël "comme une zone humanitaire", ont montré des scènes de chaos, des ambulances toutes sirènes hurlantes et des secouristes en pleine nuit sur un site en feu, évacuant les blessés parmi lesquels des enfants.
 
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a dit recevoir dans un de ses hôpitaux de campagne un "afflux de blessés ayant subi des brûlures".
 
Des images de l'AFP au petit matin montrent les restes carbonisés de tentes de fortune et de véhicules, des familles constatant un paysage noirci autour d'elles.
 
"Le massacre à Rafah hier a fait 45 morts", selon un bilan fourni lundi par le ministère de la Santé de l'administration du Hamas dans la bande de Gaza, qui fait aussi état de "249 blessés".
 
"Nous venions de terminer les prières du soir. Nos enfants dormaient (...), soudain, nous avons entendu un grand bruit et il y avait du feu tout autour de nous. Les enfants criaient. Le bruit était terrifiant. On aurait dit des éclats d'obus traversant les pièces", raconte une Palestinienne refusant d'être identifiée.
 
La frappe est intervenue quelques heures après des tirs de roquettes sur Tel-Aviv depuis Rafah, revendiqués par le Hamas.
 
Le Hamas considéré comme une organisation terroriste, notamment par les Etats-Unis et l'Union européenne, a dénoncé un "massacre horrible", et en Cisjordanie occupée, l'Autorité palestinienne a accusé Israël d'avoir "délibérément visé" le camp de Rafah.
 
De son côté, le président français, Emmanuel Macron, s'est dit "indigné", et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, a promis que son pays ferait "tout son possible pour que les autorités israéliennes "barbares rendent des comptes".
 
Le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell s'est dit "horrifié", tandis que la Jordanie a fermement condamné les "crimes de guerre en cours", estimant que la frappe israélienne à Rafah "défie les décisions de la la Cour internationale de justice (CIJ).
 
L'Union africaine a dénoncé de son côté un "mépris" pour l'arrêt de la CIJ, la plus haute juridiction de l'ONU, qui avait ordonné vendredi à Israël de suspendre ses opérations à Rafah, qui ont poussé en près de trois semaines selon l'ONU quelque 800.000 à la fuite.
 
Médiateur clé avec le Qatar et les Etats-Unis, l'Egypte a condamné un "bombardement délibéré des forces israéliennes sur des tentes de déplacés" à Rafah, appelant Israël à "mettre en oeuvre les mesures édictées par la CIJ".
 
Le Qatar a prévenu que les frappes israéliennes à Rafah pourraient "compliquer les efforts de médiation", appelant "à agir de toute urgence pour empêcher un génocide et protéger les civils".
 
L'Arabie saoudite a également condamné "la poursuite des massacres" et le Koweït a dénoncé des "crimes de guerre flagrants".
 
L'armée israélienne a déclaré par ailleurs examiner un "incident" impliquant des "tirs" lundi à la frontière entre la bande de Gaza et l'Egypte, ajoutant qu'elle échangeait avec "les Egyptiens" à ce propos. L'armée égyptienne a annoncé de son côté la mort d'un garde-frontière dans des "tirs" à la frontière avec Israël.
 
La guerre a été déclenchée par une attaque menée le 7 octobre sur le sol israélien par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza, entraînant la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
 
Ce jour-là, 252 personnes ont été emmenées comme otages dans le territoire palestinien, dont 121 sont toujours retenus à Gaza, y compris 37 qui sont morts, selon l'armée.
 
Les représailles d'Israël, qui dit vouloir anéantir le Hamas, ont fait au moins 36.050 morts dans la bande de Gaza, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé de l'administration Hamas dans le territoire palestinien.
 
Après près de huit mois de guerre, la pression monte sur Israël et l'ONU prévient d'une famine imminente dans la bande de Gaza assiégée, où la plupart des hôpitaux ne fonctionnent plus.
 
Mardi, l'Espagne, la Norvège et l'Irlande vont reconnaître l'Etat de Palestine, une annonce faite la semaine dernière et qui avait suscité la colère d'Israël.