- Le parti post-fasciste Fratelli d’Italia, dirigé par Giorgia Meloni, est arrivé en tête des législatives de dimanche en Italie. A quel point les rapports avec le Maroc pourraient être bousculés, prenant en considération que Melani est une supportrice des séparatistes de Tindouf, et compte tenu des liens historiques entre le Maroc et l’Italie ?
- Tout d’abord, lorsqu’on parle des partis de la droite italienne, il faut distinguer entre la propagande et la démagogie politique. Il ne faut pas voir les affiliations antécédentes au mouvement séparatiste comme un péril pour le Maroc. Comme on l’a remarqué dans le précédent gouvernement piloté par Matteo Salvini, il faut comprendre que l’incohérence domine dans les discours des leaders politiques : ces personnes sont parfois fortes à revisiter leur position pour mieux répondre au contexte exigé par la Présidence de la République et par l’Union Européenne.
A titre d’exemple, on a pu voir dans les années précédentes que le parti démocratique prétendait être proche des immigrés et des pays africains, sauf qu’on a rarement vu de prises de position fortes dans ce sens. J’estime que dans le nouveau gouvernement, le Président de ForzaItalia (FI), Silvio Berlusconi, et le co-fondateur de Fratelli d’Italia (FDI), Ignazio La Russa, constitueront les piliers de ce gouvernement en vertu de leur expérience. Le Maroc ne devrait craindre aucun changement impulsif et politique de la part de l’Italie.
Au contraire, j’estime que ce nouveau gouvernement présente une opportunité pour le Royaume afin de pouvoir relancer les relations avec ce pays et passer audelà de la conception de ces partis de droite. Le Maroc a plus d’opportunités à saisir avec le nouveau gouvernement italien pour changer la position de l’Italie en faveur de la question du Sahara marocain. Il faut évidemment mettre en place tout un système de lobby à partir de maintenant. Beaucoup de Marocains se sont rapprochés des partis de la droite italienne.
Autre élément important, si on met sur table le fait que le Maroc est un partenaire stratégique pour réduire les flux migratoires, l’extrême droite italienne sera alors à l’écoute. Alors que si on essaie de se rapprocher de la nouvelle élite dirigeante pour mettre en lumière la question du Sahara marocain sans aucun échange, ce serait difficile d’avoir leur support.
- Quelles en sont les conséquences sur l’Union Européenne ?
- Quand on parle du FDI, il faut prendre en considération que parmi les membres de ce parti il y a Ignazio La Russa qui a été ministre de la Défense avec le gouvernement Berlusconi. Malgré ses positions parfois extrêmes, La Russa a toujours porté beaucoup de respect pour Berlusconi et les deux sont réunis par plusieurs intérêts. Donc, quand on parle de FDI au gouvernement, il faut encadrer leur possible politique européenne dans la relation de respect qu’il y a toujours eue pour Berlusconi ainsi que la nécessité de se confier à FI comme élément médiateur entre le « desiderata » de l’extrême droite et les vraies possibilités d’implémentation. En considération de l’expérience de FI à Bruxelles, je cite la présidence du parlement par Tajani (deuxième leader dans FI), je pense que FDI confiera ce ministère à FI.
En revanche, il faut s’attendre que Meloni ne renoncera pas au ministère de l’Intérieur qui sera certainement cogéré par FDI-Lega. Pour répondre à votre question plus en détail, il faudra attendre quelques heures. Cela dépendra de la personne qui sera nommée à la tête du ministère des Affaires étrangères. J’ai raison de croire qu’il y a une forte probabilité que les relations extérieures puissent être données à FI : c’est un parti structuré qui a beaucoup d’expérience, notamment dans le domaine des affaires extérieures. Je pense que Meloni soit plus intéressée par le ministère de l’Intérieur, la finance, où elle pourra remettre main à la politique migratoire et sur le volet fiscal.
