C’est ce qui ressort d’un nouveau rapport de l’Association des économistes Euro-Méditerranéens (AEEM) intitulé « Cultural & Creative Industries in Morocco », réalisé dans le cadre du Projet CREACT4MED.
Le Maroc est un pays au patrimoine culturel riche et diversifié. Compte tenu de sa population encore plus jeune (70 % de la population a actuellement moins de 30 ans), les industries créatives devraient prospérer, car les jeunes sont à la fois les principaux producteurs et consommateurs de biens et de produits créatifs, souligne le document. Il n’empêche que le budget public de la culture a augmenté ces dernières années.
Pour l’année 2021, le budget de fonctionnement du service culture du ministère de la Culture, de la Jeunesse et du Sport s’élevait à près de 42 millions d’euros, contre 40,6 millions d’euros en 2020, dont plus de 25 millions d’euros ont été alloués aux dépenses de personnel et environ 17 millions d’euros dédiés aux dépenses matérielles et diverses. Le budget d’investissement s’élève à plus de 45 millions d’euros pour l’année 2021, en hausse de 45,45% par rapport à 2020, est-il souligné.
Au passage, le rapport fait remarquer que la Fédération Marocaine des Industries Culturelles et Créatives (FMICC), créée en 2017, a notamment identifié huit ICC clés au Maroc : Éditions et libraires, audiovisuel, cinéma, arts visuels et graphiques, arts du spectacle et chorégraphiques, musique et performances en direct, institutions culturelles et espaces pluridisciplinaires, et organisation d’événements et communication.
La Fédération est activement engagée dans l’intégration des ICC au Maroc. Un exemple de leurs efforts était l’organisation des 1ères Assises des Industries Culturelles et Créatives, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication en octobre 2019, relève-t-on de même source.
Six grands studios de cinéma en marche
Autre élément soulevé par le rapport : l’industrie cinématographique est certainement parmi les plus prometteuses et les plus avancées des ICC émergentes au Maroc. Cela s’explique par plusieurs facteurs : plus de 15 grands festivals de cinéma ont été organisés au Royaume, six grands studios de cinéma sont en marche, diverses institutions et formations dédiées aux métiers de l’audiovisuel et du cinéma ont vu le jour, trois grandes écoles de cinéma (Rabat, Marrakech et Ouarzazate) sont opérationnelles…
Ledit document montre, d’autre part, que le marché des médias représentait 525 millions USD en 2018, en hausse de 4 % par rapport à 2014. La presse écrite et la télévision représentent chacune 30 % de ce marché.
Contrairement à la télévision, qui a augmenté de 7 % entre 2014 et 2018, la part du secteur de la presse écrite a diminué de 3 %. A l’inverse, les médias numériques ont fait l’objet de la plus forte croissance (19 %). Quoiqu’il en soit, le rapport estime que le Maroc a fait de l’ICC une priorité nationale.
La création de la FMICC a été un signal fort pour le secteur privé des ICC et une illustration de la volonté de mettre en synergie les différents acteurs privés des filières et de porter les attentes du secteur auprès du gouvernement.
Challenges et opportunités
Néanmoins, le rapport souligne que des défis restent à relever par les différents acteurs du secteur. Parmi ces challenges : manque de coordination entre les principales parties prenantes et entre les initiatives existantes pour créer une synergie, et faible prise de conscience de l’énorme potentiel des ICC pour générer de la valeur, car la culture est souvent monopolisée par d’autres secteurs et n’est pas considérée comme une activité économique viable en soi. Ce qui conduit à un faible engagement des acteurs pour créer un véritable écosystème d’ICC, et une réticence des jeunes à poursuivre une carrière en ICC.
Autres challenges à relever : manque de politiques publiques et de législation réglementaire pour soutenir l’ICC, manque de professionnels qualifiés dans les domaines techniques d’ICC, tels que l’audiovisuel ou le montage, manque de gestionnaires culturels qui peuvent commercialiser et distribuer des biens et services culturels, et absence de formation professionnelle pour faire fonctionner les infrastructures culturelles (théâtre, opéra, ...) et permettre aux écosystèmes de promouvoir le professionnalisme dans la culture. Le rapport indique, d’autre part, que le riche patrimoine culturel du Maroc et sa population jeune et dynamique, qui sont à la fois fournisseurs et consommateurs de biens/services créatifs, présentent cependant d’énormes opportunités pour l’ICC au Maroc. Les perspectives des politiques économiques après le Covid-19 créeront de nouvelles opportunités pour le secteur.
