- Quel est l’impact de la pandémie du covid-19 sur l’économie marocaine ?
La crise que nous traversons est inédite. Les mesures de confinement et les restrictions frontalières ont conduit à une baisse drastique de la consommation et à l’arrêt quasi-total de l’appareil productif. Ce double choc offre-demande, conjugué à une perte de confiance des acteurs économiques, a engendré une contraction de l’économie mondiale et dont notre pays n’en a pas été épargné. Cette contraction n’est pas sans répercussions sur les finances publiques, puisque les recettes fiscales dépendent de l’activité. Cette situation pèsera, par conséquent, sur le déficit budgétaire et la dette souveraine. Cependant, leur niveau reste soutenable.
En outre, les IDE, recettes touristiques et transferts MRE ont accusé un repli, ce qui a exercé une pression considérable sur la balance des paiements et les réserves de change. Afin d’atténuer ce choc, le Maroc a tiré sur la LPL du FMI pour 3 milliards de dollars.
- Quels sont les secteurs les plus touchés ?
Les mesures de confinement et la fermeture des frontières impactent directement le secteur des services, puisque les personnes ne sortent plus et ne voyagent plus pour consommer. Ce secteur représente plus de la moitié du PIB, ce qui explique les perspectives négatives de la croissance. Ainsi, le tourisme est l’une des branches les plus touchées avec des pertes évaluées à 33 milliards de dirhams et 500.000 emplois, selon la Confédération nationale du tourisme (CNT), et pour le HCP, les entreprises de l’hôtellerie et de la restauration affichent le plus large taux de fermeture (89%).
Le secteur des exportations se trouve lui aussi touché, avec seul un tiers des entreprises exportatrices parvenant à maintenir une activité, là où le reste se trouve en arrêt définitif ou temporaire. Par taille, les TPME montrent une grande vulnérabilité par leur manque de liquidités, menaçant la survie de plusieurs d’entre elles. Enfin, les secteurs de l’industrie et des BTP montrent également des vulnérabilités avec respectivement des pertes de 22% et 24% de leur niveau d’emploi.
- Justement, quel est l’impact du virus sur les industries extractives et manufacturières ?
L’industrie marocaine a été impactée via deux canaux à savoir la baisse de la demande globale et la perturbation des chaînes d’approvisionnement depuis le début de la crise en Chine et l’impact de cette perturbation s’est fait ressentir sur la valeur ajoutée non-agricole dès le premier trimestre 2020. Ainsi, le textile a été l’un des premiers touchés étant donné qu’une bonne partie de ses matières premières proviennent de Chine. Il a également subi une chute de la demande de l’Europe, la France et l’Espagne absorbant 60% des exportations du secteur. Dans une moindre mesure, l’agroalimentaire, qui pèse près de 22% de l’industrie, a aussi souffert de perturbations sur ses approvisionnements en intrants. De même, l’automobile s’installe parmi les grands perdants, puisque les usines de Renault et de PSA ont arrêté temporairement leur activité, ce qui aura des répercussions sur la croissance et la balance du compte courant, compte tenu du poids de ce secteur (15% de la valeur ajoutée industrielle et 30% des exportations).
Au niveau des industries extractives, les exportations des phosphates et dérivés montrent une certaine résilience, avec une hausse en volume au premier trimestre. De même, le fonctionnement du port de Jorf Lasfar n’a pas été impacté par les retombées du Covid-19, selon l’ANP. Toutefois, les phosphates et dérivés ne sont pas épargnés de la baisse générale des prix des matières premières sur les marchés internationaux.
- A votre avis, comment peut-on estomper les effets de la crise ?
Un large plan de relance est indispensable pour espérer une reprise rapide de l’activité économique. Cela passe d’abord par la voie budgétaire, à travers la hausse de la commande publique adressée aux secteurs les plus touchés (BTP et industries exportatrices), mais aussi à travers une baisse des impôts sous forme de dépenses fiscales ciblées à même de doper la demande dans certaines filières comme le tourisme. Le Comité de veille économique a pris une série de mesures allant dans la même logique, à l’instar du soutien financier aux ménages vulnérables, ainsi que l’octroi de prêts garantis par l’État ou même du report de certaines charges fiscales.
