Bien avant le Corona
Ces êtres solitaires
Errant dans un monde à la portée,
Sur un mobile, un portable,
Visible et invisible,
Ce virtuel qui enchante et agace,
Une sirène des temps ultra post-modernes,
Les présents y sont invisibles,
Les absents y sont désirés,
On quitte le contigu pour le virtuel,
On abandonne le présent pour une présence sous-réelle,
Mais plus réelle que le réel,
Dans un monde qui est trop proche mais loin;
Les millenniaux et leur tablettes,
Immobilisés devant leur mobiles,
Muets, souriants á un écran en miniature,
Perdus, mais reconnus de partout,
Solitaires mais appartenant
À un espace dans le nuage,
Le cloud de cette existence
Éphémère, réelle, hyper réelle...
Ces familles accrochées à leurs mobiles
Cette finger generation qui se cache
Derrière les pages/murs et les smarts,
Ces familles qui s’attablent,
Mais parlent aux absents,
Les fans, les amis lointains,
Dans des contrées
Du monde bleu de la toile,
Et les autres toiles avec ou sans couleur,
Les Snap, ces moments furtifs,
Éphémères,
Des rires, des sons qui se perdent,
Et se dépendent,
Dans la cacophonie des images et sons,
La vie Snap, la vie cool,
Le moment, l’instant, le geste,
A quoi bon figer quand on peut effacer la mémoire ,
A quoi bon vivre ici quand on peut rêver de ce monde là bas ,
Sur les pages, les comptes, les groupes
Des espaces qui s’entrecroisent,
Qui se juxtaposent,
Qui font parler sans vouloir dire,
Aimer sans passion,
Le monde des likes
Des fans, des amis lointains,
Ces amitiés qui se tissent au fil des jours,
On réécrit l’amitié,
On réinvente l’amitié dans la solitude...
Manger in absentia,
Parler en somnambules,
Soignant sa photo pour les autres,
Pas pour les présents,
L’Age de la photo, photoshopée,
Filtrée, traitée, augmentée,
Une réalité renforcée,
La légère super réalité de l’existence!
L’image qui se dégage,
Qui prend une vie à elle même,
Telle la fumée d’Eliot sur les toits,
L’image qui se dégage mais devient elle même la vraie image,
La vérité virtuelle de soi,
La réinvention digitale de soi,
La construction idéale de soi,
Notre soi n’est qu’un niveau autre,
De l’autre soi, plus solide, plus fin
Plus construit, et filtré,
Le vrai soi
La réelle identité virtuelle de soi...
Un jour advint le Corona,
Subrepticement,
Un invité indésirable,
Invisible certes mais sinistre,
A vos maisons les humains,
A vos demeures d’êtres solitaires,
A vos tablettes, à vos mobiles,
Retenez le monde en privé,
Restez en famille,
Mais naviguez dans les océans infinis,
Du virtuel, de ce monde qui se profile,
Au fil des heures,
Ces images qui se précipitent,
Qu’on oublie aussitôt qu’elles disparaissent,
Un foisonnement fou et furieux,
On est pressé par une course infatigable,
On court et on court,
Après l’image, le son, la vidéo, le mini récit ,
La course à l’image,
La légère solitude de l’image...
Fuyant Corona,
Isolés dans l’isolation,
Le comble de la solitude,
Le retour aux familles des êtes solitaires,
Derrière les murs, les somnambules circulent,
Portable à la main,
Ne circulez sans vos portables,
Ne mangez pas sans vos tablettes,
Ne parlez pas aux présents, mais aux absents,
N’est ce pas la présence un mythe,
Comme disait Derrida,
L’illusion de la présence,
Combattue par l’illusion de l’amitié digitale,
Illusion dans l’illusion,
L’illusion des êtres solitaires au temps de Corona,
Le légère illusion solitaire au temps de Corona...
Lahcen Haddad
23 mars, 2000
Ces êtres solitaires
Errant dans un monde à la portée,
Sur un mobile, un portable,
Visible et invisible,
Ce virtuel qui enchante et agace,
Une sirène des temps ultra post-modernes,
Les présents y sont invisibles,
Les absents y sont désirés,
On quitte le contigu pour le virtuel,
On abandonne le présent pour une présence sous-réelle,
Mais plus réelle que le réel,
Dans un monde qui est trop proche mais loin;
Les millenniaux et leur tablettes,
Immobilisés devant leur mobiles,
Muets, souriants á un écran en miniature,
Perdus, mais reconnus de partout,
Solitaires mais appartenant
À un espace dans le nuage,
Le cloud de cette existence
Éphémère, réelle, hyper réelle...
Ces familles accrochées à leurs mobiles
Cette finger generation qui se cache
Derrière les pages/murs et les smarts,
Ces familles qui s’attablent,
Mais parlent aux absents,
Les fans, les amis lointains,
Dans des contrées
Du monde bleu de la toile,
Et les autres toiles avec ou sans couleur,
Les Snap, ces moments furtifs,
Éphémères,
Des rires, des sons qui se perdent,
Et se dépendent,
Dans la cacophonie des images et sons,
La vie Snap, la vie cool,
Le moment, l’instant, le geste,
A quoi bon figer quand on peut effacer la mémoire ,
A quoi bon vivre ici quand on peut rêver de ce monde là bas ,
Sur les pages, les comptes, les groupes
Des espaces qui s’entrecroisent,
Qui se juxtaposent,
Qui font parler sans vouloir dire,
Aimer sans passion,
Le monde des likes
Des fans, des amis lointains,
Ces amitiés qui se tissent au fil des jours,
On réécrit l’amitié,
On réinvente l’amitié dans la solitude...
Manger in absentia,
Parler en somnambules,
Soignant sa photo pour les autres,
Pas pour les présents,
L’Age de la photo, photoshopée,
Filtrée, traitée, augmentée,
Une réalité renforcée,
La légère super réalité de l’existence!
L’image qui se dégage,
Qui prend une vie à elle même,
Telle la fumée d’Eliot sur les toits,
L’image qui se dégage mais devient elle même la vraie image,
La vérité virtuelle de soi,
La réinvention digitale de soi,
La construction idéale de soi,
Notre soi n’est qu’un niveau autre,
De l’autre soi, plus solide, plus fin
Plus construit, et filtré,
Le vrai soi
La réelle identité virtuelle de soi...
Un jour advint le Corona,
Subrepticement,
Un invité indésirable,
Invisible certes mais sinistre,
A vos maisons les humains,
A vos demeures d’êtres solitaires,
A vos tablettes, à vos mobiles,
Retenez le monde en privé,
Restez en famille,
Mais naviguez dans les océans infinis,
Du virtuel, de ce monde qui se profile,
Au fil des heures,
Ces images qui se précipitent,
Qu’on oublie aussitôt qu’elles disparaissent,
Un foisonnement fou et furieux,
On est pressé par une course infatigable,
On court et on court,
Après l’image, le son, la vidéo, le mini récit ,
La course à l’image,
La légère solitude de l’image...
Fuyant Corona,
Isolés dans l’isolation,
Le comble de la solitude,
Le retour aux familles des êtes solitaires,
Derrière les murs, les somnambules circulent,
Portable à la main,
Ne circulez sans vos portables,
Ne mangez pas sans vos tablettes,
Ne parlez pas aux présents, mais aux absents,
N’est ce pas la présence un mythe,
Comme disait Derrida,
L’illusion de la présence,
Combattue par l’illusion de l’amitié digitale,
Illusion dans l’illusion,
L’illusion des êtres solitaires au temps de Corona,
Le légère illusion solitaire au temps de Corona...
Lahcen Haddad
23 mars, 2000