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Industrie : Deuxième ligne de production pour Alstom à Fès


Rédigé par Mohamed BERRADA Jeudi 17 Février 2022

Alstom Maroc déménage et s’agrandit. Relocalisée de la périphérie vers le centre de Fès, l’usine produira, en plus des armoires et faisceaux électriques, des transformateurs embarqués.



Le mardi 15 février, Alstom Maroc a ouvert pour la première fois son nouveau site industriel de Fès aux journalistes. La multinationale française a en effet récupéré il y a quelques mois une usine de textile désaffectée depuis les années 80 dans la zone industrielle ex-COTEF et l’a remise en service selon ses propres normes. Elle a non seulement augmenté son effectif, mais a également lancé la construction d’une nouvelle plateforme de production des transformateurs embarqués. Devant les médias, le président-directeur général, Nourddine Rhalmi, sort les grands mots pour vanter les réalisations de son unité et promet un avenir brillant pour l’usine marocaine, mais élude la question relative au chiffre d’affaires.

Système nerveux des trains

L’unique site actif pour le moment emploie en son sein quelque 500 ingénieurs et spécialistes dans la production des faisceaux électriques et des armoires, « le système nerveux du train » comme le décrit Ahmed Chaib, le responsable de production.

La filiale marocaine équipe les tramways et trains non seulement au Maroc, mais également en France, en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas, aux Emirats Arabes Unis… etc. Constat marquant : l’usine emploie un nombre important de femmes.

« Les femmes représentent 62% de notre effectif », commente Nourddine Rhalmi. Et d’ajouter, tout sourire : « Les femmes font preuve de beaucoup plus de patience et de dextérité, ce qui n’est pas forcément le cas des hommes ».

Fierté du Maroc ?

Contrairement à l’ancien local, l’unité est installée sur un seul et unique étage, « plus spacieux, plus éclairé, et où toutes les normes de sécurité sont respectées, notamment la séparation entre la zone piétonne et la zone accessible aux camions », décrit le PDG.

Pour en arriver là, plus de 150 semi-remorques ont évacué les débris de l’usine désaffectée, et les travaux de réaménagement ont duré environ 11 mois. « Les autorités locales sont ravies que nous redonnons vie à cette importante partie de la ville », ajoute-t-il.

Nourddine Rhalmi tient également à insister sur la marocanité de son site. « Je refuse de dire que nous sommes une entreprise française. Alstom Maroc est une entreprise marocaine, installée au Maroc, dirigée par un Marocain et n’employant que des Marocains. Nous n’avons que deux expatriés, qui se sentent aussi Marocains que nous ».

Eco-friendly

Le site de Fès comprend également un centre de formation, un bâtiment administratif, un réfectoire et un terrain de football, séparés par des espaces verts. « Nous avons tenu à garder tous les arbres et pelouses lors des travaux de réaménagement», commente le directeur des services généraux.

Depuis les sites, nous pouvons apercevoir des zones résidentielles de l’autre côté de la rue. Le PDG Nourddine Rhalmi se veut rassurant : toutes les normes écologiques sont respectées dans son usine. Il détaille : « Nous produisons de manière très respectueuse de l’environnement. 80% de nos déchets sont recyclés et réinjectés dans l’économie. Nous avons également tenu à garder les espaces verts pour tout le confort mental que cela apporte à nos collaborateurs ». Par ailleurs, 30% de la consommation énergétique provient de panneaux solaires installés sur le toit.

De l’importance des chiffres

Dans l’autre bout de l’usine, deux chantiers sont en cours : un centre de réparation et de maintenance des produits Alstom, mais également le bâtiment destiné à accueillir le sixième site de production de transformateurs intégrés au monde.

« D’un investissement de plus de dix millions d’euros, il accueillera et formera 150 nouveaux salariés, et devra être opérationnel début 2023. « Nous allons investir un montant de 75 millions d’euros dans des machines pouvant produire plus de 1200 composantes », détaille Laurent Huss, directeur industriel pour la région MENA et Turquie chez Alstom.

Quel retour sur un investissement aussi important ? « Je préfère parler du retour sur investissement plus tard, car ce n’est pas important dans ce genre d’opérations », commente Nourddine Rhalmi.

Autre sujet non-important pour notre interlocuteur, le chiffre d’affaires d’Alstom Maroc. « Alstom Maroc ne vend rien du tout. Nous travaillons à l’export, vers les sites d’intégration et sur commande de la maison-mère. Dans notre cas, il n’est pas important de parler de chiffre d’affaires », juge-t-il. Le prochain rendez-vous est donné pour début 2023, avec le démarrage d’activité de la deuxième ligne de production, en espérant que d’ici là les sujets d’intérêt public le soient également pour nos industriels.



Mohamed BERRADA

Trois questions à Nourddine Rhalmi



«Le site de Fès n’a rien à envier aux autres sites d’Alstom»
 
Le président-directeur général Alstom Maroc, Nourddine Rhalmi, répond à nos questions sur les enjeux derrière l’agrandissement du site de Fès.


- Pourquoi avoir choisi de rester à Fès, et qu’est-ce qui a motivé le déménagement ?

- Pourquoi pas Fès ? C’est une ville qui dispose énormément d’universités et de facilités et qui offre des ingénieurs hautement qualifiés. Les autorités sont également très actives pour implanter une industrie telle que la nôtre. Nous sommes dans le centre du Maroc. Je pense que Fès est une très bonne opportunité pour nous, non seulement pour s’installer, mais aussi pour grandir, d’où notre décision de déménager vers ce nouveau site.


- Vous avez déclaré qu’au moment du déménagement, vous ne saviez toujours pas quoi faire du nouveau bâtiment. Comment avez-vous convaincu la maison-mère d’ouvrir la ligne de production des transformateurs à Fès?


- La force d’Alstom Maroc réside dans le succès de la première ligne de production qui a été démontré à Aïn Chqef d’abord, puis ici. Nous avons produit pour plusieurs projets partout dans le monde. En termes de compétences et de technologies, nous avons déjà tout sur le site de Fès. Nous n’avions rien à envier aux autres sites, nous étions un bon concurrent et nous avons naturellement réussi à installer cette ligne au Maroc.


- N’y a-t-il pas un facteur lié au coût de la main d’oeuvre derrière votre présence au Maroc ?


- Le Maroc a la chance d’avoir une multinationale dans le monde du ferroviaire. Nous ne sommes pas nombreux, et seule Alstom a fait l’effort de s’installer au Maroc. Alstom Fès emploie 600 personnes sur le site, nous embauchons tous les mois, avec un objectif à court terme de 1000-1200 emplois directs. Nos salaires sont les mêmes que ceux pratiqués sur le marché. Si nous avons doublé notre effectif, c’est que nous savons attirer les talents chez nous et nous avons l’intention de continuer sur cette lancée.


Recueillis par M. B.
 








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