Dans le même sens, la politique monétaire continue d’être accommodante à travers la baisse du taux directeur et des dernières opérations de la banque centrale sur le marché interbancaire, et devrait continuer, dans ce sens, par l’injection massive de liquidités afin de subvenir aux besoins des acteurs.
- Selon vous, quels sont les scenarios de reprise et quels sont les secteurs prioritaires à cibler pour réussir cette relance ?
Plusieurs économistes présument que le choc va persister dans le court terme après la levée du confinement, entraînant un rebond différé dans le temps. En effet, les secteurs les plus touchés (services) seront ceux qui peineront le plus à reprendre une activité normale. Les personnes resteront vigilantes malgré le dé-confinement et leur comportement prendra du temps pour arriver à un niveau normal. À titre d’exemple, une reprise du tourisme international, dès cet été, reste peu probable. Au Maroc, si la crise sanitaire est endiguée en juin, le soutien à ce secteur pourrait être considéré comme une dépense fiscale adressée aux acteurs du secteur, ce qui se répercuterait sur les prix et inciterait les citoyens à opter pour le tourisme interne.
Concernant les TPME et au vu de leur grande vulnérabilité, il est nécessaire de prolonger les programmes de soutien au-delà de la période décidée auparavant.
D’autre part, la crise du covid-19 constitue une opportunité pour les nouvelles technologies qui ont connu une évolution remarquable en quelques semaines, en particulier pour le commerce en ligne. Dès lors, l’accompagnement de cette réorientation de l’économie vers les filières innovantes s’avère nécessaire et doit passer par des programmes de financements avantageux et un ciblage de la commande publique.
Enfin, il est devenu urgent de soutenir la recherche et le développement à long terme, en augmentant les budgets et en mettant en place un crédit d’impôt-recherche pour les entreprises qui s’engageraient dans ce sens.
La crise que nous traversons est inédite. Les mesures de confinement et les restrictions frontalières ont conduit à une baisse drastique de la consommation et à l’arrêt quasi-total de l’appareil productif. Ce double choc offre-demande, conjugué à une perte de confiance des acteurs économiques, a engendré une contraction de l’économie mondiale et dont notre pays n’en a pas été épargné. Cette contraction n’est pas sans répercussions sur les finances publiques, puisque les recettes fiscales dépendent de l’activité. Cette situation pèsera, par conséquent, sur le déficit budgétaire et la dette souveraine. Cependant, leur niveau reste soutenable.
En outre, les IDE, recettes touristiques et transferts MRE ont accusé un repli, ce qui a exercé une pression considérable sur la balance des paiements et les réserves de change. Afin d’atténuer ce choc, le Maroc a tiré sur la LPL du FMI pour 3 milliards de dollars.
- Quels sont les secteurs les plus touchés ?
Les mesures de confinement et la fermeture des frontières impactent directement le secteur des services, puisque les personnes ne sortent plus et ne voyagent plus pour consommer. Ce secteur représente plus de la moitié du PIB, ce qui explique les perspectives négatives de la croissance. Ainsi, le tourisme est l’une des branches les plus touchées avec des pertes évaluées à 33 milliards de dirhams et 500.000 emplois, selon la Confédération nationale du tourisme (CNT), et pour le HCP, les entreprises de l’hôtellerie et de la restauration affichent le plus large taux de fermeture (89%).
Le secteur des exportations se trouve lui aussi touché, avec seul un tiers des entreprises exportatrices parvenant à maintenir une activité, là où le reste se trouve en arrêt définitif ou temporaire. Par taille, les TPME montrent une grande vulnérabilité par leur manque de liquidités, menaçant la survie de plusieurs d’entre elles. Enfin, les secteurs de l’industrie et des BTP montrent également des vulnérabilités avec respectivement des pertes de 22% et 24% de leur niveau d’emploi.
