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L'Opinion : Une presse saine, mais pas sauve


Rédigé par Majd EL ATOUABI le Lundi 29 Juin 2020



La presse écrite telle que nous la connaissons aujourd’hui est le fruit d’un long cheminement historique dont les débuts coïncident avec l’invention de l’imprimerie et de la typographie au quinzième siècle et l’apparition des premières nouvelles, libelles et autres placards, suivis deux siècles plus tard, par les premiers périodiques. 

Depuis sa naissance et avant de devenir le secteur économique florissant qu’elle fut du début jusqu’à la fin du XXèmesiècle, la presse écrite a dû faire face à l’adversité sous diverses formes de pressions: religieuses, politiques, scientifiques, intellectuelles et aujourd’hui financières. Au milieu du siècle précédent, les déboires économiques de la presse commencent avec la montée conquérante de nouveaux médias, la radio puis la télévision, qui raflent une bonne partie de son chiffre d’affaires publicitaire et de son audience.  

Mais c’est à partir des années 2000 que la presse subit l’assaut le plus féroce de son histoire moderne avec le triomphe de l’Internet et la naissance de ces géants aux allures d’ogres dénommés Google et Facebook qui ont littéralement englouti le marché publicitaire international, n’en laissant plus que la part congrue à la presse écrite. C’est donc une presse déjà à genou qui s’est retrouvée il y a trois mois, prise en tenaille entre les crocs de la crise économique du Coronavirus qui menace aujourd’hui de précipiter sa fin. Fallait-il la laisser mourir et abandonner par la même les clés de l’information à d’occultes multinationales qui s’en sont déjà emparée, en grande partie, via ces légions d’anonymes des réseaux sociaux dont la plupart en usent et abusent sans foi ni loi, noyant le commun des lecteurs dans un inextricable maelstrom d’infox et de fake news ?

En octroyant une aide financière aux entreprises de presse, les autorités marocaines font preuve de compassion. Mais en soignant les symptômes et non pas l’origine du mal, elles ne font que retarder une funeste échéance. Car aussi conséquente soitelle, l’aide accordée reste une simple bouée de sauvetage largement insuffisante pour mettre ce secteur vital sur le cap d’un salut réel et pérenne. 

Majd EL ATOUABI



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