Djellaba, caftan, gandoura, jabadour…, petits et grands, femmes et hommes, les portent volontiers pour les grandes occasions et pendant le mois sacré de Ramadan. Or, cette année, marquée par la hausse du coût de la vie, après plus de deux ans de pandémie, un manque d’engouement pour ces habits se fait sentir. “Lghaleb Allah” (Allah est le victorieux, ndlr) est le maître mot chez une bonne partie des familles que le contexte national difficile, voire mondial, n’a pas épargnée.
“Contrairement au beau vieux temps, quand j’achetais compulsivement des articles, sans besoin et sans être réellement convaincue de ce que j’achetais, je me trouve actuellement “forcée” d’attendre que la période des soldes soit lancée et ne choisis plus que ce qui me sera réellement utile”, nous fait part de son ressenti Siham, une jeune maman salariée.
L’argent qu’elle dépensait avant dans le shopping, elle l’investit maintenant dans son ravitaillement, essayant ainsi de surmonter avec son mari, touchant chacun 6000 dhs par mois, des fins de mois difficiles. “Je pense que je vais ressortir une ancienne tenue, pour permettre à mes enfants de vivre la joie de Aïd Al-Fitr”, ajoute-t-elle.
“L’offre dépasse la demande”
Un tour à la Médina de Rabat permet de se rendre à l’évidence qu’avec la pandémie et la hausse du coût de la vie, une “psychose” donne rarement place aux dépenses dites “non essentielles”. A pareille époque, les vendeurs d’habits traditionnels croulent sous les commandes et se voient contraints même de faire livrer les habits à leur clientèle à des délais dépassant parfois le jour de la fête de l’Aïd Al-Fitr qui clôt le mois du jeûne.
Les commerçants du marché, où les visiteurs se rendent d’habitude pour acheter des djellabas, jabadours, gandouras ou même babouches traditionnelles, semblent avoir du mal à écouler leurs marchandises. “Les Rbatis et les visiteurs ne se bousculent plus, comme à l’accoutumée, devant nos magasins. Je garde toujours des marchandises depuis près de deux ans, pour vous montrer à quel point les effets du confinement se font encore sentir, sans oublier le contexte difficile dans lequel nous vivons”, se désole Mustapha, vendeur d’habits traditionnels.
Le peu de clients sur place, de leur côté, évoquent principalement des situations d’ordre économique mais aussi sanitaire. “On est dans l’incertitude la plus totale, c’est pour cette raison que je limite mes dépenses au maximum et je n’achète que l’essentiel”, relève-t-on. Embouchant la même trompette, Saâdia, couturière en plein coeur de la Médina, regrette de ne plus voir généreuse cette occasion normalement propice pour réaliser des chiffres d’affaires non négligeables.
La situation des artisans tributaire des commandes
Nourimane, couturière à Témara, constate que l’engouement n’est pas au rendez-vous cette année encore. D’ailleurs, c’est le cas chez tous les couturiers qu’elle connaît, tient-elle à souligner. “Si les demandes sur ces tenues augmentent de manière très remarquable dès les derniers jours qui précèdent le Ramadan, la tendance s’est inversée cette année, bien que les prix des tissus et de la couture soient les mêmes. L’offre dépasse la demande”, reconnaît-elle.
Déplorant la situation de crise dans laquelle se trouve le secteur de l’artisanat, elle trouve que les artisans voient leurs chiffres d’affaires régresser de plus en plus. Cet avis n’est pas voté à l’unanimité. Loubna Lahlou, propriétaire d’un atelier de couture à Témara, qui embauche 5 artisans, a relevé qu’“actuellement, la levée des mesures restrictives constitue une petite bouffée d’oxygène pour les couturiers et stylistes. Les choses commencent à se remettre en ordre.
La demande est là, il faut que le produit soit à la hauteur de la demande. Le secret du succès est d’avoir un bon rapport qualité/prix pour fidéliser les clients”, recommande-t-elle. Pour ce qui est de la situation des artisans à bout de souffle car les commandes sont abondantes à ces occasions, “ils vivent en cette période une augmentation de l’activité où l’engouement pour les habits traditionnels atteint son pic”, croit-elle fort.