Ce qui est sûr, c’est que l’Italie peut se réaffirmer dans l’UE. Les résultats des élections affirment clairement que la population veut que la droite gouverne. C’est un aspect important en ce qui concerne la politique étrangère et celle des affaires intérieures. C’est une volonté née de la mauvaise gestion de certains dossiers importants pour les Italiens, au niveau national et international.
- L’Italie abrite une importante communauté des Marocains résidant à l’étranger. Quelle valeur ajoutée apporte cette diaspora à l’Italie ?
- Les élections communales tenues il y a trois mois en Italie dans plusieurs villes ont connu la participation massive de ressortissants d’origine marocaine. Cette dynamique est synonyme de participation active de haut niveau. Le Marocain est un élément positif d’intégration sur le plan local et au niveau de la construction de l’Etat italien. Cela n’est pas diffèrent avec les partis de droite qui devront imposer l’application de la loi envers les immigrés. On peut s’attendre à des restrictions pour l’octroi de nationalité, de même que des concessions ont été drastiquement réduites ces dernières années et le temps de délivrance s’est prolongé. Cela ne devrait en aucun cas réduire les capacités des ressortissants marocains. L’expérience italienne démontre que les partis de la droite étaient les premiers à ouvrir la porte aux “nouveaux Italiens”, contrairement aux partis de gauche, qui prétendaient être plus accueillants.
- Le Maroc est un « partenaire essentiel » de l’Italie pour toute stratégie efficace sur le front des migrations, de la sécurité et du développement. Quelle vision porte le nouveau gouvernement italien sur le dossier de la migration ?
- On peut s’attendre à des positions extrêmes et dures vis-à-vis de la question migratoire, qui est le champ de bataille de la droite. Mais aussi à une “Italy First”, une sorte de leitmotiv qui remet en place l’importance des Italiens. Ce leitmotiv n’a pas eu beaucoup de succès auparavant puisque l’Italie dépendait largement des décisions tripartites entre la France, l’Allemagne et le Royaume- Uni à l’époque. L’actuel gouvernement promet la stabilité et se promet à la hauteur pour relever les défis du contexte actuel. Le Maroc a aujourd’hui une opportunité pour s’affirmer comme partenaire stratégique, mais il doit d’abord dépasser la conception que l’Italie est amie de l’Algérie.
En revanche, l’Italie n’ose pas se rapprocher du Maroc considéré un pays « du domaine français ». Je pense que le Maroc aura la responsabilité de devoir changer cours à cette lecture. Certainement, les questions migratoires constituent un dossier solide sur lequel peuvent être entamées les relations avec le nouveau gouvernement.
- Tout d’abord, lorsqu’on parle des partis de la droite italienne, il faut distinguer entre la propagande et la démagogie politique. Il ne faut pas voir les affiliations antécédentes au mouvement séparatiste comme un péril pour le Maroc. Comme on l’a remarqué dans le précédent gouvernement piloté par Matteo Salvini, il faut comprendre que l’incohérence domine dans les discours des leaders politiques : ces personnes sont parfois fortes à revisiter leur position pour mieux répondre au contexte exigé par la Présidence de la République et par l’Union Européenne.
A titre d’exemple, on a pu voir dans les années précédentes que le parti démocratique prétendait être proche des immigrés et des pays africains, sauf qu’on a rarement vu de prises de position fortes dans ce sens. J’estime que dans le nouveau gouvernement, le Président de ForzaItalia (FI), Silvio Berlusconi, et le co-fondateur de Fratelli d’Italia (FDI), Ignazio La Russa, constitueront les piliers de ce gouvernement en vertu de leur expérience. Le Maroc ne devrait craindre aucun changement impulsif et politique de la part de l’Italie.
Au contraire, j’estime que ce nouveau gouvernement présente une opportunité pour le Royaume afin de pouvoir relancer les relations avec ce pays et passer audelà de la conception de ces partis de droite. Le Maroc a plus d’opportunités à saisir avec le nouveau gouvernement italien pour changer la position de l’Italie en faveur de la question du Sahara marocain. Il faut évidemment mettre en place tout un système de lobby à partir de maintenant. Beaucoup de Marocains se sont rapprochés des partis de la droite italienne.
