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La région de Chefchaouen face au drame du suicide


Rédigé par AB Mardi 6 Août 2019

Motivé par la drogue ou le désespoir, le fléau n’en fait pas moins des ravages



La région de Chefchaouen face au drame du suicide
Encore un autre suicide dans la région de Chefchaouen. Cette fois-ci, c’est une femme âgée de 28 ans qui choisi, le vendredi 2 août, de mettre fin à ses jours. Au-delà du fait divers, le nombre de suicide dans la région de Chefchaouen a atteint, depuis le début de l’année, 25 cas. En 2018, ce furent 30 cas. En remontant plus loin encore, la région de Chefchaouen a enregistré, en 2017, 28 cas de suicide et, en 2016, 30 cas. C’est une véritable tragédie, un fléau qui devient réellement inquiétant.

Pour quelle raison ses gens mettent-ils fin à leur vie ? Quel est le tabou qui entoure cette vague de suicides ? La plupart des cas de suicides, dans cette région, se sont produits en pleine campagne et l’âge moyen des victimes varie entre 12 et 70 ans. L’Observatoire international des médias et des droits de l’homme, installé depuis plusieurs années dans la ville de Chefchaouen, estime que le problème du suicide dans la région est dû à plusieurs raisons, dans la principale reste la pauvreté et la santé mentale défaillante de la plupart des victimes.

Contrairement à ce qui a été écrit dans la presse, la drogue n’a jamais été la cause qui pousse les paysans à quitter le monde des vivants, selon ledit observatoire. Durant les quatre dernières années, un seul cas de suicide dû à la consommation abusive des psychotropes s’était produit dans la ville de Chefchaouen. Tous les autres cas, toujours d’après l’Observatoire International des Médias et des Droits de l’Homme, relèvent du désespoir et aussi de troubles mentaux.

Un grand nombre de victimes souffrait de maladies mentales et, par manque de médecins spécialisés en la matière, elles sont abandonnées à leur triste sort. A signaler, aussi, que l’hôpital psychiatrique de la ville de Chefchaouen ne dispose pas d’un service de soin pour femmes. Il est vrai que deux cas de suicide ont été signalés à la fin de l’année scolaire. Celui d’une jeune fille qui a échoué aux examens du Baccalauréat et d’un jeune garçon qui n’a pas réussi ses tests de passage. A noter, par ailleurs, le suicide de trois femmes, survenu suite à des ruptures de relation amoureuses, qui les a poussé à mettre fin à leur vie.

Les récentes investigations menées sur le terrain par des acteurs associatifs ont révélé que pour comprendre l’origine de ce drame humain, il faut revenir quelques années en arrière. Depuis que le gouvernement a décidé de s’attaquer à la culture du kif, source vitale pour les paysans de la région, plus de 90% des agriculteurs vivent dans la misère absolue. Les nouvelles cultures proposées aux paysans de la région n’ont pas donné les fruits escomptés.

A rappeler, d’autre part, que la région de Chefchaouen est dépourvue de toute zone industrielle. Les jeunes n’ont aucun moyen pour subvenir légalement à leurs besoins, ce qui les pousse au désespoir. L’avenir pour les jeunes de la région de Chefchaouen est très obscur, pour ne pas dire inexistant. Mettre fin à sa vie n’est, bien évidemment, pas une solution, mais c’est la seule qui hante les esprits désespérés.

Abdallah LAHFARI








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