- Maintenant que les élections générales sont terminées, quels sont les grands défis qui attendent le futur gouvernement ?
- Il faut rappeler déjà que c’est un gouvernement qui est dans une situation assez confortable avec une forte majorité claire, principalement au niveau de la coalition des trois partis arrivés en tête lors du scrutin du 8 septembre, ce qui est très raisonnable par comparaison aux gouvernements précédents.
Sauf qu’il ne s’agit pas des situations les plus faciles avec la crise sanitaire et ses impacts économiques, même si nous enregistrons de très bons résultats à travers la campagne de vaccination. Sur le plan économique, il y a beaucoup de défis à relever. Il va falloir mettre en place de nouvelles stratégies, d’une part, pour pouvoir dépasser les conséquences liées à la pandémie que la société marocaine a rencontrée.
D’autre part, il s’agira aussi d’aller à l’application du Nouveau modèle de développement où il existe des pistes très intéressantes à prospecter et à mettre en valeur afin de pouvoir générer un développement économique harmonieux.
Enfin, il va falloir aux trois partis défendre et unifier leurs programmes annoncés lors des campagnes électorales. Grosso modo, il s’agira du comment dépasser le Covid-19, du comment mettre en valeur le Nouveau modèle de développement et du comment honorer leurs promesses tenues devant les électeurs.
- On dit souvent que les promesses n’engagent que ceux qui les tiennent. Ces trois partis pourront-ils respecter les leurs ?
- Effectivement, les slogans sont différents en termes de discours et de la réalité effective sur le terrain. Ceci dit, nous ne sommes pas en face de partis amateurs et qui n’ont aucune expérience principalement le RNI et l’Istiqlal et même le PAM. Ils disposent d’une panoplie de cadres et d’intellectuels et des gens d’une grande expérience dans la gestion de la chose publique. Ce sont des formations politiques qui ne sont pas nullement des novices. A ce niveau, le problème ne se posera qu’au risque de les voir sanctionner dans cinq ans, la parole sera aux urnes.
- Dans le contexte de Coronavirus avec ses conséquences économiques, quelle pourrait être la marge de manoeuvre du nouvel Exécutif en matière de politique budgétaire ?
- Je pense que cela va être un peu difficile en termes financiers, car l’on sait très bien ce qui rentre dans la caisse de l’Etat et ce qui en sort. C’est-à-dire les recettes et les dépenses. Je ne crois pas non plus que cela va être différent de ce qui a été fait par l’ancien gouvernement en termes budgétaires.
Ce qui sera différent, c’est la manière de voir les choses, c’est aussi la manière de pouvoir dispatcher le budget, surtout de mettre en place de nouveaux modèles de gestion, beaucoup plus basés sur la bonne gouvernance, l’évaluation par la preuve et l’évidence, des visions stratégiques claires afin de limiter les gaspillages et les virages ratés de certaines politiques publiques.
Pour ce faire, le nouvel Exécutif devra se baser sur une évaluation par la preuve et de l’évidence de ce qui a été fait lors des législatures passées et se projeter sur l’avenir tout en maintenant une approche autocritique basé sur l’autoévaluation. Chose qui a beaucoup manqué aux gouvernements précédents et qui étaient dans la gestion de l’urgence avec un manque certain en termes de pouvoir de proposition et de décision.
Certes, la nouvelle équipe a une urgence qu’est le Covid-19 mais aussi un environnement économique mondial difficile, ce qui expliquera les possibles difficultés à appliquer sa politique.
- A votre avis, peut-on dire que le scrutin du 8 septembre a fondamentalement consacré la maturité des acteurs politiques du Royaume et, par ricochet, l’ancrage démocratique du pays ?
- La démocratie est un processus, une construction et une éducation. Et l’on ne sera jamais à la fin de ce processus. C’est un chantier en perpétuelle construction basée sur l’autocritique, l’autoévaluation et l’évaluation. En la matière, l’ouvrage de feu Allal Fassi « De l’autocritique » est édifiant.
Il est temps de revenir à certaines bases et certaines idées et pratiques et pensées politiques historiques marocaines, des différents courants nationalistes de droite et de gauche, qu’on a tendance à oublier fondées sur l’évaluation et la prospective afin de savoir d’où l’on vient et où on va. C’est-à-dire la projection et l’autocritique. Il faut le dire, une bonne partie de l’électorat s’attendrait à un résultat rapide durant les trois premiers mois compte tenu des conséquences de la pandémie. C’est dire la lourde tâche qui attend ce gouvernement.