Autre élément important, si on met sur table le fait que le Maroc est un partenaire stratégique pour réduire les flux migratoires, l’extrême droite italienne sera alors à l’écoute. Alors que si on essaie de se rapprocher de la nouvelle élite dirigeante pour mettre en lumière la question du Sahara marocain sans aucun échange, ce serait difficile d’avoir leur support.
- Quelles en sont les conséquences sur l’Union Européenne ?
- Quand on parle du FDI, il faut prendre en considération que parmi les membres de ce parti il y a Ignazio La Russa qui a été ministre de la Défense avec le gouvernement Berlusconi. Malgré ses positions parfois extrêmes, La Russa a toujours porté beaucoup de respect pour Berlusconi et les deux sont réunis par plusieurs intérêts. Donc, quand on parle de FDI au gouvernement, il faut encadrer leur possible politique européenne dans la relation de respect qu’il y a toujours eue pour Berlusconi ainsi que la nécessité de se confier à FI comme élément médiateur entre le « desiderata » de l’extrême droite et les vraies possibilités d’implémentation. En considération de l’expérience de FI à Bruxelles, je cite la présidence du parlement par Tajani (deuxième leader dans FI), je pense que FDI confiera ce ministère à FI.
En revanche, il faut s’attendre que Meloni ne renoncera pas au ministère de l’Intérieur qui sera certainement cogéré par FDI-Lega. Pour répondre à votre question plus en détail, il faudra attendre quelques heures. Cela dépendra de la personne qui sera nommée à la tête du ministère des Affaires étrangères. J’ai raison de croire qu’il y a une forte probabilité que les relations extérieures puissent être données à FI : c’est un parti structuré qui a beaucoup d’expérience, notamment dans le domaine des affaires extérieures. Je pense que Meloni soit plus intéressée par le ministère de l’Intérieur, la finance, où elle pourra remettre main à la politique migratoire et sur le volet fiscal.
Ce qui est sûr, c’est que l’Italie peut se réaffirmer dans l’UE. Les résultats des élections affirment clairement que la population veut que la droite gouverne. C’est un aspect important en ce qui concerne la politique étrangère et celle des affaires intérieures. C’est une volonté née de la mauvaise gestion de certains dossiers importants pour les Italiens, au niveau national et international.
- L’Italie abrite une importante communauté des Marocains résidant à l’étranger. Quelle valeur ajoutée apporte cette diaspora à l’Italie ?
- Les élections communales tenues il y a trois mois en Italie dans plusieurs villes ont connu la participation massive de ressortissants d’origine marocaine. Cette dynamique est synonyme de participation active de haut niveau. Le Marocain est un élément positif d’intégration sur le plan local et au niveau de la construction de l’Etat italien. Cela n’est pas diffèrent avec les partis de droite qui devront imposer l’application de la loi envers les immigrés. On peut s’attendre à des restrictions pour l’octroi de nationalité, de même que des concessions ont été drastiquement réduites ces dernières années et le temps de délivrance s’est prolongé. Cela ne devrait en aucun cas réduire les capacités des ressortissants marocains. L’expérience italienne démontre que les partis de la droite étaient les premiers à ouvrir la porte aux “nouveaux Italiens”, contrairement aux partis de gauche, qui prétendaient être plus accueillants.
- Le Maroc est un « partenaire essentiel » de l’Italie pour toute stratégie efficace sur le front des migrations, de la sécurité et du développement. Quelle vision porte le nouveau gouvernement italien sur le dossier de la migration ?
- On peut s’attendre à des positions extrêmes et dures vis-à-vis de la question migratoire, qui est le champ de bataille de la droite. Mais aussi à une “Italy First”, une sorte de leitmotiv qui remet en place l’importance des Italiens. Ce leitmotiv n’a pas eu beaucoup de succès auparavant puisque l’Italie dépendait largement des décisions tripartites entre la France, l’Allemagne et le Royaume- Uni à l’époque. L’actuel gouvernement promet la stabilité et se promet à la hauteur pour relever les défis du contexte actuel. Le Maroc a aujourd’hui une opportunité pour s’affirmer comme partenaire stratégique, mais il doit d’abord dépasser la conception que l’Italie est amie de l’Algérie.
