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Immobilier : Un secteur qui s’auto-démolit


Rédigé par Saâd JAFRI le Mardi 14 Mars 2023



En 2006, l’Espagne a connu un effondrement inattendu de l’immobilier et de la construction, qui représentaient 18% de son PIB. La machine bancaire s’est grippée dès l’éclatement de la crise des subprimes, mettant à mal le financement aux promoteurs. Résultat des comptes : près d’un million de logements vides à vendre et personne pour acheter malgré des prix bradés. C’est l’époque où des familles marocaines plus ou moins aisées pouvaient se permettre d’acquérir un pied-à-terre à la Costa Del Sol et même en Costa Brava moyennant des prix imbattables et plus avantageux que ceux en vigueur au Maroc.

Aujourd’hui que la crise économique s’accentue, rappelant ces épisodes historiques douloureux, les Marocains qui rêvent d’acquérir un bien immobilier - tout en étant capables de le faire - s’attendaient à une baisse de la courbe des prix, surtout que le marché est en situation de quasi-stagnation depuis plus de deux ans. Sauf qu’il n’en fut rien ! Si partout dans le monde les prix de l’immobilier sont soumis à l’implacable loi de l’offre et de la demande, au Maroc, ce marché semble complètement dissocié des réalités du terrain et une décrue des prix en période de crise ne s’est jamais concrétisée.

Certains paramètres structurels, mais aussi culturels, expliquent ce dérèglement de la loi du marché sous nos cieux. Nous pouvons citer, et non des moindres, la psyché collective où l’immobilier est perçu comme une valeur refuge, considérant l’investissement dans la pierre comme la meilleure option pour «cacher son argent». Le bien immobilier, étant très convoité, garde ainsi non seulement sa valeur symbolique, mais également financière. Vient ensuite la situation des promoteurs immobiliers, dont une bonne partie bénéficie d’un certain confort financier favorisé par les largesses d’une certaine mansuétude bancaire, ce qui lui sert de pare-chocs contre les aléas. Ceci sans parler des éternels soupçons de blanchiment d’argent qui gangrènent la réputation comme les équilibres du secteur. Sauf que ce modèle est appelé à changer du fait de ses conséquences sur la dynamique du marché, mais aussi sur le moral des ménages.

En Chine, où presque 30 millions d’appartements seraient invendus suite à la crise de l’immobilier, le gouvernement a appelé les constructeurs à démolir des dizaines d’immeubles à peine sortis de terre pour limiter les dégâts. Plusieurs mesures sont également mises en place pour faciliter la liquidation des logements prêts-à-vivre. Pourvu qu’on fasse de même au Royaume… pas la démolition… juste la liquidation !
 
Saâd JAFRI 
 



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