Après la suspension des fournitures de gaz algérien, le Maroc cherche inlassablement les moyens de redémarrer le gazoduc Maghreb-Europe. Le Royaume a fait appel à l'Espagne pour en importer du gaz naturel liquéfié via le gazoduc inactif, comme l'a fait savoir la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, à l'Agence Bloomberg.
En effet, le Royaume compte importer le gaz des marchés internationaux et le faire passer par l'Espagne pour assurer sa regazéification avant qu'il soit acheminé au territoire national à travers le gazoduc Maghreb-Europe, dont le flux sera inversé. C'est en tout cas l'artifice trouvé pour assurer la sécurité énergétique du Royaume dans les circonstances actuelles.
Si le Maroc a fait une demande pareille aux autorités espagnoles, c'est parce qu'il manque d'installation de regazéification, c'est-à-dire des terminaux méthaniers au niveau des ports, qui soient capables de recevoir le GNL par voie maritime. C'est pour cette raison que le Maroc veut que l'Espagne s'occupe de la regazéification le temps de construire le premier terminal au port de Mohammedia.
Pour leur part, les autorités espagnoles sont réceptives à la demande marocaine et lui ont même donné une suite favorable. Le ministère espagnol de la Transition écologique, a annoncé, jeudi 3 février, son accord pour permettre au Maroc d'utiliser les terminaux GNL espagnols. Dans un communiqué, le département ministériel espagnol a précisé que « Le Maroc pourra acquérir du gaz naturel liquéfié (GNL) sur les marchés internationaux, le faire livrer dans une usine de regazéification de l’Espagne péninsulaire et utiliser le gazoduc du Maghreb (GME) pour l’acheminer vers son territoire ». Le ministère s'en est arrêté là sans donner d'informations supplémentaires.
Pour sa part, le Maroc semble déterminé à concrétiser cet accord le plus tôt possible. Les autorités marocaines ont invité un groupe restreint de négociants en GNL à soumettre des contrats en début janvier, selon Leila Benali, qui a confié à Bloomberg que le gouvernement marocain veut signer des contrat pour une durée d’au moins cinq ans.
Ainsi, le Maroc est parvenu à trouver une alternative au gaz algérien, qui assurait 97% de ses besoins, avant la fin du contrat relatif au gazoduc Maghreb-Europe. Compte tenu de la hausse de la consommation nationale dans les années qui viennent, le Maroc parie sur deux pistes pour garantir sa souveraineté énergétique à savoir la production nationale du gaz et les énergies renouvelables. Force est de rappeler que le Royaume compte sur le gisement de la région de Tendrara pour assurer une partie de la production de l'électricité, un accord a été conclu entre l'Office national de l'Électricité et de l'Eau (ONEE) et la société qui détient le permis d'exploration, Sound Energy, pour fournir du gaz issu de ce gisement via la partie marocaine du Gazoduc Maghreb-Europe. L'accord, rappelons-le, consiste à livrer 350 millions de mètres cubes par an.
Le Maroc compte également sur le gisement découvert au large de Larach par la Société britannique, Chariot. L'Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM) prévoit le début de la production en 2024. Pourtant, le potentiel de ce gisement reste à évaluer.
En acceptant la demande marocaine d'acheminer le Gaz naturel liquéfié, l'Espagne semble vouloir faire un geste de bonne volonté à l'égard du Maroc alors que la page de la crise diplomatique qui dure depuis des moins n'est pas définitivement tournée.