- Le soutien public exceptionnel pour les entreprises de presse dans le contexte pandémique a été accueilli par beaucoup de critiques. Qu’en pensez-vous ?
- Le soutien apporté aux médias pendant la période de la propagation de la pandémie du Covid-19 est une bonne décision, car les médias ne sont pas seulement des entreprises à but lucratif, mais plutôt un besoin social dont le but est d’enrichir la pratique démocratique.
Le soutien de l’Etat est donc une question naturelle. Selon la jurisprudence internationale relative au soutien public des médias, les systèmes juridiques qui réglementent l’aide financière au secteur de la presse obligent les Etats à assurer la bonne disposition des fonds publics, d’une manière qui garantit l’équité et l’égalité des chances entre les médias, et perpétue le pluralisme médiatique et la diversité culturelle.
Ce soutien public, y compris la publicité accordée par les institutions et secteurs publics, ne doit en aucun cas être transformé en un moyen de contrôler les médias et d’influencer leurs lignes éditoriales ou de les orienter en faveur d’une partie contre une autre. Cela signifie qu’il n’est pas possible de bloquer les publicités d’une institution publique d’un journal ou d’un site d’information, simplement parce que sa ligne éditoriale n’est pas appréciée par un responsable, chose qui, malheureusement, arrive.
- Le Forum marocain des jeunes journalistes (FMJJ) a présenté un rapport parallèle dans le cadre du 4ème cycle de l’Examen Périodique Universel du Maroc. Dans quel contexte ce rapport a été publié ?
- Le plan d’action du Forum marocain des jeunes journalistes (FMJJ) comprend un certain nombre d’axes, à savoir contribuer à la formation des journalistes, surveiller les violations de la liberté de la presse et plaider pour une réforme des politiques publiques liées aux médias. Pour ce dernier volet, nous avons l’intention de travailler à persuader les différentes institutions pour adopter les propositions et recommandations, que nous développons sur la base d’une lecture et d’une analyse attentive de la réalité des médias dans notre pays.
D’une part, nous tenons des réunions continues avec le gouvernement, le Parlement et les institutions nationales, et, d’autre part, nous soumettons nos conclusions aux divers mécanismes des Nations Unies pour la protection des droits humains. C’est dans ce contexte que vient le rapport parallèle que nous avons présenté à l’occasion de la 4ème session de l’Examen Périodique Universel (EPU) du Royaume du Maroc, qui devrait avoir lieu cette année.
- Quelles sont les recommandations du rapport, liées à la pratique conventionnelle sur la liberté d’opinion et d’expression du Maroc et aux lois relatives aux médias ?
- Ce rapport est le résultat de nombreuses réunions consultatives et ateliers interactifs organisés par le FMJJ en 2020 et 2021. Nous avions écouté attentivement toutes les parties prenantes concernées et ensuite élaboré des propositions et des recommandations concrètes et pratiques.
En ce qui concerne la pratique conventionnelle, le rapport parallèle du Forum appelle le gouvernement à achever la procédure d’adhésion au Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits civils et politiques sur les communications individuelles et recommande la ratification de la Convention n° 190 concernant la violence et le harcèlement dans le monde du travail de 2019, en vue de protéger les femmes journalistes.
Nous appelons aussi à la compatibilité des lois nationales avec les lois internationales en matière de droits humains, en particulier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, afin que les journalistes ne soient plus poursuivis en vertu du Code pénal dans les affaires liées à la publication et la révision d’un certain nombre de textes juridiques. Le rapport contient également un certain nombre de propositions concernant la protection des sources des journalistes.
Nous demandons la révision de la Loi n° 90.13 sur la création du Conseil national de la presse, pour permettre au Conseil d’avoir un statut juridique et une indépendance financière et administrative semblables à celle de la HACA, de revoir radicalement sa composition, de réduire les conditions de candidature pour les candidats à l’adhésion de 15 ans à 10 ans et de changer le mode de scrutin des représentants des journalistes.
En ce qui concerne la promotion des entreprises de presse, nous appelons à l’adoption de mesures strictes par le gouvernement pour limiter le recours des institutions publiques nationales aux services de publicité des géants du web GAFA, et la révision des critères de soutien public aux entreprises de presse pour garantir une plus grande transparence et neutralité.
- Quelles sont vos recommandations pour améliorer le travail des institutions médiatiques publiques ?