“Contrairement au beau vieux temps, quand j’achetais compulsivement des articles, sans besoin et sans être réellement convaincue de ce que j’achetais, je me trouve actuellement “forcée” d’attendre que la période des soldes soit lancée et ne choisis plus que ce qui me sera réellement utile”, nous fait part de son ressenti Siham, une jeune maman salariée.
L’argent qu’elle dépensait avant dans le shopping, elle l’investit maintenant dans son ravitaillement, essayant ainsi de surmonter avec son mari, touchant chacun 6000 dhs par mois, des fins de mois difficiles. “Je pense que je vais ressortir une ancienne tenue, pour permettre à mes enfants de vivre la joie de Aïd Al-Fitr”, ajoute-t-elle.
“L’offre dépasse la demande”
Un tour à la Médina de Rabat permet de se rendre à l’évidence qu’avec la pandémie et la hausse du coût de la vie, une “psychose” donne rarement place aux dépenses dites “non essentielles”. A pareille époque, les vendeurs d’habits traditionnels croulent sous les commandes et se voient contraints même de faire livrer les habits à leur clientèle à des délais dépassant parfois le jour de la fête de l’Aïd Al-Fitr qui clôt le mois du jeûne.
Les commerçants du marché, où les visiteurs se rendent d’habitude pour acheter des djellabas, jabadours, gandouras ou même babouches traditionnelles, semblent avoir du mal à écouler leurs marchandises. “Les Rbatis et les visiteurs ne se bousculent plus, comme à l’accoutumée, devant nos magasins. Je garde toujours des marchandises depuis près de deux ans, pour vous montrer à quel point les effets du confinement se font encore sentir, sans oublier le contexte difficile dans lequel nous vivons”, se désole Mustapha, vendeur d’habits traditionnels.
Le peu de clients sur place, de leur côté, évoquent principalement des situations d’ordre économique mais aussi sanitaire. “On est dans l’incertitude la plus totale, c’est pour cette raison que je limite mes dépenses au maximum et je n’achète que l’essentiel”, relève-t-on. Embouchant la même trompette, Saâdia, couturière en plein coeur de la Médina, regrette de ne plus voir généreuse cette occasion normalement propice pour réaliser des chiffres d’affaires non négligeables.
La situation des artisans tributaire des commandes
Nourimane, couturière à Témara, constate que l’engouement n’est pas au rendez-vous cette année encore. D’ailleurs, c’est le cas chez tous les couturiers qu’elle connaît, tient-elle à souligner. “Si les demandes sur ces tenues augmentent de manière très remarquable dès les derniers jours qui précèdent le Ramadan, la tendance s’est inversée cette année, bien que les prix des tissus et de la couture soient les mêmes. L’offre dépasse la demande”, reconnaît-elle.
Déplorant la situation de crise dans laquelle se trouve le secteur de l’artisanat, elle trouve que les artisans voient leurs chiffres d’affaires régresser de plus en plus. Cet avis n’est pas voté à l’unanimité. Loubna Lahlou, propriétaire d’un atelier de couture à Témara, qui embauche 5 artisans, a relevé qu’“actuellement, la levée des mesures restrictives constitue une petite bouffée d’oxygène pour les couturiers et stylistes. Les choses commencent à se remettre en ordre.
La demande est là, il faut que le produit soit à la hauteur de la demande. Le secret du succès est d’avoir un bon rapport qualité/prix pour fidéliser les clients”, recommande-t-elle. Pour ce qui est de la situation des artisans à bout de souffle car les commandes sont abondantes à ces occasions, “ils vivent en cette période une augmentation de l’activité où l’engouement pour les habits traditionnels atteint son pic”, croit-elle fort.
Safaa KSAANI
Repère
Ammor expose ses deux axes pour relancer le secteur de l’artisanat
Face aux députés, la ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Economie sociale et solidaire, Fatim-Zahra Ammor, a indiqué, lundi dernier, que la relance du secteur de l’artisanat repose sur deux axes liés à sa structuration et au développement de l’offre et de la commercialisation.
Le premier axe comprend la création de la plateforme électronique du Registre National de l’Artisanat (rna.gov.ma) au profit de 172 métiers. Le deuxième axe de cette stratégie comprend, quant à lui, des programmes d’appui et de réhabilitation des infrastructures, a indiqué Ammor, notant que 64 infrastructures sont en cours de réalisation.
