De tout temps, la sécheresse a toujours charrié dans son sillage nombre de calamités au Maroc
Quand les expulsés de Grenade arrivent au Maroc, en 1493, ils ramenèrent avec eux une épidémie, non identifiée, qui a ravagé la population de Fès, et peut être même au-delà. Au cours des toutes premières années du 16ème siècle, le Maroc a également connu une autre maladie contagieuse, tout aussi inconnue, qui aurait affaibli l’autorité du sultan Wattaside régnant alors.
Saignées démographiques
Dans les années 1521-1523, une famine frappe durement le royaume, juste après qu’une épidémie ait fait son lot de victimes, en 1511, 1512, dans la région du Souss, selon l’historien français Bernard Rosenberger. Et comme famines et maladies tendent à se succéder les unes aux autres, ou même marcher ensemble, c’est la peste qui allait cette fois semer la mort au Maroc, en 1521. L’armée wattasside y a perdu les neuf dixième de sa cavalerie.
Outre la saignée démographique, les conséquences de ces successions d’épidémies et de famines avaient des conséquences socio-économiques catastrophiques. Parlant de cette époque, l’historien français précité raconte : « La misère fut atroce dans les plaines atlantiques où les parents vendaient leurs enfants pour l’équivalent de quelques mesures de grain. Le prix de l’homme atteint un taux dérisoire ».
Le pire était qu’à peine la population marocaine commençait à récupérer de ses pertes qu’une autre épidémie lui tombait dessus. Après l’apparition de la peste en Algérie, en 1553, ce sont les villages de la chaîne du Rif qui sont contaminés, en 1557. Un an après, il y eu entre 1.000 et 1.500 décès par jour à Fès, l’épidémie dévastant un quartier après l’autre. On estime le nombre de morts à 300.000.
Outre la saignée démographique, les conséquences de ces successions d’épidémies et de famines avaient des conséquences socio-économiques catastrophiques. Parlant de cette époque, l’historien français précité raconte : « La misère fut atroce dans les plaines atlantiques où les parents vendaient leurs enfants pour l’équivalent de quelques mesures de grain. Le prix de l’homme atteint un taux dérisoire ».
Le pire était qu’à peine la population marocaine commençait à récupérer de ses pertes qu’une autre épidémie lui tombait dessus. Après l’apparition de la peste en Algérie, en 1553, ce sont les villages de la chaîne du Rif qui sont contaminés, en 1557. Un an après, il y eu entre 1.000 et 1.500 décès par jour à Fès, l’épidémie dévastant un quartier après l’autre. On estime le nombre de morts à 300.000.
Peste et famine
1580, « année de la toux », revoit maladies contagieuses et famine s’associer pour dévaster à nouveau le pays, mais c’est le retour de la peste, en 1597, qui va plonger le Maroc dans une terrible calamité, semant la mort jusqu’en 1608. Sécheresses et famines se sont, pour leur part, succédées entre 1604 et 1606. Selon un document espagnol de cette époque, ce ne sont pas moins de 450.000 marocains qui y ont laissé la vie.
Après les famines de 1661-1663, de 1722, et de 1779-1782, ce sont des pèlerins, de retour d’Orient, qui introduisent une nouvelle souche de la peste au Maroc. La maladie, baptisée « peste tangéroise », explose en 1818 au nord du pays. Et comme il s’agit d’une interminable série noire, c’est le choléra, également apparu d’abord en Algérie, qui va faire son oeuvre létale dans le royaume, en plusieurs épisodes, 1834, 1854, 1858, 1868, 1878 et 1895.
Quand le Maroc est placé sous protectorat français, en 1912, le choléra forme, avec la peste, la variole et le typhus, les chevaliers de l’apocalypse version locale. La population marocaine se chiffrait alors à peine à quelques 4 millions d’âmes.
L’installation d’un système de santé publique ne s’est pas faite consécutivement à l’instauration du protectorat, les Marocains ont continué à mourir de maladies contagieuses pendant encore longtemps. Apparue pendant l’hiver de 1911, la peste a ravagé les régions d’Abda, Doukkala, et Tadla.
Un après, elle faisait son lot de morts à Casablanca, ou a été crée un premier lazaret, pour y installer les personnes mises en quarantaine. Le mal a aussi fait des victimes à Rabat et Salé, d’où il n’a disparu qu’en 1917, selon un article paru dans la revue française « Histoires des sciences médicales » (édition 1992), signé par trois médecins marocains.
Après les famines de 1661-1663, de 1722, et de 1779-1782, ce sont des pèlerins, de retour d’Orient, qui introduisent une nouvelle souche de la peste au Maroc. La maladie, baptisée « peste tangéroise », explose en 1818 au nord du pays. Et comme il s’agit d’une interminable série noire, c’est le choléra, également apparu d’abord en Algérie, qui va faire son oeuvre létale dans le royaume, en plusieurs épisodes, 1834, 1854, 1858, 1868, 1878 et 1895.