Recommandations
Pour faire face aux défis auxquels le secteur est confronté, le rapport suggère une série de mesures. D’abord, il faut consolider le cadre institutionnel. Il est jugé pour cela important de coordonner et impliquer les acteurs du secteur dans le processus décisionnel des politiques publiques liées à leur secteur, d’accroître la dimension territoriale du système global de gouvernance des ICC afin de lier l’élaboration et la mise en oeuvre des politiques publiques aux réalités régionales de terrain, et de coordonner les différentes initiatives du secteur privé dans le but de consolider la collaboration public-privé.
De même, étant donné que la stratégie industrielle au Maroc s’articule autour d’écosystèmes soutenus par des instruments volontaristes d’incitation et d’accompagnement et orientés vers les résultats, il faut investit dans la sensibilisation.
De ce fait, le rapport recommande de construire le « public de demain » à travers des programmes institutionnels d’éducation et de communication auprès des jeunes et des parents, fournir des programmes de formation dans les domaines techniques nécessaires de l’ICC pour améliorer la qualité de la production, ainsi que des formations dans le domaine de la gestion culturelle, et accroître le soutien aux institutions, fondations et acteurs du secteur, dans le but d’ouvrir de nouveaux horizons aux jeunes.
Le Maroc est un pays au patrimoine culturel riche et diversifié. Compte tenu de sa population encore plus jeune (70 % de la population a actuellement moins de 30 ans), les industries créatives devraient prospérer, car les jeunes sont à la fois les principaux producteurs et consommateurs de biens et de produits créatifs, souligne le document. Il n’empêche que le budget public de la culture a augmenté ces dernières années.
Pour l’année 2021, le budget de fonctionnement du service culture du ministère de la Culture, de la Jeunesse et du Sport s’élevait à près de 42 millions d’euros, contre 40,6 millions d’euros en 2020, dont plus de 25 millions d’euros ont été alloués aux dépenses de personnel et environ 17 millions d’euros dédiés aux dépenses matérielles et diverses. Le budget d’investissement s’élève à plus de 45 millions d’euros pour l’année 2021, en hausse de 45,45% par rapport à 2020, est-il souligné.
Au passage, le rapport fait remarquer que la Fédération Marocaine des Industries Culturelles et Créatives (FMICC), créée en 2017, a notamment identifié huit ICC clés au Maroc : Éditions et libraires, audiovisuel, cinéma, arts visuels et graphiques, arts du spectacle et chorégraphiques, musique et performances en direct, institutions culturelles et espaces pluridisciplinaires, et organisation d’événements et communication.
La Fédération est activement engagée dans l’intégration des ICC au Maroc. Un exemple de leurs efforts était l’organisation des 1ères Assises des Industries Culturelles et Créatives, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication en octobre 2019, relève-t-on de même source.
Six grands studios de cinéma en marche
Autre élément soulevé par le rapport : l’industrie cinématographique est certainement parmi les plus prometteuses et les plus avancées des ICC émergentes au Maroc. Cela s’explique par plusieurs facteurs : plus de 15 grands festivals de cinéma ont été organisés au Royaume, six grands studios de cinéma sont en marche, diverses institutions et formations dédiées aux métiers de l’audiovisuel et du cinéma ont vu le jour, trois grandes écoles de cinéma (Rabat, Marrakech et Ouarzazate) sont opérationnelles…
Ledit document montre, d’autre part, que le marché des médias représentait 525 millions USD en 2018, en hausse de 4 % par rapport à 2014. La presse écrite et la télévision représentent chacune 30 % de ce marché.
Contrairement à la télévision, qui a augmenté de 7 % entre 2014 et 2018, la part du secteur de la presse écrite a diminué de 3 %. A l’inverse, les médias numériques ont fait l’objet de la plus forte croissance (19 %). Quoiqu’il en soit, le rapport estime que le Maroc a fait de l’ICC une priorité nationale.
