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Impact de la crise sanitaire / Fitch : La dégradation du pouvoir d’achat au Maroc est inéluctable


Rédigé par A. CHANNAJE Lundi 7 Septembre 2020

En raison de la pandémie du Covid-19, les dépenses réelles des Marocains devraient se contracter de -5,6% en 2020, selon Fitch Solutions.



Impact de la crise sanitaire / Fitch : La dégradation du pouvoir d’achat au Maroc est inéluctable
«  Au 24 août 2020, les trois pays avaient enregistré 96.627 cas de Covid-19... La plupart des cas ont été identifiés au Maroc, où 52.349 personnes ont été testées positifs pour le Coronavirus, tandis que l’Algérie a enregistré le plus grand nombre de morts de la région avec 1435.  Ces chiffres sont relativement faibles par rapport aux normes internationales et régionales, l’Europe occidentale et les pays du Conseil de Coopération du Golfe ayant signalé des flambées beaucoup plus importantes », souligne l’agence de notation, filiale de Fitch Rating, dans son nouveau rapport : « Impact de Covid-19 sur les consommateurs en Afrique du Nord », fraîchement publié.

Pour limiter la propagation de la pandémie dans chaque pays du Maghreb, l’agence Fitch note que les gouvernements ont mis en œuvre des mesures de verrouillage strictes en mars et avril 2020. « Alors que le commerce non essentiel a rouvert pour la plupart dans les pays d’Afrique du Nord, nous soulignons que le Maroc et l’Algérie restent fermés au tourisme international  », est-il souligné. 

Côté pronostics, l’agence de notation prévoit, par ailleurs, que l’impact de la pandémie du Coronavirus et les restrictions de mouvement qui en ont découlé auront un effet négatif sur les habitudes de consommation des citoyens maghrébins, en général, et des marocains, en particulier.

Elle s’attend, ainsi, à une forte baisse des dépenses réelles des ménages dans les trois pays voisins, dont le Maroc où les dépenses réelles des ménages devraient se contracter de -5,6% en glissement annuel en 2020, contre 2,5% de croissance en 2019. 

Fitch Solutions indique, par la suite, que, pour 2020, trois facteurs clés déterminent ses sombres perspectives au Maghreb.

Le premier facteur soulevé est relatif aux prix du pétrole. « Nous projetons le Brent à 44 dollars le baril en moyenne sur 2020, ce qui est nettement inférieur à 64,16 dollars le baril en 2019. La baisse des prix du pétrole en 2020 pèsera sur les dépenses de consommation, notamment en Algérie où le pétrole représente 90% des exportations de biens et environ 60% des recettes publiques.  En tant que tel, le ministère algérien des Finances a réduit de moitié ses plans de dépenses budgétaires 2020 en mai. Cependant, en raison des protestations en cours en Algérie, notre équipe des risques-pays souligne que les subventions, les salaires et les transferts sociaux ne seront probablement pas réduits de manière significative en 2020.

Envois de fonds affectés

Le second facteur clés est les envois de fonds, une source importante de revenus pour de nombreux ménages en Afrique du Nord, représentant 5,6% du PIB au Maroc et 4,9% en Tunisie en 2019. En revanche, ils sont moins importants en Algérie, où les entrées représentent seulement 1,0% du PIB. « Alors que le Maroc et la Tunisie dépendent beaucoup moins des exportations d’hydrocarbures, nous soulignons qu’une baisse des prix du pétrole est susceptible d’avoir un impact négatif sur les envois de fonds en raison d’un nombre important de Marocains et de Tunisiens travaillant dans le Conseil de Coopération du Golfe (CCG) », prévoit Fitch.

L’agence de notation internationale souligne également que la crise économique due au Covid-19 en Europe occidentale, notamment en France, en Belgique et aux Pays-Bas, entraînera probablement une baisse des envois de fonds vers les pays du Maghreb en 2020, et exercera ainsi une pression à la baisse sur les revenus de nombreux ménages.

Enfin, le troisième facteur, qui détermine les sombres perspectives des consommateurs pour 2020 au Maghreb de Fitch Solutions est le déclin du tourisme international. « La pandémie entraîne un ralentissement du tourisme international, tous les pays du Maghreb ayant fermé leurs frontières (la Tunisie s’est ouverte en juin 2020) et les marchés émetteurs déconseillant à leurs citoyens tout voyage sauf essentiel.  En tant que telle, la région connaîtra une forte baisse du nombre d’arrivées entrantes, ce nombre devant baisser de -46,0% au Maroc en 2020 », est-il expliqué. 

