- Sommes-nous assez conscients de l’importance de l’histoire du Sahara ?
- Il est évident qu’on assite à une prise de conscience chez le public marocain, devenu de plus en plus imbu de l’histoire du Sahara qui suscite une curiosité sans précédent d’autant que cette histoire ne date pas de la Marche verte et puise ses racines dans les profondeurs de l’histoire de notre pays. Il suffit de voir que le sultan Idriss II a été intronisée en présence des représentants de tribus sahraouies. Ceci montre à quel point cette histoire est millénaire.
-En tant qu’historien, trouvez-vous des difficultés pour accéder aux archives historiques ?
-Oui, personnellement j’ai rencontré plusieurs obstacles au début de mon parcours, dont la rareté de la documentation sachant que les ouvrages historiques accessibles qui parlent du Sahara ne sont pas assez nombreux. D’ailleurs, il est important de garder à l’esprit que les documents qui prouvent les liens historiques entre les sultans du Maroc et les tribus sahraouies ont été extorqués par les ex-puissances colonisatrices. J’en cite des centaines de correspondances, des actes d’allégeances et d’autres documents qui prouvent la souveraineté pure et simple du Maroc sur ce territoire.
-Quel était l’état des liens entre les tribus du Sahara avec les sultans du Maroc avant la colonisation ?
-Lorsque les premiers colons espagnols et français sont arrivés à la fin du 19ème siècle au Sahara, ils ont trouvé une population qui prononçait la prière au nom du sultan de Fès. En outre, la monnaie de l’époque était le riyal hassani sachant que la Justice prononçait des verdicts au nom du sultan, dont le Makhzen nommait les juges et son représentant parmi les personnalités de la région digne de responsabilité. Ce fut une sorte d’« autonomie » qui fut d’ores et déjà une réalité à l’époque.
Les magistrats, caïds, pachas et d’autres représentants furent nommés par dahir du Sultan. Les liens entre les sultans et les tribus de Ait Lahcen, Reguibat, Maelainin, Filala étaient si profondes que ces tribus furent choisies pour incarner la représentation du pouvoir central au Sahara. L’autorité du sultan s’étendait jusqu’aux régions de Trarza, Adrar et Tagant, dont les gouverneurs étaient nommés par dahir des sultans jusqu’à Moulay Abdelaziz.
Le Sahara est d’autant plus historiquement marocain que les Espagnols ont été mis en échec à Dakhla en 1885 par la résistance de Cheikh Ma El Aïnin qui représentait le sultan Hassan Ier qui n’a pas manqué de protester officiellement auprès du monarque espagnol Alphonse XXII. Il s’agit là de preuves tangibles de la marocanité du Sahara avant l’époque coloniale dont nous ne parlons que peu au Maroc. Hélas !
-Bien qu’elle ait reconnu les liens d’allégeance entre les sultans du Maroc et les tribus sahraouies, la CIJ a omis, dans son avis consultatif de 1975 de reconnaitre les liens de souveraineté territoriale malgré les preuves présentées par le Maroc, pourquoi à votre avis ?
-Il y avait des problèmes dès le début du processus de décolonisation du Sahara qui ont conduit à tous les malentendus que nous connaissons. Le Maroc a présenté à la Cour toutes les preuves en sa possession pour appuyer ses revendications légitimes. Il y avait des documents qui datent de l’époque d’Ahmed El Mansour Dehbi, Moulay Ismail, Moulay Slimane, Moulay Abderrahmane et d’autres sultans qui attestaient de leurs liens avec les populations saharaouies. Raison pour laquelle la CIJ les a reconnus.
L’origine du malentendu est claire : le droit international occidental et sa jurisprudence ignore la véritable signification de la « Baiâa » : l’acte d’allégeance dans le droit musulman en vertu duquel un monarque exerce sa souveraineté sur un territoire par accord de la population. L’ignorance de la tradition de l’allégeance a été l’une des raisons qui explique la deuxième partie de l’avis de la CIJ. Mais en somme, l’affaire a été gagnée par le Maroc.
- Il est évident qu’on assite à une prise de conscience chez le public marocain, devenu de plus en plus imbu de l’histoire du Sahara qui suscite une curiosité sans précédent d’autant que cette histoire ne date pas de la Marche verte et puise ses racines dans les profondeurs de l’histoire de notre pays. Il suffit de voir que le sultan Idriss II a été intronisée en présence des représentants de tribus sahraouies. Ceci montre à quel point cette histoire est millénaire.
-En tant qu’historien, trouvez-vous des difficultés pour accéder aux archives historiques ?
-Oui, personnellement j’ai rencontré plusieurs obstacles au début de mon parcours, dont la rareté de la documentation sachant que les ouvrages historiques accessibles qui parlent du Sahara ne sont pas assez nombreux. D’ailleurs, il est important de garder à l’esprit que les documents qui prouvent les liens historiques entre les sultans du Maroc et les tribus sahraouies ont été extorqués par les ex-puissances colonisatrices. J’en cite des centaines de correspondances, des actes d’allégeances et d’autres documents qui prouvent la souveraineté pure et simple du Maroc sur ce territoire.
-Quel était l’état des liens entre les tribus du Sahara avec les sultans du Maroc avant la colonisation ?
