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L'Opinion : Noms de rues, noms de lieux !


Rédigé par Abdallah BENSMAÏN le Jeudi 18 Juin 2020



Les noms des rues, villes et villages, disent la géographie, l’histoire humaine et culturelle, parfois la diplomatie d’une nation. Il est dit que la demande de dénomination des rues des villes et villages est une exigence de la poste pour faciliter l’orientation et le travail des facteurs. Cette indication est importante car elle suppose une numérotation rigoureuse, sans prêter à confusion.

Mais qui attribue ces noms, décide du début et de la fin d’une artère dans un quartier et fait la différence entre rues, impasses, places, boulevards et avenues ? L’autorité en charge de l’attribution des noms, sur proposition des Conseils municipaux, des résidents, des ministères de la Culture et des Affaires étrangères, par exemple, est bien entendu le ministère de l’Intérieur, à travers l’administration territoriale et les élus locaux.

A Rabat, des quartiers entiers avaient une certaine logique dans la nomination des rues. Rivières et montagnes du Maroc pour le quartier de l’Agdal, villes et villages marocains, tunisiens et algériens, pour le quartier Hassan, capitales africaines pour le quartier L’Océan.

Au centre ville, ce sont des capitales arabes, des noms de Princes et de Rois marocains. Le nouveau et relativement bucolique quartier Hay Riad a hérité, lui, d’une thématique végétale avec des noms d’arbres, de plantes, de fruits, de fleurs et quelques personnalités de l’Histoire récente du Royaume au niveau de ses grandes artères : Mehdi Ben Barka et Allal El Fassi. En apparence tout paraît simple, dans ce processus, mais alors où est le problème ? 

Il est d’abord dans l’orthographe des noms (Rommani peut tout aussi s’écrire Erroumani, sur un panneau d’indication) avec parfois pour ne pas dire souvent, de grossières erreurs de transcription. Le problème est ensuite dans la résonance de certains noms qui évoluent selon les temps et les contextes.

On l’a vu au début de l’indépendance avec le changement de noms de rues et de lieux autrefois baptisés aux noms d’anciens colons, on l’a vu récemment avec ces rues de Témara dont les noms avaient été piochés dans un répertoire rétrograde, limite fanatique et qu’il a fallu rebaptiser.

Au final, les noms de rues et de lieux n’ont pas la même trajectoire. Certains vieillissent bien, d’autres vieillissent mal et tombent en disgrâce avec les personnes ou les pays qui les ont inspirés devenus, au fil du temps, infréquentables et innommables. D’où la nécessité de bien les choisir.

Abdallah BENSMAÏN



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