Et d’ajouter qu’au Maroc et en Tunisie, étant des destinations touristiques préférées, en particulier pour les Européens (surtout les voyageurs français), de nombreux travailleurs sont financièrement dépendants du secteur du tourisme.

«  Les mesures de verrouillage, la modération des prix du pétrole, la baisse des envois de fonds et le ralentissement du tourisme international sont à l’origine de nos perspectives baissières pour les revenus des ménages en Afrique du Nord, avec un impact négatif sur les perspectives de chômage et de salaire », estime Fitch.  De ce fait, l’agence prévoit une hausse du chômage dans les pays du Maghreb, atteignant 12,8% en 2020 au Maroc. À ce titre, Fitch pronostique une forte baisse des revenus disponibles en 2020, les ménages marocains devraient voir leurs revenus (en dollar américain) baisser de -7,3%. Tandis qu’en Algérie et en Tunisie, les revenus disponibles baisseraient de -16,7 et -8,6% respectivement.

Début de reprise des dépenses de consommation en 2021 ?

Pour l’année 2021, Fitch s’attend, par contre, à un début de reprise des dépenses de consommation dans les trois pays maghrébins, avec une augmentation des dépenses réelles des ménages de 5,8% en glissement annuel en Algérie, de 3,0% au Maroc et de 2,3% en Tunisie.  Cette croissance sera en partie tirée par une reprise du prix du pétrole (le Brent devrait atteindre en moyenne 51 dollars le baril en 2021), une reprise des voyages internationaux et une croissance économique en Europe occidentale et dans le CCG, qui soutiendra les envois de fonds. 

Fitch souligne aussi que les plans de relance gouvernementaux, qui devraient soutenir les ménages et stimuler les dépenses de consommation, vont améliorer les perspectives pour 2021.« Au Maroc, les dépenses réelles des ménages ont atteint 604,0 milliards de dirhams en 2019, avec une baisse à 570,5 milliards de dirhams en 2020, pour atteindre 587,8 milliards de dirhams en 2021. Les dépenses de consommation n’atteindront des niveaux d’avant la pandémie qu’en 2022, elles devraient atteindre 605,7 milliards de dirhams », note la même source. 

A. CHANNAJE

Repères

Le Maroc, 75ème dans l’indice mondial d’innovation
Avec un score de 28,97/100, le Maroc est 75ème parmi les 131 économies étudiées par l’édition 2020 de l’indice mondial de l’innovation (GII), dévoilé, mercredi, par l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI). Dans la région de l’Afrique du Nord et l’Asie occidentale, le Royaume est classé 10ème. Avec ce classement, le Royaume est maintenu parmi les pays les pays les plus performants cette année en matière d’innovation, par région et par groupe de revenus. Comme l’Afrique du Sud, le Maroc présente une performance en matière d’innovation conforme aux attentes compte tenu du niveau de développement. Pour la 10ème année consécutive, la Suisse conserve la tête du classement. Elle est suivie par la Suède, les Etats-Unis, le Royaume-Uni puis les Pays Bas. Seul pays en développement parmi les 30 premiers, la Chine reste parmi les 15 plus innovants.
Financement de l’économie
Dans son dernier bulletin « Conjoncture », la DEPF (Direction des Etudes et de la Prévision Financière) souligne une accélération des crédits bancaires de 5,6% à fin juin 2020 après +5,1% l’an dernier, quoiqu’en décélération par rapport à celui du mois précédent (+6,5%). Cette évolution a concerné particulièrement les crédits au secteur non financier (+5,2% après +6,4% à fin mai 2020 et +3,6% à fin juin 2019), notamment ceux aux sociétés non financières privées (+7,7% après +11,3% à fin mai 2020 et +2,3% à fin juin 2019). La DEPF indique aussi une quasi-stagnation des indices boursiers MASI & MADEX à fin juillet 2020 : légère hausse de 0,6% chacun par rapport à fin juin 2020, ramenant leur baisse depuis le début de l’année à -16% et -16,2%.








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