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L'Opinion : Rentrée scolaire, la leçon coréenne


Rédigé par Majd EL ATOUABI le Vendredi 28 Août 2020



L'Opinion : Rentrée scolaire, la leçon coréenne
La toute puissante et très disciplinée Corée du Sud vient de décréter la fermeture de l’ensemble des écoles de Séoul et de ses alentours pour basculer vers un système d’enseignement à distance. Cette mesure, qui devrait être bientôt élargie à l’ensemble des établissements scolaires du Pays du Matin calme, intervient au lendemain de la détection de 280 nouveaux cas de Coronavirus.

Au Maroc où le bilan quotidien du Covid s’établit depuis plusieurs semaines à quatre chiffres, notre gouvernement vient de décider la reprise de la scolarité selon un système hybride où les parents ont le choix, du moins supposément, entre un enseignement distanciel qui est la règle et présentiel qui est l’exception. Ceci, alors même que lors d’une interview, le ministre de l’Education nationale Saaïd Amzazi avait clairement signifié qu’un enseignement présentiel pour tous ne serait pas possible au vu des contraintes de distanciation qu’impose la pandémie.

La question qui se pose maintenant est celle de savoir ce que ferait notre ministère de l’Enseignement au cas où des clusters surgiraient dans des établissements scolaires. A-t-on les moyens techniques et logistiques de la Corée du Sud pour permettre le basculement de millions d’écoliers, de collégiens et de lycéens vers un système d’enseignement à distance dont nul n’ignore les contraintes, notamment pour les couches défavorisées, sachant qu’Amzazi a déjà prévenu de l’incapacité de son département d’équiper leurs enfants en tablettes? La réponse est évidemment non.

Pourquoi donc Amzazi s’entête-t-il à maintenir une rentrée scolaire qu’on pressent tous qu’elle sera celle de tous les dangers? L’entêtement du ministre de l’Education nationale et de l’ensemble du gouvernement auquel il appartient trouve certainement ses origines dans une posture politicienne et foncièrement égocentrique nourrie par l’autosatisfaction quant à de supposés succès antérieurs.

Mais cet entêtement s’explique surtout par la préservation des intérêts financiers d’un lobby de l’enseignement privé qui brasse un chiffre d’affaires estimé en 2015 par Inforisk à 4,5 milliards de dirhams et qui devrait flirter aujourd’hui avec les 7 milliards de dirhams. Une cagnotte dont une grande partie vient des frais d’inscription et dont les parents doivent s’acquitter avant la rentrée scolaire…Soit maintenant et pas plus tard.
 
​Majd EL ATOUABI



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