En revanche, l’Italie n’ose pas se rapprocher du Maroc considéré un pays « du domaine français ». Je pense que le Maroc aura la responsabilité de devoir changer cours à cette lecture. Certainement, les questions migratoires constituent un dossier solide sur lequel peuvent être entamées les relations avec le nouveau gouvernement.
Recueillis par Safaa KSAANI
Italie
Le processus de formation du gouvernement enclenché
Dans un premier temps, les nouveaux élus du Sénat et de la Chambre des députés italiens doivent, selon la Constitution, se réunir dans un délai de 20 jours après la tenue des élections législatives, soit le 15 octobre au plus tard. Lors de leur première réunion plénière, ils doivent élire les présidents des deux Chambres élues, et c’est dès lors que commence le processus de nomination du gouvernement.
La tradition politique en Italie veut qu’ensuite le Président de la République entame les consultations sur la nomination du nouveau Chef du gouvernement avec les présidents des deux Chambres, suivis par les chefs des principaux partis et éventuellement les chefs des groupes parlementaires.
Si le résultat du scrutin s’annonce serré, ces consultations peuvent durer jusqu’à une semaine. Par contre, dans le cas d’une majorité confortable, comme c’est le cas présent, elles sont censées être brèves, deux jours environ. Après quoi, le chef d’État donne mandat à une personnalité pour former le nouveau gouvernement. Une fois que le Président aura fait son choix, la personnalité en question acceptera le mandat « avec réserve » et entamera les négociations avec ses alliés concernant les postes ministériels et le programme.
À l’issue de ces négociations, si tout va bien, le candidat pressenti se rendra chez le président et « lèvera sa réserve ». Le nouveau gouvernement sera alors annoncé dans la foulée et prêtera serment devant le Président de la République le jour même ou le lendemain au plus tard. Ensuite, il devra se rendre à Palazzo Chigi, siège de l’Exécutif, pour la passation de pouvoirs avec le gouvernement sortant. Deux records ont été enregistrés dans l’Histoire récente : Silvio Berlusconi n’a eu besoin que de 24 jours en 2008 pour emménager à Palazzo Chigi, tandis qu’il a fallu pas moins de 89 jours à Giuseppe Conte en 2018 pour réaliser le même parcours.
La tradition politique en Italie veut qu’ensuite le Président de la République entame les consultations sur la nomination du nouveau Chef du gouvernement avec les présidents des deux Chambres, suivis par les chefs des principaux partis et éventuellement les chefs des groupes parlementaires.
Si le résultat du scrutin s’annonce serré, ces consultations peuvent durer jusqu’à une semaine. Par contre, dans le cas d’une majorité confortable, comme c’est le cas présent, elles sont censées être brèves, deux jours environ. Après quoi, le chef d’État donne mandat à une personnalité pour former le nouveau gouvernement. Une fois que le Président aura fait son choix, la personnalité en question acceptera le mandat « avec réserve » et entamera les négociations avec ses alliés concernant les postes ministériels et le programme.
À l’issue de ces négociations, si tout va bien, le candidat pressenti se rendra chez le président et « lèvera sa réserve ». Le nouveau gouvernement sera alors annoncé dans la foulée et prêtera serment devant le Président de la République le jour même ou le lendemain au plus tard. Ensuite, il devra se rendre à Palazzo Chigi, siège de l’Exécutif, pour la passation de pouvoirs avec le gouvernement sortant. Deux records ont été enregistrés dans l’Histoire récente : Silvio Berlusconi n’a eu besoin que de 24 jours en 2008 pour emménager à Palazzo Chigi, tandis qu’il a fallu pas moins de 89 jours à Giuseppe Conte en 2018 pour réaliser le même parcours.