- Je crois que la création d’un Media Holding public constitue une opportunité pour ouvrir prochainement un débat social qui vise à stimuler davantage les médias à fournir un service médiatique qui répond aux besoins de la pratique démocratique, promeut les valeurs du pluralisme, et s’ouvre à toutes les catégories sociales. Et ce, conformément aux lois que stipule la Constitution marocaine, aux principes de droits humains tels que reconnus dans les pratiques démocratiques et les conventions internationales, et qui soulignent que les Etats ne devraient pas imposer un contrôle monopolistique sur les médias et exhortent à prendre des mesures appropriées pour limiter tout ce qui pourrait nuire à la diversité des opinions.
Je considère aussi qu’il est nécessaire d’interagir positivement avec les observations et recommandations que la HACA présente périodiquement concernant les garanties du pluralisme dans les médias publics. Il y a un grand besoin pour la création d’une institution de recherche relevant du pôle public, ayant pour mission de suivre les enjeux médiatiques, de former les journalistes et de publier des guides et périodiques scientifiques sur la situation de la presse au Maroc.
- Le soutien apporté aux médias pendant la période de la propagation de la pandémie du Covid-19 est une bonne décision, car les médias ne sont pas seulement des entreprises à but lucratif, mais plutôt un besoin social dont le but est d’enrichir la pratique démocratique.
Le soutien de l’Etat est donc une question naturelle. Selon la jurisprudence internationale relative au soutien public des médias, les systèmes juridiques qui réglementent l’aide financière au secteur de la presse obligent les Etats à assurer la bonne disposition des fonds publics, d’une manière qui garantit l’équité et l’égalité des chances entre les médias, et perpétue le pluralisme médiatique et la diversité culturelle.
Ce soutien public, y compris la publicité accordée par les institutions et secteurs publics, ne doit en aucun cas être transformé en un moyen de contrôler les médias et d’influencer leurs lignes éditoriales ou de les orienter en faveur d’une partie contre une autre. Cela signifie qu’il n’est pas possible de bloquer les publicités d’une institution publique d’un journal ou d’un site d’information, simplement parce que sa ligne éditoriale n’est pas appréciée par un responsable, chose qui, malheureusement, arrive.
- Le Forum marocain des jeunes journalistes (FMJJ) a présenté un rapport parallèle dans le cadre du 4ème cycle de l’Examen Périodique Universel du Maroc. Dans quel contexte ce rapport a été publié ?
- Le plan d’action du Forum marocain des jeunes journalistes (FMJJ) comprend un certain nombre d’axes, à savoir contribuer à la formation des journalistes, surveiller les violations de la liberté de la presse et plaider pour une réforme des politiques publiques liées aux médias. Pour ce dernier volet, nous avons l’intention de travailler à persuader les différentes institutions pour adopter les propositions et recommandations, que nous développons sur la base d’une lecture et d’une analyse attentive de la réalité des médias dans notre pays.
D’une part, nous tenons des réunions continues avec le gouvernement, le Parlement et les institutions nationales, et, d’autre part, nous soumettons nos conclusions aux divers mécanismes des Nations Unies pour la protection des droits humains. C’est dans ce contexte que vient le rapport parallèle que nous avons présenté à l’occasion de la 4ème session de l’Examen Périodique Universel (EPU) du Royaume du Maroc, qui devrait avoir lieu cette année.
- Quelles sont les recommandations du rapport, liées à la pratique conventionnelle sur la liberté d’opinion et d’expression du Maroc et aux lois relatives aux médias ?
- Ce rapport est le résultat de nombreuses réunions consultatives et ateliers interactifs organisés par le FMJJ en 2020 et 2021. Nous avions écouté attentivement toutes les parties prenantes concernées et ensuite élaboré des propositions et des recommandations concrètes et pratiques.
En ce qui concerne la pratique conventionnelle, le rapport parallèle du Forum appelle le gouvernement à achever la procédure d’adhésion au Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits civils et politiques sur les communications individuelles et recommande la ratification de la Convention n° 190 concernant la violence et le harcèlement dans le monde du travail de 2019, en vue de protéger les femmes journalistes.
Nous appelons aussi à la compatibilité des lois nationales avec les lois internationales en matière de droits humains, en particulier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, afin que les journalistes ne soient plus poursuivis en vertu du Code pénal dans les affaires liées à la publication et la révision d’un certain nombre de textes juridiques. Le rapport contient également un certain nombre de propositions concernant la protection des sources des journalistes.
