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Interview avec Sylvain Bartolomeu : « 90% du parc de Go Sport devrait être conservé par Intersport »


Rédigé par Safaa KSAANI Mardi 9 Mai 2023

C’est le sujet d’actualité dans le monde du prêt-à-porter. Les enseignes françaises Go Sport et Pimkie baissent bientôt le rideau au Maroc. Une situation qui n’est pas sans conséquences au Maroc. Le point avec l’un des fins connaisseurs du secteur du prêt-à-porter en France.



-Après des mois de fermeture provisoire, pandémie oblige, nombre d’enseignes françaises de mode, présentes sur le territoire marocain, risquent de définitivement tirer le rideau. Comment expliquez-vous cette crise ?

-Elles sont affaiblies sur leur marché d’origine, qui est le marché français. Ce sont des marques fragilisées par plusieurs facteurs. A la tête de ceux-ci se trouve la crise sanitaire, qui a très fortement touché les secteurs du Retail (vente au détail, ndlr) en France, avec la fermeture de magasins non-essentiels, conformément à la réglementation en vigueur.
Deuxième élément important : le consommateur se désintéresse de ces enseignes. Ce sont des enseignes historiques très concurrencées sur le marché français du textile par de nouveaux acteurs qui sont en train d’arriver, notamment dans le digital. Go Sport est concurrencé par les deux principaux acteurs du marché en France qui sont Decathlon et Intersport. Ces entreprises se trouvent ainsi en difficulté en France du fait de la crise sanitaire et d’un désintérêt du consommateur. Malheureusement, quand on est dans des situations économiques compliquées, on doit se replier sur ces bases. C’est ce qui est en train de se produire.

-Cela s’explique-t-il en partie par le manque de créativité et le fait de n’avoir pas suivi la tendance du e-commerce ?

-C’est plutôt une question de mode de consommation. En France, il y a de nombreuses marques de textile qui sont en difficulté, comme André, Camaïeu. C’est une vague assez généralisée.

-Cette liste pourrait-elle s’allonger ?

-Cela dépend des choix et des stratégies des différentes marques et entreprises. Après, il y a des opérations de rachat et de concentration qui peuvent s’opérer. Mais c’est un fait qu’aujourd’hui les modes de consommation évoluent. les stratégies d’implantation de ces marques sont peut-être à revoir. Les stratégies omnicanales entre le digital et le « Retail » en physique sont à repenser aussi. C’est vrai que la tendance est que plutôt ça s’allonge.

-Ces marques ne peuvent-t-elles pas continuer leur activité en ligne exclusivement ?

-C’est sûr que si vous êtes en situation affaiblie comme celle-là, la question de la survie se pose avec acuité. Dans le cas de Go Sport, on sait que le rachat va s’opérer, donc la marque va continuer d’exister. Aux dernières nouvelles, c’est Intersport qui la rachète. La question qui se posera est : quelle sera la stratégie d’Intersport demain ?

-Quel est, selon vous, le poids de ces fermetures en série des magasins sur les économies française et marocaine ?

-Ce qu’on sait sur Go Sport c’est que 90% du parc et des salariés devrait être conservé par Intersport. C’est un plan positif pour l’avenir de la marque et des salariés. Ce n’est pas le cas pour toutes les marques. On est plutôt sur des fermetures massives avec, certainement, des conséquences assez importantes pour l’emploi et sur les franchisés qui ont investi et ont fait l’effort de développer une marque et qui se trouvent derrière avec des décisions lourdes à prendre. C’est le plus triste et dommageable dans ces affaires.

-Devant ces fermetures conséquentes, quel est l’avenir des franchisés au Maroc ?

-Quand il y a une enseigne qui ferme, avec par ailleurs des contrats de franchise, il faut déjà connaître les dispositions du contrat qui lie le franchiseur au franchisé pour savoir exactement ce qui va se passer et comment. Le franchisé reste un commerçant et un chef d’entreprise indépendant. Je dirai que charge à lui de trouver, soit une enseigne pour pouvoir relancer son activité commerciale dans d’autres secteurs, ou via d’autres enseignes. Il en est libre et peut le faire.
Ça m’est arrivé de voir des enseignes disparaître et des franchisés changer de marque plus « au goût du jour », avec qui ils ont relancé leur activité.

-Quel est le sort du client dans cette situation ?

-Le client est libre. S’il a envie d’aller ailleurs, il le fait. Les consommateurs voient des marques disparaître et de nouvelles apparaître et vont vers ce qui les intéresse. On l’a vécu en France avec Camaïeu dont une bonne partie de la clientèle était fidèle à la marque, et qui a été déçue de la voir disparaître. Mais d’autres acteurs existent qui peuvent répondre à la demande. C’est la loi de l’économie et du marché ! Oui, le consommateur perd des marques, mais il retrouve d’autres.


Recueillis par Safaa KSAANI








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