Quand le Maroc est placé sous protectorat français, en 1912, le choléra forme, avec la peste, la variole et le typhus, les chevaliers de l’apocalypse version locale. La population marocaine se chiffrait alors à peine à quelques 4 millions d’âmes.
L’installation d’un système de santé publique ne s’est pas faite consécutivement à l’instauration du protectorat, les Marocains ont continué à mourir de maladies contagieuses pendant encore longtemps. Apparue pendant l’hiver de 1911, la peste a ravagé les régions d’Abda, Doukkala, et Tadla.
Un après, elle faisait son lot de morts à Casablanca, ou a été crée un premier lazaret, pour y installer les personnes mises en quarantaine. Le mal a aussi fait des victimes à Rabat et Salé, d’où il n’a disparu qu’en 1917, selon un article paru dans la revue française « Histoires des sciences médicales » (édition 1992), signé par trois médecins marocains.
Épidémies du début du 20ème siècle
La variole a prélevé sa part de vies arrachées, en 1913, à Fès, Salé et Casablanca, surtout à Bejaâd, bien que le foyer de l’épidémie fût situé dans la région de Souss. Il a fallu attendre la campagne de vaccination, entamée dans les années 30, pour voir cette maladie maîtrisée.
Au début de la 1ère guerre mondiale, c’est le typhus qui s’étend à Casablanca, Kénitra, Salé et surtout Rabat, provoquant le décès d’une dizaine de personnes quotidiennement dans chacune de ces villes. Causant moins de mort que la peste, le typhus n’en était pas moins plus craint, car aux apparitions plus fréquentes et territorialement plus étendues.
En 1927-1928, ensuite dix ans plus tard, une souche très létale du typhus décime encore les populations au Maroc, Casablanca et Marrakech ayant été les plus touchées. À la fin de la grande guerre, c’est la grippe espagnole qui prélève, à son tour, son lot de morts. Des villages entiers dans le Rif ont été ainsi vidés de leurs habitants.
Depuis que les maristans (hôpitaux) du Maroc ont cessé d’être des hauts lieux de soins de santé et de transmission de savoir scientifique, pour n’être plus que des endroits, baignant dans la superstition, où l’on enferme les fous et les malades, le pays a cessé d’être en capacité de faire face aux récurrentes épidémies qui le frappent.
Sécheresses et famines à répétition, conjugués à l’instabilité politique et aux crises socio-économiques ont tout à la fois favorisé l’expansion des maladies contagieuses et profité de celles-ci pour faire plus de dégâts.
Quand les Français ont commencé à installer l’embryon d’un système de santé publique au Maroc, leur objectif était clairement affiché, à travers un article publié dans la « Vigie marocaine», en date du 1er mai 1926 : « L’intérêt le plus terre à terre incite à penser à nos amis indigènes, ne serait-ce que pour diminuer la probabilité de contagion, ne serait-ce que pour ne pas tarir le réservoir de main d’oeuvre ».
En 1927-1928, ensuite dix ans plus tard, une souche très létale du typhus décime encore les populations au Maroc, Casablanca et Marrakech ayant été les plus touchées. À la fin de la grande guerre, c’est la grippe espagnole qui prélève, à son tour, son lot de morts. Des villages entiers dans le Rif ont été ainsi vidés de leurs habitants.
Depuis que les maristans (hôpitaux) du Maroc ont cessé d’être des hauts lieux de soins de santé et de transmission de savoir scientifique, pour n’être plus que des endroits, baignant dans la superstition, où l’on enferme les fous et les malades, le pays a cessé d’être en capacité de faire face aux récurrentes épidémies qui le frappent.
Sécheresses et famines à répétition, conjugués à l’instabilité politique et aux crises socio-économiques ont tout à la fois favorisé l’expansion des maladies contagieuses et profité de celles-ci pour faire plus de dégâts.
Quand les Français ont commencé à installer l’embryon d’un système de santé publique au Maroc, leur objectif était clairement affiché, à travers un article publié dans la « Vigie marocaine», en date du 1er mai 1926 : « L’intérêt le plus terre à terre incite à penser à nos amis indigènes, ne serait-ce que pour diminuer la probabilité de contagion, ne serait-ce que pour ne pas tarir le réservoir de main d’oeuvre ».
Cette histoire est là pour nous rappeler l’importance d’un système de santé public solide et résilient, un investissement d’intérêt général que les experts du FMI veulent voir des plus réduits, mais dont le besoin apparaît, dans toute sa vitalité, en période de crise.
Ahmed NAJI