Présenté en compétition officielle lors de la 21ᵉ édition du Festival international du film de Marrakech, La Mer au loin est une œuvre qui se distingue par la profondeur de son propos et l’élégance de sa structure cinématographique. Le réalisateur franco-marocain Saïd Hamich Benlarbi, déjà remarqué pour Retour à Bollène, poursuit son exploration des fractures identitaires et des trajectoires d’exil, mais cette fois-ci à travers une fresque romanesque empreinte de mélancolie.
La Mer au loin prend la forme d’une saga couvrant une décennie, de 1990 à 2000, où les fragments de vie de Nour (interprété avec justesse par Ayoub Gretaa) s’articulent autour d’intertitres délimitant des chapitres. Cette structure permet d’inscrire le récit dans une temporalité large, évoquant à la fois l’intime et le collectif. Nour, immigré clandestin à Marseille, navigue entre petits trafics, amitiés éphémères et amours impossibles. La rencontre avec Serge (Grégoire Colin), un policier imprévisible, et Noémie (Anna Mouglalis), sa femme énigmatique, marque un tournant décisif dans son parcours.
Saïd Hamich Benlarbi adopte une approche quasi impressionniste, où chaque plan semble baigné dans une lumière douce et diffuse, renforçant l’idée de flottement propre à l’exil. Les mouvements de caméra sont fluides, comme pour accompagner les errances de Nour, perdu entre deux mondes. Le réalisateur joue habilement avec les ellipses temporelles, suggérant plus qu’il ne montre, et laissant au spectateur le soin de combler les silences.
Les plans larges sur la mer, frontière naturelle entre les deux rives de l’existence de Nour, symbolisent à la fois l’éloignement et l’espoir. Cette dualité est omniprésente dans la mise en scène, qui oscille entre moments d’intimité poignante et éclats de vie collective.
Ce qui rend La Mer au loin si bouleversant, c’est avant tout l’humanité des personnages. Nour n’est ni un héros, ni une victime, mais un être complexe, modelé par ses rencontres et ses choix, souvent contraints par les aléas de la vie. La perméabilité de son caractère, remarquablement incarnée par Ayoub Gretaa, en fait un protagoniste profondément attachant.
Le duo Serge-Noémie, à la fois protecteur et destructeur, apporte une dimension romanesque intrigante. Grégoire Colin et Anna Mouglalis livrent des performances tout en nuances, ajoutant au film une couche supplémentaire d’ambiguïté.
La Mer au loin prend la forme d’une saga couvrant une décennie, de 1990 à 2000, où les fragments de vie de Nour (interprété avec justesse par Ayoub Gretaa) s’articulent autour d’intertitres délimitant des chapitres. Cette structure permet d’inscrire le récit dans une temporalité large, évoquant à la fois l’intime et le collectif. Nour, immigré clandestin à Marseille, navigue entre petits trafics, amitiés éphémères et amours impossibles. La rencontre avec Serge (Grégoire Colin), un policier imprévisible, et Noémie (Anna Mouglalis), sa femme énigmatique, marque un tournant décisif dans son parcours.
Saïd Hamich Benlarbi adopte une approche quasi impressionniste, où chaque plan semble baigné dans une lumière douce et diffuse, renforçant l’idée de flottement propre à l’exil. Les mouvements de caméra sont fluides, comme pour accompagner les errances de Nour, perdu entre deux mondes. Le réalisateur joue habilement avec les ellipses temporelles, suggérant plus qu’il ne montre, et laissant au spectateur le soin de combler les silences.
Les plans larges sur la mer, frontière naturelle entre les deux rives de l’existence de Nour, symbolisent à la fois l’éloignement et l’espoir. Cette dualité est omniprésente dans la mise en scène, qui oscille entre moments d’intimité poignante et éclats de vie collective.
Des personnages ambivalents et profondément humains
Ce qui rend La Mer au loin si bouleversant, c’est avant tout l’humanité des personnages. Nour n’est ni un héros, ni une victime, mais un être complexe, modelé par ses rencontres et ses choix, souvent contraints par les aléas de la vie. La perméabilité de son caractère, remarquablement incarnée par Ayoub Gretaa, en fait un protagoniste profondément attachant.
Le duo Serge-Noémie, à la fois protecteur et destructeur, apporte une dimension romanesque intrigante. Grégoire Colin et Anna Mouglalis livrent des performances tout en nuances, ajoutant au film une couche supplémentaire d’ambiguïté.
Une bande sonore qui habite le récit
Le raï, omniprésent dans la bande originale, transcende sa simple fonction musicale pour devenir un personnage à part entière. Vibrant d’amour, de nostalgie ou de révolte, il accompagne Nour dans ses joies et ses peines, rythmant son parcours et reflétant ses états d’âme. Cette musique, empreinte de mélancolie, souligne la profondeur du film tout en lui insufflant une énergie vitale.
Loin de tomber dans les écueils du misérabilisme ou du paternalisme, La Mer au loin offre une vision complexe et réaliste de la condition immigrée. Les relations entre Français et immigrés y sont dépeintes sans clichés, dans toute leur ambivalence. Le film explore avec subtilité les tensions entre le rêve d’un ailleurs et la réalité souvent cruelle de l’exil.
Quand Nour revient finalement au pays, il est confronté à l’irréversibilité du temps. Ce qu’il a laissé derrière lui est perdu à jamais. Ce moment, empreint d’une douce amertume, incarne l’essence même du film : un constat sur l’inaccessibilité des idéaux face aux dures réalités de la vie.
Saïd Hamich Benlarbi parvient à marier une écriture scénaristique originale et une mise en scène épurée, offrant un film à la fois accessible et profondément sophistiqué. La justesse de l’interprétation, la richesse des thématiques abordées et l’intelligence de la narration font de La Mer au loin une œuvre incontournable, qui s’imprime durablement dans l’esprit du spectateur.