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Interview avec Jihane Kenfaoui : «La R&D ouvre de nouvelles perspectives au secteur agricole»


Rédigé par Mina Elkhodari Mardi 11 Octobre 2022

Après avoir remporté le titre de l’année lors de la finale du concours international « Ma thèse en 180 secondes » tenue en fin de semaine au Canada, Jihane Kenfaoui, chercheuse à l’Université Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès, s’engage pour le développement du secteur agricole au Maroc.



-D’abord, d’où est né votre engagement pour le secteur agricole et la filière vitivinicole en particulier ?

- L’idée est venue de mon entourage qui a toujours accordé une importance au secteur agricole comme la plupart des Marocains. Pour ma part, je suis convaincue que l’agriculture est un secteur levier pour le développement de notre pays. Pour cela, je voudrais, à travers mon travail, mettre au clair les difficultés auxquelles ce secteur est confronté et leur trouver des solutions efficaces et adaptées, particulièrement pour la filière vitivinicole. Mon intérêt pour cette filière s’est concrétisé par mon travail, premier de son genre, qui traite les maladies qui touchent la vigne et représentent un défi majeur pour la filière vitivinicole.


- Parlez-nous de votre thèse de doctorat. Pourquoi le choix de cette thématique ?

- Ma thèse est intitulée « Prospection et diagnostic de l’état phytosanitaire de la vigne au Maroc: élaboration de méthodes de lutte alternatives ». Premier de son genre au Maroc, ce travail répond au besoin d’une alternative de lutte contre les maladies qui peuvent atteindre la vigne. Ce travail permettra avant tout une prise de conscience de la part des agriculteurs de l’importance de prévenir les maladies qui touchent la vigne tout en élaborant une alternative de lutte efficace. Nous ne nous arrêterons pas là puisque nous comptons agir aussi sur la production des pommes, amandes et des arbres fruitiers en général.


- Le vice-président de la Faculté de Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès a jugé votre thèse prioritaire pour le Maroc et pour la région de Fès-Meknès en particulier. Pourquoi ?

- Effectivement, il s’agit d’une thématique importante pour le Maroc et pour la région de Fès-Meknès connue parmi les grandes régions productrices de vigne de table ou de cuve. La concrétisation de ce travail permettra de donner un nouvel élan au secteur vitivinicole.

A travers cette thèse, nous avons mené un travail de sensibilisation et d’accompagnement des viticulteurs aux risques qu’ils peuvent affronter à cause des maladies causées par les champignons et leur présenter les alternatives possibles pour les prévenir et les dépasser tout en préservant l’arbre. Au laboratoire de phytopathologie et protection des plantes à l’Ecole nationale d’agriculture de Meknès, nous avons pu isoler une multitude de souches/champignons donnant naissance à ces maladies. Après, nous avons mené le processus de lutte biologique à base des huiles essentielles et des bactéries bénéfiques pour l’arbre.

Aujourd’hui, nous sommes sur la voie de trouver une formulation à base des huiles essentielles et des bactéries bénéfiques pour l’arbre. Cette lutte alternative à la lutte chimique par pesticides à base des huiles essentiels, qui est dans sa phase finale, permettra de prévenir des pertes importantes au niveau quantitatif et qualitatif sur les plans régional, national et international.


- D’après votre expérience, quelles sont les difficultés qui entravent le développement de la recherche au Maroc ?

- Une réalité est à ne pas nier, la recherche agricole connaît, désormais, un nouvel air malgré les difficultés de plus en plus minimes grâce au développement scientifique. Au niveau du laboratoire de phytopathologie et protection des plantes à l’Ecole nationale d’agriculture de Meknès et avec l’engagement de l’Université Mohamed Ben Abdellah de Fès, le travail évolue pour traiter un grand nombre de maladies qui attaquent l’ensemble de la production agricole dans toutes les régions du Royaume.

Cependant, les chercheurs sont confrontés à des contraintes majeures liées notamment à la publication, aux sources de recherche entre autres par rapport à la matière première pour mener la première phase de recherche. Malgré cette réalité, à l’heure actuelle, les jeunes sont désormais appelés à participer au développement de leur pays. A travers la recherche, ils peuvent s’attaquer aux défis de développement et formuler les solutions possibles. Cela pourrait devenir possible si les jeunes chercheurs s’intéressent plus à la recherche et à la science pour qu’il n’ait pas de carence.



Mina ELKHODARI