- Dans cette nouvelle configuration, quel rôle pourrait jouer la femme marocaine ?
- Déjà, nous avons une configuration assez avantageuse avec trois partis très ancrés dans le champ politique, ayant de l’expérience et une panoplie de cadres compétents sur tous les plans. Il s’agit des formations politiques où la femme a toujours joué un grand rôle.
D’ailleurs, les femmes du PJD ont beaucoup mieux réussi dans ces élections que ses hommes. C’est dire qu’il y a une maturité au sein de la société marocaine. C’est un équilibre qu’il faut mettre en place car 50% de la population marocaine est constituée de femmes et cela est valable pour tout le continent. Je dirais même que sans ces femmes, le continent aurait pu mourir plusieurs fois par an.
La nouvelle équipe devra tenir compte de cette réalité et faire confiance à la gente féminine. Elle devra faire son cheval de bataille de la question du genre, ce qui est un atout même à l’international.
- Dans le même cadre, peut-on s’attendre à une forte déclinaison de la coopération marocaine vers l’Afrique subsaharienne ?
- Il faut dire que chaque fois que le Maroc s’est projeté vers le Sud, la coopération se passe très bien contrairement au Nord ou à l’Est. Les exemples sont légion. C’est historiquement prouvé. C’est dire que nous avons tout à gagner en s’associant avec les autres pays africains pas seulement subsahariens, à approfondir nos relations économiques avec le reste du continent et ne pas oublier le culturel qui fait défaut dans nos relations ou parfois oublié et surtout à développer des relations à l’altérité plus sereines.
- Il faut rappeler déjà que c’est un gouvernement qui est dans une situation assez confortable avec une forte majorité claire, principalement au niveau de la coalition des trois partis arrivés en tête lors du scrutin du 8 septembre, ce qui est très raisonnable par comparaison aux gouvernements précédents.
Sauf qu’il ne s’agit pas des situations les plus faciles avec la crise sanitaire et ses impacts économiques, même si nous enregistrons de très bons résultats à travers la campagne de vaccination. Sur le plan économique, il y a beaucoup de défis à relever. Il va falloir mettre en place de nouvelles stratégies, d’une part, pour pouvoir dépasser les conséquences liées à la pandémie que la société marocaine a rencontrée.
D’autre part, il s’agira aussi d’aller à l’application du Nouveau modèle de développement où il existe des pistes très intéressantes à prospecter et à mettre en valeur afin de pouvoir générer un développement économique harmonieux.
Enfin, il va falloir aux trois partis défendre et unifier leurs programmes annoncés lors des campagnes électorales. Grosso modo, il s’agira du comment dépasser le Covid-19, du comment mettre en valeur le Nouveau modèle de développement et du comment honorer leurs promesses tenues devant les électeurs.
- On dit souvent que les promesses n’engagent que ceux qui les tiennent. Ces trois partis pourront-ils respecter les leurs ?
- Effectivement, les slogans sont différents en termes de discours et de la réalité effective sur le terrain. Ceci dit, nous ne sommes pas en face de partis amateurs et qui n’ont aucune expérience principalement le RNI et l’Istiqlal et même le PAM. Ils disposent d’une panoplie de cadres et d’intellectuels et des gens d’une grande expérience dans la gestion de la chose publique. Ce sont des formations politiques qui ne sont pas nullement des novices. A ce niveau, le problème ne se posera qu’au risque de les voir sanctionner dans cinq ans, la parole sera aux urnes.
- Dans le contexte de Coronavirus avec ses conséquences économiques, quelle pourrait être la marge de manoeuvre du nouvel Exécutif en matière de politique budgétaire ?
- Je pense que cela va être un peu difficile en termes financiers, car l’on sait très bien ce qui rentre dans la caisse de l’Etat et ce qui en sort. C’est-à-dire les recettes et les dépenses. Je ne crois pas non plus que cela va être différent de ce qui a été fait par l’ancien gouvernement en termes budgétaires.
Ce qui sera différent, c’est la manière de voir les choses, c’est aussi la manière de pouvoir dispatcher le budget, surtout de mettre en place de nouveaux modèles de gestion, beaucoup plus basés sur la bonne gouvernance, l’évaluation par la preuve et l’évidence, des visions stratégiques claires afin de limiter les gaspillages et les virages ratés de certaines politiques publiques.