-Lorsque les premiers colons espagnols et français sont arrivés à la fin du 19ème siècle au Sahara, ils ont trouvé une population qui prononçait la prière au nom du sultan de Fès. En outre, la monnaie de l’époque était le riyal hassani sachant que la Justice prononçait des verdicts au nom du sultan, dont le Makhzen nommait les juges et son représentant parmi les personnalités de la région digne de responsabilité. Ce fut une sorte d’« autonomie » qui fut d’ores et déjà une réalité à l’époque.
Les magistrats, caïds, pachas et d’autres représentants furent nommés par dahir du Sultan. Les liens entre les sultans et les tribus de Ait Lahcen, Reguibat, Maelainin, Filala étaient si profondes que ces tribus furent choisies pour incarner la représentation du pouvoir central au Sahara. L’autorité du sultan s’étendait jusqu’aux régions de Trarza, Adrar et Tagant, dont les gouverneurs étaient nommés par dahir des sultans jusqu’à Moulay Abdelaziz.
Le Sahara est d’autant plus historiquement marocain que les Espagnols ont été mis en échec à Dakhla en 1885 par la résistance de Cheikh Ma El Aïnin qui représentait le sultan Hassan Ier qui n’a pas manqué de protester officiellement auprès du monarque espagnol Alphonse XXII. Il s’agit là de preuves tangibles de la marocanité du Sahara avant l’époque coloniale dont nous ne parlons que peu au Maroc. Hélas !
-Bien qu’elle ait reconnu les liens d’allégeance entre les sultans du Maroc et les tribus sahraouies, la CIJ a omis, dans son avis consultatif de 1975 de reconnaitre les liens de souveraineté territoriale malgré les preuves présentées par le Maroc, pourquoi à votre avis ?
-Il y avait des problèmes dès le début du processus de décolonisation du Sahara qui ont conduit à tous les malentendus que nous connaissons. Le Maroc a présenté à la Cour toutes les preuves en sa possession pour appuyer ses revendications légitimes. Il y avait des documents qui datent de l’époque d’Ahmed El Mansour Dehbi, Moulay Ismail, Moulay Slimane, Moulay Abderrahmane et d’autres sultans qui attestaient de leurs liens avec les populations saharaouies. Raison pour laquelle la CIJ les a reconnus.
L’origine du malentendu est claire : le droit international occidental et sa jurisprudence ignore la véritable signification de la « Baiâa » : l’acte d’allégeance dans le droit musulman en vertu duquel un monarque exerce sa souveraineté sur un territoire par accord de la population. L’ignorance de la tradition de l’allégeance a été l’une des raisons qui explique la deuxième partie de l’avis de la CIJ. Mais en somme, l’affaire a été gagnée par le Maroc.
« L’Empire britannique a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara en 1895 en vertu de la convention signée avec le régent Ahmed Benmoussa ».
-Vous dites souvent que la France a une part de responsabilité dans le déclenchement du conflit du Sahara, à quel point en est-elle responsable ?
-Je m’en suis aperçu lors de mon séjour de recherche dans les années quatre-vingts. Le Quai d’Orsay a refusé de me donner un accès libre à l’archive que j’ai demandé. Un responsable m’a même dit que je perdais mon temps à fouiller dans l’histoire du Sahara. Toutefois, l’archive française recèle plusieurs documents qui nous auraient été précieux. Malheureusement elle demeure difficilement accessible.
-Depuis longtemps, nous assistons à un débat sur le Sahara oriental qui aurait été spolié par la France et donné arbitrairement à l’Algérie, un commentaire ?
-Les territoires du Sahara oriental tel que les régions de Touat, Colomb-Bechar, Gourara et Tindouf, furent marocains de par l’histoire.
Depuis l’époque de Moulay Ismail, le pouvoir du Makhzen y était représenté, les français, lorsqu’ils sont arrivés en Algérie n’ont pas manqué de prendre acte du traité de Tafna signé entre l’Empire chérifien et l’Empire Ottoman en 1651. Un traité de traçage frontalier qui établit les frontières dans la région de Tafna. J’ajoute que les populations de Tlemcen avaient fait part de leur volonté de prêter allégeance au sultan marocain Moulay Abderrahman après l’invasion française en 1830, d’ailleurs même l’émir Abdelkader prononçait la khotba au nom du sultan avant de faire volte-face.
Le Général Bugeaud attestait même de l’aide portée par le sultan à la résistance algérienne. La France a pris ce territoire en le donnant à l’Algérie dans laquelle elle espérait rester éternellement.
-Faut-il intégrer plus le volet historique dans la défense de la cause nationale ?
- Absolument. Nous étions trop passifs sur ce plan durant les décennies précédentes. Nous avons donné la priorité à la bataille politique en négligeant le front intellectuel. Force est de reconnaitre que les ennemis de la cause nationale ont déployé des moyens colossaux dans le plaidoyer international en étant présent dans les colloques, les forums et les différentes universités internationales afin de promouvoir leur thèse tandis que nous n’avions pas investi massivement dans cette bataille.
Donc, il est urgent d’investir dans cet effort de plaidoirie en tapant à la porte des milieux intellectuels dans le monde entier et en se servant des historiens, des intellectuels, des avocats et de tous ceux qui peuvent parler à l’esprit et la conscience des sociétés civiles internationales. Il n’en reste pas moins que le Maroc a commencé depuis quelques années à activer son soft power dans ce domaine, j’en suis personnellement ravi, mais il nous faut plus d’initiatives.
Recueillis par Anass MACHLOUKH