Nous demandons la révision de la Loi n° 90.13 sur la création du Conseil national de la presse, pour permettre au Conseil d’avoir un statut juridique et une indépendance financière et administrative semblables à celle de la HACA, de revoir radicalement sa composition, de réduire les conditions de candidature pour les candidats à l’adhésion de 15 ans à 10 ans et de changer le mode de scrutin des représentants des journalistes.
En ce qui concerne la promotion des entreprises de presse, nous appelons à l’adoption de mesures strictes par le gouvernement pour limiter le recours des institutions publiques nationales aux services de publicité des géants du web GAFA, et la révision des critères de soutien public aux entreprises de presse pour garantir une plus grande transparence et neutralité.
- Quelles sont vos recommandations pour améliorer le travail des institutions médiatiques publiques ?
- Je crois que la création d’un Media Holding public constitue une opportunité pour ouvrir prochainement un débat social qui vise à stimuler davantage les médias à fournir un service médiatique qui répond aux besoins de la pratique démocratique, promeut les valeurs du pluralisme, et s’ouvre à toutes les catégories sociales. Et ce, conformément aux lois que stipule la Constitution marocaine, aux principes de droits humains tels que reconnus dans les pratiques démocratiques et les conventions internationales, et qui soulignent que les Etats ne devraient pas imposer un contrôle monopolistique sur les médias et exhortent à prendre des mesures appropriées pour limiter tout ce qui pourrait nuire à la diversité des opinions.
Je considère aussi qu’il est nécessaire d’interagir positivement avec les observations et recommandations que la HACA présente périodiquement concernant les garanties du pluralisme dans les médias publics. Il y a un grand besoin pour la création d’une institution de recherche relevant du pôle public, ayant pour mission de suivre les enjeux médiatiques, de former les journalistes et de publier des guides et périodiques scientifiques sur la situation de la presse au Maroc.
Recueillis par Hiba CHAKER
Portrait
Le travail associatif comme plaidoyer pour un journalisme de qualité
Lauréat de l’institut supérieur de l’information et de la communication de Rabat, Sami Elmoudni a exercé, depuis 2008, en tant que journaliste puis rédacteur en chef, à la fois en presse écrite et à la télévision. Il est lauréat du Prix du Journalisme Arabe à Dubaï en 2014. Compte tenu de son expérience accumulée en journalisme et en communication, il est Media Trainer intervenant particulièrement dans les champs du droit à l’information, la déontologie de la presse et la liberté d’expression.
Actif dans le paysage associatif marocain, il a créé le Forum marocain des jeunes journalistes. Cette organisation non gouvernementale, dont la motivation forte est de promouvoir la réforme dans l’environnement de la presse, compte dans son corps plus de 100 journalistes marocains (es) répandus (es) dans les différents supports médiatiques.
Poussé par l’enthousiasme et la volonté de contribuer à l’amélioration du secteur du journalisme, le forum compte fertiliser l’environnement des médias par le biais d’un programme détaillé se reposant sur le renforcement des capacités du journaliste et de l’étudiant (e) journaliste et l’amélioration de leurs compétences, la contribution à la formation des étudiants (es) journalistes et à la formation continue des journalistes, le soutien de la préparation et l’évaluation des politiques publiques liées au secteur des médias, le plaidoyer pour une législation encadrant le travail des journalistes et des professionnels des médias et finalement la défense de la liberté de la presse et le droit d’accès à l’information.
Actif dans le paysage associatif marocain, il a créé le Forum marocain des jeunes journalistes. Cette organisation non gouvernementale, dont la motivation forte est de promouvoir la réforme dans l’environnement de la presse, compte dans son corps plus de 100 journalistes marocains (es) répandus (es) dans les différents supports médiatiques.
Poussé par l’enthousiasme et la volonté de contribuer à l’amélioration du secteur du journalisme, le forum compte fertiliser l’environnement des médias par le biais d’un programme détaillé se reposant sur le renforcement des capacités du journaliste et de l’étudiant (e) journaliste et l’amélioration de leurs compétences, la contribution à la formation des étudiants (es) journalistes et à la formation continue des journalistes, le soutien de la préparation et l’évaluation des politiques publiques liées au secteur des médias, le plaidoyer pour une législation encadrant le travail des journalistes et des professionnels des médias et finalement la défense de la liberté de la presse et le droit d’accès à l’information.