Pour ce faire, le nouvel Exécutif devra se baser sur une évaluation par la preuve et de l’évidence de ce qui a été fait lors des législatures passées et se projeter sur l’avenir tout en maintenant une approche autocritique basé sur l’autoévaluation. Chose qui a beaucoup manqué aux gouvernements précédents et qui étaient dans la gestion de l’urgence avec un manque certain en termes de pouvoir de proposition et de décision.
Certes, la nouvelle équipe a une urgence qu’est le Covid-19 mais aussi un environnement économique mondial difficile, ce qui expliquera les possibles difficultés à appliquer sa politique.
- A votre avis, peut-on dire que le scrutin du 8 septembre a fondamentalement consacré la maturité des acteurs politiques du Royaume et, par ricochet, l’ancrage démocratique du pays ?
- La démocratie est un processus, une construction et une éducation. Et l’on ne sera jamais à la fin de ce processus. C’est un chantier en perpétuelle construction basée sur l’autocritique, l’autoévaluation et l’évaluation. En la matière, l’ouvrage de feu Allal Fassi « De l’autocritique » est édifiant.
Il est temps de revenir à certaines bases et certaines idées et pratiques et pensées politiques historiques marocaines, des différents courants nationalistes de droite et de gauche, qu’on a tendance à oublier fondées sur l’évaluation et la prospective afin de savoir d’où l’on vient et où on va. C’est-à-dire la projection et l’autocritique. Il faut le dire, une bonne partie de l’électorat s’attendrait à un résultat rapide durant les trois premiers mois compte tenu des conséquences de la pandémie. C’est dire la lourde tâche qui attend ce gouvernement.
- Dans cette nouvelle configuration, quel rôle pourrait jouer la femme marocaine ?
- Déjà, nous avons une configuration assez avantageuse avec trois partis très ancrés dans le champ politique, ayant de l’expérience et une panoplie de cadres compétents sur tous les plans. Il s’agit des formations politiques où la femme a toujours joué un grand rôle.
D’ailleurs, les femmes du PJD ont beaucoup mieux réussi dans ces élections que ses hommes. C’est dire qu’il y a une maturité au sein de la société marocaine. C’est un équilibre qu’il faut mettre en place car 50% de la population marocaine est constituée de femmes et cela est valable pour tout le continent. Je dirais même que sans ces femmes, le continent aurait pu mourir plusieurs fois par an.
La nouvelle équipe devra tenir compte de cette réalité et faire confiance à la gente féminine. Elle devra faire son cheval de bataille de la question du genre, ce qui est un atout même à l’international.
- Dans le même cadre, peut-on s’attendre à une forte déclinaison de la coopération marocaine vers l’Afrique subsaharienne ?
- Il faut dire que chaque fois que le Maroc s’est projeté vers le Sud, la coopération se passe très bien contrairement au Nord ou à l’Est. Les exemples sont légion. C’est historiquement prouvé. C’est dire que nous avons tout à gagner en s’associant avec les autres pays africains pas seulement subsahariens, à approfondir nos relations économiques avec le reste du continent et ne pas oublier le culturel qui fait défaut dans nos relations ou parfois oublié et surtout à développer des relations à l’altérité plus sereines.
Propos recueillis par
SIDIBE Wolondouka
Bon à savoir
Le Pr. Khalid CHEGRAOUI est Senior Fellow au Policy Center for the New South (PCNS), Vice-Doyen Science Politique et Relations internationales à la Faculté de Gouvernance, Sciences Économiques et Sociales de l’Université Mohammed VI Polytechnique - Rabat. Il est Docteur d’Etat es-lettres en Études Africaines de l’Université Mohammed V de Rabat, Professeur de l’Enseignement Supérieur titulaire en Histoire et Anthropologie Politique.
Le Pr. Khalid CHEGRAOUI est Consultant en affaires africaines et moyen-orientales. Quant au Policy Center for the New South (PCNS), c’est un think tank marocain qui a pour mission de contribuer à l’amélioration des politiques publiques, aussi bien économiques que sociales et internationales, qui concernent le Maroc et l’Afrique, parties intégrantes du Sud global. Le PCNS défend le concept d’un « nouveau Sud » ouvert, responsable et entreprenant, un Sud qui définit ses propres narratifs, ainsi que les cartes mentales autour des bassins de la Méditerranée et de l’Atlantique Sud, dans le cadre d’un rapport décomplexé avec le reste du monde.