Mardi 17 mars, alors que la pandémie de coronavirus bat son plein au Maroc et que les autorités multiplient les messages de sensibilisation quant au respect des consignes d’hygiène, je me fais contrôler par un agent de la circulation au niveau de l’avenue Hassan II à Rabat. Le policier me demande mes documents. Au moment où j’allais lui remettre mon permis de conduire et la carte grise du véhicule, je remarque que l’agent en question ne porte pas ces gants blancs immaculés qui donnent aux policiers des allures de Mickey.
Je l’interpelle alors sur le ton le plus amical possible concernant cette négligence qui comporte un risque surtout pour lui. Ce à quoi, notre brigadier moustachu comme il se doit répond le plus virilement du monde : «Moi, le coronavirus je le tartine sur une tranche de pain et je le mange» (sic).
Face à cette désinvolture indigne d’un membre des forces de l’ordre marocaines et non représentative de l’esprit d’engagement et de responsabilité qui les caractérise en ces temps de crise, je refuse de lui remettre mes documents et lui propose de les vérifier de loin, tout en lui rappelant son rôle de garant de la sécurité et surtout de donneur d’exemple. Il n’en rajoute pas et me dis sur un ton ronchon de circuler. Ce que je fis sans demander mon reste.
En chemin, au niveau d’un feu rouge, un accrochage entre deux automobilistes me permet d’assister à une autre scène surréaliste. Le regard noir, l’un des deux lascars qui semblaient hésiter plus que d’habitude à en venir aux mains, menace l’autre de lui cracher au visage s’il ne lui fiche pas la paix. Ni une, ni deux, l’autre, un gaillard baraqué remonte dans sa voiture et file à toute vitesse.
C’est aussi cela le coronavirus, un simple crachat peut se transformer en arme létale très dissuasive. Majd El Atouabi