La création de la FMICC a été un signal fort pour le secteur privé des ICC et une illustration de la volonté de mettre en synergie les différents acteurs privés des filières et de porter les attentes du secteur auprès du gouvernement.
Challenges et opportunités
Néanmoins, le rapport souligne que des défis restent à relever par les différents acteurs du secteur. Parmi ces challenges : manque de coordination entre les principales parties prenantes et entre les initiatives existantes pour créer une synergie, et faible prise de conscience de l’énorme potentiel des ICC pour générer de la valeur, car la culture est souvent monopolisée par d’autres secteurs et n’est pas considérée comme une activité économique viable en soi. Ce qui conduit à un faible engagement des acteurs pour créer un véritable écosystème d’ICC, et une réticence des jeunes à poursuivre une carrière en ICC.
Autres challenges à relever : manque de politiques publiques et de législation réglementaire pour soutenir l’ICC, manque de professionnels qualifiés dans les domaines techniques d’ICC, tels que l’audiovisuel ou le montage, manque de gestionnaires culturels qui peuvent commercialiser et distribuer des biens et services culturels, et absence de formation professionnelle pour faire fonctionner les infrastructures culturelles (théâtre, opéra, ...) et permettre aux écosystèmes de promouvoir le professionnalisme dans la culture. Le rapport indique, d’autre part, que le riche patrimoine culturel du Maroc et sa population jeune et dynamique, qui sont à la fois fournisseurs et consommateurs de biens/services créatifs, présentent cependant d’énormes opportunités pour l’ICC au Maroc. Les perspectives des politiques économiques après le Covid-19 créeront de nouvelles opportunités pour le secteur.
Recommandations
Pour faire face aux défis auxquels le secteur est confronté, le rapport suggère une série de mesures. D’abord, il faut consolider le cadre institutionnel. Il est jugé pour cela important de coordonner et impliquer les acteurs du secteur dans le processus décisionnel des politiques publiques liées à leur secteur, d’accroître la dimension territoriale du système global de gouvernance des ICC afin de lier l’élaboration et la mise en oeuvre des politiques publiques aux réalités régionales de terrain, et de coordonner les différentes initiatives du secteur privé dans le but de consolider la collaboration public-privé.
De même, étant donné que la stratégie industrielle au Maroc s’articule autour d’écosystèmes soutenus par des instruments volontaristes d’incitation et d’accompagnement et orientés vers les résultats, il faut investit dans la sensibilisation.
De ce fait, le rapport recommande de construire le « public de demain » à travers des programmes institutionnels d’éducation et de communication auprès des jeunes et des parents, fournir des programmes de formation dans les domaines techniques nécessaires de l’ICC pour améliorer la qualité de la production, ainsi que des formations dans le domaine de la gestion culturelle, et accroître le soutien aux institutions, fondations et acteurs du secteur, dans le but d’ouvrir de nouveaux horizons aux jeunes.
A. CHANNAJE
Que sont les ICC ?
Les ICC rassemblent à la fois les entrepreneurs et les créatifs ; l’artistique et le commercial. Le secteur représente près de 30 millions d’emplois dans le monde et sont les principaux moteurs des économies des pays développés et en développement.
En 2017, la Banque Mondiale a estimé que les ICC contribuaient jusqu’à 7 % au PIB mondial, et environ 10 % dans la région MENA en particulier. Dans l’UE, les ICC (principalement l’architecture, le design et la photographie) ont généré 193 milliards d’euros de valeur ajoutée, à travers 1,2 million d’entreprises culturelles.
Les ICC sont un secteur en croissance et prometteur qui devient un atout de plus en plus stratégique non seulement pour la création d’emplois innovants, mais aussi pour la créativité et la cohésion de la société.
En 2017, la Banque Mondiale a estimé que les ICC contribuaient jusqu’à 7 % au PIB mondial, et environ 10 % dans la région MENA en particulier. Dans l’UE, les ICC (principalement l’architecture, le design et la photographie) ont généré 193 milliards d’euros de valeur ajoutée, à travers 1,2 million d’entreprises culturelles.
Les ICC sont un secteur en croissance et prometteur qui devient un atout de plus en plus stratégique non seulement pour la création d’emplois innovants, mais aussi pour la créativité et la cohésion de la société.