- Vingt-cinq ans se sont écoulés depuis l’accession de SM le Roi au trône. Vous connaissez très bien le Maroc et son Monarque pour lesquels vous ne cachez pas votre admiration. Que retenez-vous de la transformation du Royaume sous le règne du Souverain ?
Depuis l’accession de SM le Roi au trône, le Maroc a connu un éclat, un rayonnement, un élan et une énergie sans précédent. L'œuvre du Souverain est multiforme. Il est difficile de la résumer en quelques phrases. Il a créé un climat de dialogue, de respect et d'ouverture d’esprit grâce auquel le Maroc a connu un essor démocratique remarquable. C’est sous son règne que le Royaume a eu une nouvelle constitution décmoratique très avancée avec un préambule tout à fait inédit qui reconnaît la pluralité de son héritage culturel et civilaationnel, à savoir l’héritage musulman, africain, mediterranéen, berber et hébraïque… C’est un héritage à l'image de l’histoire millénaire du Maroc. C’est un pays, à la différence de beaucoup d’autres, qui s’est construit sur cet entremêlement des cultures et des traditions.
Sa Majesté est évertué à mener le Maroc vers une transformation économique sans précédent en développant le pays au fil des 25 dernières années. Ce qui a été entrepris à Tanger, à Rabat, à Marrakech, Casablanca et dans plusieurs régions dont le nord, qui fut longtemps délaissé, est extraordinaire. Il y a eu une telle profusion d’investissements que le développement du Royaume est incontestable aujourd’hui. Ce développement est indissociable de l'essor de l’art et la culture qui ont connu une mutation impressionnante. Il m’est cher en tant qu’homme de culture de voir l’épanouissement culturel que connaît votre pays aujourd’hui. Le cinéma marocain est en pleine effervescence, les arts visuels, la peinture, la sculpture, l’artisanat marocains sont parmi les plus créatifs d’Orient et d’Afrique. À l’Institut du Monde arabe, nous avons célébré cet essor dans l’exposition du Maroc contemporain avec des artistes exceptionnels. En parlant de culture, je ne peux que me réjouir de la création du Musée Mohammed VI à Rabat en plus des nombreux autres établissements qui surgissent partout dans le pays. Je suis personnellement stupéfait de l’ampleur de l'œuvre culturelle accomplie par SM le Roi. Je n’oublie pas l'attention particulière qu'il a attachée au patrimoine architectural avec les restaurations des villes anciennes à Rabat, Marrakech ou à Fès… En définitive, sous l’impulsion royale, le Maroc a été profondément transformé. Aujourd’hui, le pays a une très bonne image à l’international. C’est un pays stable. Le Roi a eu la sagesse d’avoir une politique internationale claire. Tout en étant ouvert sur son voisinage européen, le Maroc a renforcé son ancrage africain. La politique africaine du Maroc a donné du pays une image d’ouverture. Beaucoup de pays africains se reconnaissent à travers le Royaume.
Ce que le Roi a entrepris a fait de lui un Roi moderne. Preuve en est que la jeunesse se reconnaît en lui. Il est entouré d’une forte affection populaire parce que, dans les moments difficiles, il a toujours été au rendez-vous. Durant la crise de la pandémie comme celle du séisme qui a frappé l'Atlas, il a pris les choses en main. Je me rappelle comment le Maroc a lutté avec beaucoup de rigueur et d’humanité contre la Covid-19 en livrant les masques à d’autres pays du monde. Aussi le Maroc sous le leadership royal a géré irréprochablement le tremblement de terre. Grâce à Sa Majesté le Roi, il y a eu un esprit de solidarité incroyable et émouvant entre les Marocains. J’ai été témoin de cet élan humain unique. C’est le reflet du grand Maroc.
“C’est un Roi extrêmement populaire, aimé, respecté, admiré”
- On présente souvent le Maroc comme une exception dans le monde arabe et au Maghreb, qu’est ce qui fait la spécificité du Royaume à vos yeux dans cette région ?
Franchement, il faut dire que le Maroc est une exception. Sans être désobligeant vis-à-vis d’autres pays, je dis que le Royaume est presque un exemple dans sa façon de progresser de par sa démocratie, l’autorité morale de son Chef d’Etat et par son rayonnement culturel éblouissant et son dynamisme économique. Il y a, en revanche, certaines choses peut-être à améliorer dans les années à venir. Mais, il n’empêche que le Maroc, en voyant son évolution durant les deux dernières décennies et sa façon de braver les défis, est un pays d’exception.
- Parlons un peu des relations franco-marocaines qui ont connu, comme vous le savez, des hauts et des bas, ces dernières années. À vos yeux, comment ont-elles évolué sous le règne de SM le Roi ?
Comme toute relation entre deux États, il y a des moments d'épanouissement et parfois des périodes difficiles. Sous la présidence de François Hollande, il y a eu un incident malencontreux en 2014 qui a provoqué une vive crise diplomatique. On a réussi assez vite, fort heureusement, à rétablir un climat de confiance entre les deux pays. Le président Hollande et SM le Roi ont entretenu des liens très étroits. J’en étais moi-même témoin à l’époque car nous avons reçu à plusieurs reprises les deux Chefs d’Etat à l’Institut du Monde arabe. Il y a eu aussi des déjeuners amicaux en présence des amis du Maroc à Paris. Sous la présidence d’Emmanuel Macron, on a vécu des moments compliqués. Personnellement, je trouve déplorable la décision de réduction des visas qui a humilié beaucoup de gens, y compris des Français comme moi qui en ont été consternés. Je ne suis pas assez au fait des détails des relations aujourd'hui mais je crois que nous sommes maintenant sur le bon chemin après la nomination de l'Ambassadrice marocaine à Paris, une personnalité remarquable, et celle de l’Ambassadeur de France qui fait lui aussi un excellent travail. En définitive, quoi qu’il arrive, l'ancienneté des relations franco-marocaines et la profondeur des liens humains entre les deux peuples sont plus fortes que les divergences politiques qui pourraient surgir de temps à autre. L’amitié franco-marocaine transcende tout. Nous, français, sommes redevables aux Marocains d’avoir apporté beaucoup à notre pays. Ils ont combattu pour notre libération, contribué à la reconstruction de notre pays après la guerre… Les français, pour leur part, ont la passion du Maroc. Nous ne pouvons que nous réjouir d’une telle symbiose. Je suis un optimiste inoxydable, le Maroc fait partie de notre culture. Je vois les choses ainsi.