Par ailleurs, la ministre a relevé que son département a élaboré une nouvelle approche pour un développement global du produit, de l’approvisionnement en matières premières, de la commercialisation, en passant par la production, avec un montant total dans une première étape de 48 millions de dirhams.
En ce qui concerne la formation, le ministère oeuvre, selon la même source, à augmenter la capacité d’accueil de 16.000 actuellement à 30.000 places à l’horizon 2026.
L'info...Graphie
Textile et Habillement
Tanger et Casablanca représentent 80% de l’ensemble de l’industrie
Le secteur du textile et de l’habillement est le premier employeur parmi les secteurs industriels au Maroc, avec plus de 160.000 salariés, représentant 26% des emplois industriels, révèle une étude de cartographie de la chaîne de valeur des déchets textiles (post-industriels et pré-consommation) au Maroc, menée par Blumine et Reverse Ressources dans le cadre de l’initiative SwitchMed/MedTest III, lancée par l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI).
En 2016, le chiffre d’affaires annuel du secteur était de 24 milliards de DH, soit 6% du chiffre d’affaires total de l’industrie du pays. Le secteur représente également 24% des exportations marocaines de marchandises. L’industrie du textile et de l’habillement au Royaume est fortement concentrée au niveau régional.
Sur la base des données disponibles pour les années (les plus récentes) 2014 et 2016, on estime qu’entre 70% et 80% de l’ensemble de l’industrie marocaine des T&H sont concentrés dans deux régions, Tanger et Casablanca. La plupart des 2O-30% restants se trouvent dans les régions de Rabat-Salé et Fès-Meknès.
Pandémie
Changement des habitudes des consommateurs
Bien que l’apparition du Covid-19 ait causé plusieurs dégâts sur le plan humain, dans certains secteurs commerciaux, elle a favorisé le développement de la vente en ligne. Cette dernière a connu un développement exponentiel grâce à l’usage massif d’Internet durant cette période exceptionnelle. Pour certaines personnes, le confinement et le télétravail ont été un déclic, le début d’une réelle prise de conscience.
En les forçant à rester à la maison, elles ont changé leurs habitudes vestimentaires. “Moins de sorties, donc plus de pyjamas”, se souvient Nouhaila, responsable juridique d’une entreprise. Ce qui aurait pu n’être qu’un effet inhérent à la situation s’est transformé pour certaines gens en bonnes habitudes. Et beaucoup comptent bien les garder, comme notre interlocutrice.
Interrogé sur les habitudes prises par les consommateurs marocains en matière d’achat en ligne et de l’évolution des sites marchands, le directeur général de Jumia Maroc, Larbi Alaoui Belrhiti, nous avait expliqué, en avril 2021, que ceux-ci ont connu une croissance considérable, et ce, depuis que les Marocains se sont assignés à domicile.
Bien que le rythme d’accélération soit jugé assez lent par rapport à celui des pays occidentaux, les chiffres relatent un taux de pénétration mobile de 120% et celui des Smartphones dépasse les 75%, a-t-il noté.
En les forçant à rester à la maison, elles ont changé leurs habitudes vestimentaires. “Moins de sorties, donc plus de pyjamas”, se souvient Nouhaila, responsable juridique d’une entreprise. Ce qui aurait pu n’être qu’un effet inhérent à la situation s’est transformé pour certaines gens en bonnes habitudes. Et beaucoup comptent bien les garder, comme notre interlocutrice.
Interrogé sur les habitudes prises par les consommateurs marocains en matière d’achat en ligne et de l’évolution des sites marchands, le directeur général de Jumia Maroc, Larbi Alaoui Belrhiti, nous avait expliqué, en avril 2021, que ceux-ci ont connu une croissance considérable, et ce, depuis que les Marocains se sont assignés à domicile.
Bien que le rythme d’accélération soit jugé assez lent par rapport à celui des pays occidentaux, les chiffres relatent un taux de pénétration mobile de 120% et celui des Smartphones dépasse les 75%, a-t-il noté.