- Justement, quel est l’impact du virus sur les industries extractives et manufacturières ?
L’industrie marocaine a été impactée via deux canaux à savoir la baisse de la demande globale et la perturbation des chaînes d’approvisionnement depuis le début de la crise en Chine et l’impact de cette perturbation s’est fait ressentir sur la valeur ajoutée non-agricole dès le premier trimestre 2020. Ainsi, le textile a été l’un des premiers touchés étant donné qu’une bonne partie de ses matières premières proviennent de Chine. Il a également subi une chute de la demande de l’Europe, la France et l’Espagne absorbant 60% des exportations du secteur. Dans une moindre mesure, l’agroalimentaire, qui pèse près de 22% de l’industrie, a aussi souffert de perturbations sur ses approvisionnements en intrants. De même, l’automobile s’installe parmi les grands perdants, puisque les usines de Renault et de PSA ont arrêté temporairement leur activité, ce qui aura des répercussions sur la croissance et la balance du compte courant, compte tenu du poids de ce secteur (15% de la valeur ajoutée industrielle et 30% des exportations).
Au niveau des industries extractives, les exportations des phosphates et dérivés montrent une certaine résilience, avec une hausse en volume au premier trimestre. De même, le fonctionnement du port de Jorf Lasfar n’a pas été impacté par les retombées du Covid-19, selon l’ANP. Toutefois, les phosphates et dérivés ne sont pas épargnés de la baisse générale des prix des matières premières sur les marchés internationaux.
- A votre avis, comment peut-on estomper les effets de la crise ?
Un large plan de relance est indispensable pour espérer une reprise rapide de l’activité économique. Cela passe d’abord par la voie budgétaire, à travers la hausse de la commande publique adressée aux secteurs les plus touchés (BTP et industries exportatrices), mais aussi à travers une baisse des impôts sous forme de dépenses fiscales ciblées à même de doper la demande dans certaines filières comme le tourisme. Le Comité de veille économique a pris une série de mesures allant dans la même logique, à l’instar du soutien financier aux ménages vulnérables, ainsi que l’octroi de prêts garantis par l’État ou même du report de certaines charges fiscales.
Dans le même sens, la politique monétaire continue d’être accommodante à travers la baisse du taux directeur et des dernières opérations de la banque centrale sur le marché interbancaire, et devrait continuer, dans ce sens, par l’injection massive de liquidités afin de subvenir aux besoins des acteurs.
- Selon vous, quels sont les scenarios de reprise et quels sont les secteurs prioritaires à cibler pour réussir cette relance ?
Plusieurs économistes présument que le choc va persister dans le court terme après la levée du confinement, entraînant un rebond différé dans le temps. En effet, les secteurs les plus touchés (services) seront ceux qui peineront le plus à reprendre une activité normale. Les personnes resteront vigilantes malgré le dé-confinement et leur comportement prendra du temps pour arriver à un niveau normal. À titre d’exemple, une reprise du tourisme international, dès cet été, reste peu probable. Au Maroc, si la crise sanitaire est endiguée en juin, le soutien à ce secteur pourrait être considéré comme une dépense fiscale adressée aux acteurs du secteur, ce qui se répercuterait sur les prix et inciterait les citoyens à opter pour le tourisme interne.
Concernant les TPME et au vu de leur grande vulnérabilité, il est nécessaire de prolonger les programmes de soutien au-delà de la période décidée auparavant.
D’autre part, la crise du covid-19 constitue une opportunité pour les nouvelles technologies qui ont connu une évolution remarquable en quelques semaines, en particulier pour le commerce en ligne. Dès lors, l’accompagnement de cette réorientation de l’économie vers les filières innovantes s’avère nécessaire et doit passer par des programmes de financements avantageux et un ciblage de la commande publique.
Enfin, il est devenu urgent de soutenir la recherche et le développement à long terme, en augmentant les budgets et en mettant en place un crédit d’impôt-recherche pour les entreprises qui s’engageraient dans ce sens.