Dernièrement sur une chaîne française, un «toutologue» français dont on préfère taire le nom, ulcéré par le retard accusé par son pays en matière de vaccination, s’est aventuré dans une avilissante comparaison avec le Maroc, ce Royaume sous-développé selon ses dires et situé au tiers-monde, qui réussit malgré tout à vacciner sa population deux fois plus vite que la France. Voyons les rouages de cette aliénation intellectuelle aux racines très profondes.
L’héritage colonial des imaginaires est perceptible dans les arts, la pensée, les comportements politiques aussi bien dans les pays colonisateurs que dans les pays colonisés. L’usage du présent n’est pas décalé, car il s’agit en effet d’interroger le présent et non le passé…
A la fin des années 50, la pensée de Frantz Fanon a construit un modèle de décolonisation des esprits sans pareil. En témoigne le fulgurant « Peau noire, masques blancs ». Albert Memmi, avec son « Portrait du colonisé », n’a pas failli à cette réflexion émancipatrice sur l’aliénation. Le schéma dominant-dominé est donc connu, analysé, conceptualisé. La psychanalyse a aussi son mot à dire : une part de narcissisme est à l’œuvre dans l’esprit du colonisé qui cherche à s’affirmer, à se faire reconnaître par le colonisateur, comme être à part entière, de pensée et de rationalité et non pas seulement d’émotion !
Au complexe de supériorité répond le complexe d’infériorité qui ne fait rien pour lui-même, mais pour l’autre, toujours en quête de reconnaissance non pas de soi mais par cet autre, l’autre terme de la dialectique sans laquelle, du moins croit-il, il ne saurait exister.
La comparaison n’étant pas raison, les exemples pullulent où les pays anciennement colonisés veulent faire « comme » sinon « mieux que » les anciens pays colonisateurs. Les débats télévisés ne manquent pas d’exemples, à cet effet, et « les contrebandiers de l’Histoire », selon l'heureuse expression de Rachid Boudjedra, foisonnent et s’en donnent à cœur joie sur les plateaux des chaînes supposées « internationales » dédiées à la propagation des valeurs du déséquilibre planétaire. Celles-là même des inégalités Nord-Sud entretenues par des voix qui alimentent les imaginaires, ces masques de la pensée sans partage qui attisent les foyers de tension dans les quartiers périphériques de « ces centres du savoir » et les pays qui doivent s’aligner pour ne pas courir le risque d’être diabolisés, voire bombardés par des messages à l’infini, comme ce fut le cas durant les Printemps arabes… avec la complicité intellectuelle d’une importante frange des élites nationales.
L’héritage colonial des imaginaires est perceptible dans les arts, la pensée, les comportements politiques aussi bien dans les pays colonisateurs que dans les pays colonisés. L’usage du présent n’est pas décalé, car il s’agit en effet d’interroger le présent et non le passé…
A la fin des années 50, la pensée de Frantz Fanon a construit un modèle de décolonisation des esprits sans pareil. En témoigne le fulgurant « Peau noire, masques blancs ». Albert Memmi, avec son « Portrait du colonisé », n’a pas failli à cette réflexion émancipatrice sur l’aliénation. Le schéma dominant-dominé est donc connu, analysé, conceptualisé. La psychanalyse a aussi son mot à dire : une part de narcissisme est à l’œuvre dans l’esprit du colonisé qui cherche à s’affirmer, à se faire reconnaître par le colonisateur, comme être à part entière, de pensée et de rationalité et non pas seulement d’émotion !
Au complexe de supériorité répond le complexe d’infériorité qui ne fait rien pour lui-même, mais pour l’autre, toujours en quête de reconnaissance non pas de soi mais par cet autre, l’autre terme de la dialectique sans laquelle, du moins croit-il, il ne saurait exister.
La comparaison n’étant pas raison, les exemples pullulent où les pays anciennement colonisés veulent faire « comme » sinon « mieux que » les anciens pays colonisateurs. Les débats télévisés ne manquent pas d’exemples, à cet effet, et « les contrebandiers de l’Histoire », selon l'heureuse expression de Rachid Boudjedra, foisonnent et s’en donnent à cœur joie sur les plateaux des chaînes supposées « internationales » dédiées à la propagation des valeurs du déséquilibre planétaire. Celles-là même des inégalités Nord-Sud entretenues par des voix qui alimentent les imaginaires, ces masques de la pensée sans partage qui attisent les foyers de tension dans les quartiers périphériques de « ces centres du savoir » et les pays qui doivent s’aligner pour ne pas courir le risque d’être diabolisés, voire bombardés par des messages à l’infini, comme ce fut le cas durant les Printemps arabes… avec la complicité intellectuelle d’une importante frange des élites nationales.
Abdallah BENSMAÏN