Petit à petit, le Maroc avance sereinement dans sa quête d’une industrie militaire locale. Après la mise en place du cadre juridique, le Royaume franchit un nouveau cap en instaurant des zones d’accélération industrielle de défense, tel que prévu par le décret adopté en Conseil des ministres. Ce faisant, le Royaume mobilise le foncier nécessaire pour attirer les investisseurs internationaux. Loin des slogans euphoriques, nous sommes en début de parcours. Or, il est possible d’avancer rapidement dans quelques domaines, tels que la maintenance des équipements, notamment la réparation des engins et l’entretien des avions. Le Maroc s’y est d’ores et déjà lancé avec un partenariat élargi avec le géant américain Boeing. Un des exemples du principe de compensation industrielle qui consiste à pousser les fournisseurs des Forces Armées Royales à s’installer au Maroc. C’est une étape nécessaire avant de passer un jour à l’armement lourd avec des coûts de production compétitifs. Les modèles turc et azerbaidjanais peuvent être très instructifs à cet égard. En parallèle, les drones demeurent au centre de la stratégie d’industrialisation militaire du Royaume, compte tenu de la place qu’occupe ce “game changer” dans les choix d’armement des FAR. Là aussi, il n’est pas exclu d’assister à des avancées rapides au moment où des entreprises, comme Blue Bird Aerosystems, s’installent au Maroc. La production locale permettra à la fois un transfert de technologie et une facilité d’approvisionnement, au moment où les FAR augmentent continuellement leur flotte. Ce chantier est une chance pour faire du Maroc un producteur de munitions dont l’importance est si vitale dans les conflits modernes, hyper-consommateurs d’obus. On s’en aperçoit sur le front russo-ukrainien où les deux belligérants se voient contraints à se convertir en économie de guerre. Pour le Maroc, il s’agit également d’un gage de souveraineté militaire puisque la production locale de projectiles, que ce soit les obus d’artillerie, notamment les 155 mm, ou les projectiles navals et aériens, permet de se doter de stocks assez importants pour pouvoir endurer souverainement un éventuel effort de guerre sans rester à la merci des fournisseurs internationaux. Le cas ukrainien est plein d’enseignements. On a beau acheter l’armement le plus sophistiqué au monde, sans approvisionnement durable en munitions, il ne sert quasiment à rien s’il n’y a pas d’industrie capable de le pourvoir en permanence.