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L’impact psychologique du confinement

Coronavirus


Rédigé par Abdallah BENSMAÏN Mardi 7 Avril 2020

Face aux épidémies et autres catastrophes, l’humanité est prise à l’improviste comme si depuis que la terre existe, elle n’a pas intégré dans ses réactions les risques naturels auxquels elle a toujours été exposée.



Le confinement distend le lien social mais renforce le lien familial. Ph. AFP
Le confinement distend le lien social mais renforce le lien familial. Ph. AFP
Peut-on s’habituer à la peste ? Intégrer les épidémies dans l’adn de l’humanité ? Les réactions aux catastrophes naturelles, aux épidémies massivement mortelles, montrent bien que la surprise est, à chaque catastrophe ou épidémie, totale. Les réactions aussi promptes et organisées soient-elles pêchent par des insuffisances dénoncées à chaque fois que le destin frappe une région du monde, un pays. C’est pourquoi, d’ailleurs cette absence de préparation naturelle, si l’on ose dire, est un terreau fertile à l’impact psychologique, à un degrés moindre, psychiatrique.Selon la durée et en période de confinement, la perception du risque, le retentissement est émotionnel et social.

L’impact est d’autant plus important que l’aspect financier peut s’ajouter à ces facteurs et contribuer à déstabiliser les plus solides, à ajouter à la détresse des uns et des autres. Des troubles du comportement peuvent faire leur apparition et influer directement sur la famille en général, les enfants en particulier. Pour survivre psychologiquement à l’épreuve, il est conseillé de maintenir des échanges sociaux, affectifs, familiaux, à distance et au foyer.

Le confinement volontaire est mieux vécu

L’être humain peut-il rester longtemps sans sortir ? Dans la réalité, le confinement volontaire a montré que l’individu peut vivre des mois et dans des espaces réduits.

Selon Romain Charles, qui a participé au programme «Mars 500», une mission de simulation qui a duré 520 jours, de l’Agence spatiale fédérale russe et de l’Agence spatiale européenne «Il est possible de vivre confiné pour de longues périodes». Un autre exemple pour illustrer le propos est le confinement que vivent les sous-mariniers.

Dans le cas du coronavirus, le fait est inédit et il concerne quasiment l’humanité dans son ensemble.

Ce n’est pas une expérimentation en soi, comme ce fut le cas avec Mars 500 ou des confinements ciblés et limités en nombre de personnes, comme il fut vécu avec les épidémies les plus récentes (SRAS, Ebola, grippe H1N1) mais à durée limitée.

Des pays entiers en avaient souffert mais seules des régions précises furent mises en quarantaine par les autorités de ces pays qui, à aucun moment ne furent mis au ban de la communauté internationale, comme ce fut le cas de la Chine avec le coronavirus dont elle est, selon toute vraisemblance, le foyer d’origine.

Les confinements forcés comme a pu l’être la Shoa laissent des traces car ils s’accompagnent d’une violence physique que les rescapés traumatisés ne peuvent oublier malgré le retour de la paix et le temps passé. Les camps de regroupement en temps de guerre laissent certainement leurs traces dans les mémoires car le confinement s’accompagne également de violences et d’interdits que les personnes n’intègrent qu’au prix d’une autre violence, symbolique celle-là.

Abdallah BENSMAÏN
 
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3 questions à Ghizlaine Chraibi, psychothérapeute

Ghizlaine Chraibi
Ghizlaine Chraibi
« La notion de temps n’est pas la même pour les enfants et les adultes »
 
L’enfant est-il plus exposé aux troubles psychologiques en situation de confinement ? Ghizlaine Chraïbi, psychothérapeute, répond à la question et suggère des pistes pour aider les parents à faire face.

Quel impact psychologique du confinement sur les enfants ? Quelle tranche d’âge vous paraît la plus exposée ?

Nous ne sommes pas tous égaux face au confinement ; sans compter si l’on est confiné dans une grande maison avec jardin ou a plusieurs dans une même chambre. Par ailleurs, pour les enfants, le temps ne passe pas de la même façon : les nourrissons sont les moins affectés par ce genre de situation, les 2-5 ans ont plus besoin d’espace pour circuler et courir, même s’ils peuvent se concentrer 30 minutes à la fois pour quelques activités de coloriage par exemple ; à partir de 6 ans, travaux manuels, comme la couture ou le collage, ainsi que les devoirs scolaires aident à structurer la journée.

Quels signes faut-il surveiller sur le plan émotionnel et comportemental ? Des symptômes particuliers peuvent-ils surgir, physiques et psychologiques, dans une telle situation d’exception ?

L’absence de socialisation scolaire et familiale peut provoquer de l’angoisse, de la colère, de l’agressivité et parfois des phobies chez certains enfants. Pour ceux qui en ont les moyens, des séances via Facetime avec les copains de classe sont une bonne solution. Cependant, il serait contreproductif de surveiller quelque symptôme que ce soit chez un enfant, alors que les adultes qui l’accompagnent subissent eux-mêmes ce symptôme. Les enfants sont des éponges et absorbent les émotions des adultes. Autrement dit, avant d’essayer de canaliser un mal être chez votre enfant, commencez à travailler sur vous-mêmes: la famille est un système fermé où les symptômes deviennent contagieux.

Ni les parents, ni les enfants ne sont pré-parés à vivre une telle épreuve. Du jour au lendemain, l’enfant se retrouve sans contact avec le monde extérieur (école, compagnons de jeux, amis, etc). Quelle attitude, selon vous, doivent adopter les parents en de telles circonstances ?

La résilience qui consiste à tirer le meilleur du pire est la solution. Pourquoi ne pas reconnaître donc que cette situation inédite mondialement, est justement le moyen de resserrer les liens familiaux en passant du temps ensemble ; que les parents racontent leur enfance et que les enfants donnent leur avis sans crainte ni jugement. Pour conclure, la clé d’un bon « vivre ensemble » tourne autour de ces concepts : respect et non-jugement de soi et de l’autre ; accepter les divergences sans se sentir menacé si l’autre n’est pas d’accord avec soi ; installer un emploi du temps fixe ; s’autoriser aussi des espaces de confinement à l’intérieur du confinement.

Propos recueillis
par Abdallah Bensmaïn








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