3 questions à Loubna Lahlou
«Avec la levée des mesures restrictives, les choses commencent à se remettre en ordre»
Si certains couturiers sentent un manque d’engouement pour les habits traditionnels, d’autres ont trouvé dans les réseaux sociaux une issue qui inverse la tendance. Voici le point de vue de la propriétaire d’un atelier de couture à Témara.
- De nombreux couturiers et stylistes font état d’un faible engouement pour les habits traditionnels pendant Ramadan et voient de plus en plus leurs chiffres d’affaires régresser. Le sentez-vous également ?
- Concernant l’engouement qu’a connu le Beldi ces dernières années, c’est vrai qu’avec l’avènement de la pandémie, les demandes n’étaient pas comme à l’accoutumée, mais les gens voulaient se faire plaisir. En plein confinement, les gens étaient “détruits” et voulaient faire un achat pour se faire plaisir et créer un changement.
Personnellement, Dieu merci, je n’ai pas senti une baisse, bien au contraire il y avait un bon chiffre d’affaires. C’est parce que j’ai fidélisé des clientes.
Actuellement, avec la levée des mesures restrictives, on commence à inviter des gens et à sortir…, les choses commencent à se remettre en ordre. Le secret est de proposer un bon rapport qualité/prix. La demande est là, il faut que le produit soit à la hauteur de la demande !
- Dans quelle situation se trouve le secteur de l’artisanat ? Les artisans sont-ils à bout de souffle ?
- Selon ma modeste expérience, je travaille avec 5 artisans qui oeuvrent à la main. Effectivement, ils sont à bout de souffle car pendant cette saison, les commandes sont abondantes. En moyenne, ils travaillent avec acharnement deux mois avant le Ramadan et pendant ce mois sacré. Ils connaissent une reprise de l’activité en cette période où l’engouement atteint son pic.
- A quel point le e-commerce, à travers notamment les réseaux sociaux, peut-il booster les ventes ?
- Comme dans tous les secteurs, le e-commerce a connu une augmentation et un succès fou depuis le confinement. Les gens s’encouragent à s’acheter des tenues, sans avoir à encourir le risque d’être contaminés. Ils ne faisaient que passer commande et se faire livrer chez eux. Les réseaux sociaux jouent en notre faveur, surtout que la concurrence est très rude.
- De nombreux couturiers et stylistes font état d’un faible engouement pour les habits traditionnels pendant Ramadan et voient de plus en plus leurs chiffres d’affaires régresser. Le sentez-vous également ?
- Concernant l’engouement qu’a connu le Beldi ces dernières années, c’est vrai qu’avec l’avènement de la pandémie, les demandes n’étaient pas comme à l’accoutumée, mais les gens voulaient se faire plaisir. En plein confinement, les gens étaient “détruits” et voulaient faire un achat pour se faire plaisir et créer un changement.
Personnellement, Dieu merci, je n’ai pas senti une baisse, bien au contraire il y avait un bon chiffre d’affaires. C’est parce que j’ai fidélisé des clientes.
Actuellement, avec la levée des mesures restrictives, on commence à inviter des gens et à sortir…, les choses commencent à se remettre en ordre. Le secret est de proposer un bon rapport qualité/prix. La demande est là, il faut que le produit soit à la hauteur de la demande !
- Dans quelle situation se trouve le secteur de l’artisanat ? Les artisans sont-ils à bout de souffle ?
- Selon ma modeste expérience, je travaille avec 5 artisans qui oeuvrent à la main. Effectivement, ils sont à bout de souffle car pendant cette saison, les commandes sont abondantes. En moyenne, ils travaillent avec acharnement deux mois avant le Ramadan et pendant ce mois sacré. Ils connaissent une reprise de l’activité en cette période où l’engouement atteint son pic.
- A quel point le e-commerce, à travers notamment les réseaux sociaux, peut-il booster les ventes ?
- Comme dans tous les secteurs, le e-commerce a connu une augmentation et un succès fou depuis le confinement. Les gens s’encouragent à s’acheter des tenues, sans avoir à encourir le risque d’être contaminés. Ils ne faisaient que passer commande et se faire livrer chez eux. Les réseaux sociaux jouent en notre faveur, surtout que la concurrence est très rude.
Recueillis par S. K.