En proie à la subversion djihadiste, le Sahel se voit plongé dans l’inconnu après le retrait des troupes françaises du Mali sur fond de tension diplomatique entre Paris et le nouveau régime de Bamako. La France et ses alliés ont profité du Sommet UE-UA pour annoncer le retrait des forces de la Task Force Takuba qui réunit une dizaine de pays européens et nord-américains aux côtés des forces françaises de l’opération Barkhane.
Cela fait longtemps que la France laisse entendre qu’elle va réduire sa présence militaire dans cette zone où l’animosité à l’égard de Paris ne cesse d’augmenter, ce dont a fait preuve le nouveau régime de transition malien qui a aussitôt expulsé l’ambassadeur français. Un acte sans précédent qui trouve une de ses racines dans des désaccords sur l’affaire des Touaregs.
Bien qu’elle ait redéployé ses troupes dans les pays voisins tels que le Niger et le Tchad, la France compte désormais sur l’appui des pays de la région pour poursuivre la lutte contre les groupes djihadistes. Le Maroc figure parmi ces pays sachant que le président Emmanuel Macron avait déclaré, le 16 février 2021, que le Royaume aurait donné son assentiment pour se réengager dans la région. Ce qui n’a été ni confirmé ni infirmé par les autorités marocaines. Le risque d’une montée du djihadisme et de l’insécurité au Mali peut s’avérer préjudiciable aux intérêts marocains. Le drame des camionneurs tués par des bandes armées en septembre dernier reste encore gravé dans les mémoires.
La menace s’exacerbe
Le Maroc doit-il se sentir préoccupé par le retrait des forces de Barkhane ? Evidemment, pense Hassan Saoudi, ancien Colonel de la Gendarmerie Royale retraité et chercheur associé à l’Institut Royal des Etudes Stratégiques, qui estime que le Royaume considère la zone sahélo-saharienne comme sa « frontière sécuritaire ».
“Le Maroc est d’autant plus concerné par la situation au Sahel qu’il demeure une cible privilégiée des organisations terroristes”, explique l’expert, persuadé que le Mali reste incapable de lutter tout seul contre le terrorisme dans la mesure où il est le « le ventre mou » du dispositif antiterroriste dans la région.
Pour sa part, Nizar Derdabi, analyste en Stratégie internationale, en Défense et Sécurité, pense qu’il n’y a pour l’instant aucune menace sécuritaire directe qui pèse sur le Maroc après le retrait français. Pourtant, notre interlocuteur redoute le scénario où les groupes armés au Mali se prévalent du vide laissé par les soldats de l’opération Barkhane pour intensifier leurs assauts.
“Le Maroc serait fortement menacé si ces groupes armés terroristes parviennent à contrôler et sanctuariser une grande partie du territoire malien, comme cela avait été le cas pour l’Etat Islamique en Irak”, explique doctement M. Derdabi, ajoutant que cela pourrait rendre ces groupes en capacité de perpétrer des actes en dehors du territoire malien et viser les pays voisins.
Le Maroc soutient le G5 Sahel
En effet, le Maroc a toujours manifesté publiquement son soutien au G5 Sahel. L’ex-chef du gouvernement, Saâd Dine El Othmani, a déclaré, le 15 février, au nom du Royaume, que l’engagement militaire des partenaires du G5 Sahel doit se renforcer. En plus, le Maroc a proposé ses services pour la mise en place du Collège de Défense du G5 Sahel à Nouakchott, et pour la formation des officiers originaires des pays frères du Sahel. La mention d’une participation aux opérations militaires n’est pas à l’ordre du jour.
En pensant au long terme, il s’avère que les grandes puissances occidentales n’ont plus ni l’envie ni les moyens économiques et politiques pour s’engager dans des incursions militaires dont le succès est très limité comme c’est le cas de l’opération Barkhane au Sahel, jugée comme un échec par une grande partie de l’opinion française. Ceci donne à penser que les pays de la région sont appelés à assurer leur sécurité en main.
Supposons que le Maroc soit obligé, le cas échéant, d’intervenir militairement, ne serait-ce que par des actions ciblées dans le cadre d’une coalition régionale, dans cette hypothèse, Nizar Derdabi juge que le Royaume est assez expérimenté pour jouer un rôle de premier plan.
“Le Maroc pourra naturellement contribuer à cette sécurité grâce à l’expertise acquise par les FAR dans les missions de maintien de la paix des Nations Unies. Mais il faudra que cette participation s’effectue dans un cadre légal et multilatéral”, met en garde l’ex-officier qui précise que l’armée marocaine est assez préparée pour exécuter des missions de neutralisation des groupes djihadistes.
Selon lui, les FAR disposent du matériel militaire adapté pour résister à des conditions difficiles et de militaires entraînés et rodés à la guerre de contre-insurrection.
De son côté, Hassan Saoudi est tout aussi confiant dans les capacités des FAR. “Le Maroc a toujours montré ses capacités de projection dans le domaine des opérations de maintien de la paix de l’ONU”, indique-t-il.
Par ailleurs, tant que l’intervention militaire n’est pas à l’ordre du jour, le Maroc continue de donner son appui aux pays du Sahel en partageant son expertise dans la lutte antiterroriste. Hassan Saoudi est convaincu que l’implantation du centre africain de formation antiterroriste de l’ONU à Rabat est de nature à apporter une valeur ajoutée.
Au milieu des fracas des armes au Sahel, le Maroc peut agir diplomatiquement pour baisser la tension entre la France et le Mali, dont la rupture est à l’origine du retrait français sachant que le régime malien de transition, visé par des sanctions de la CEDEAO, a fait appel aux milices russes de Wagner. Comme Rabat entretient de bonnes relations avec le régime de Bamako, ce qui s’est manifesté par les nombreuses visites du MAE malien, Abdoulaye Diop au Maroc, nombreux sont les observateurs qui pensent que Rabat est habilité à tenter une médiation.
Ce serait une très bonne nouvelle, selon Emmanuel Dupuy, Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), qui demeure pourtant sceptique quant au succès d’une tentative de médiation pour autant qu’il estime que Paris et Bamako sont actuellement dans une logique d’escalade.
En tout état de cause, au milieu de l’affrontement entre le régime de transition avec la CEDEAO et la France, la diplomatie marocaine tempère les ardeurs et prend une posture équilibriste. Nasser Bourita avait fait part de la confiance du Royaume dans les autorités maliennes. Une façon de rester neutre dans un climat régional brouillé.
Cela fait longtemps que la France laisse entendre qu’elle va réduire sa présence militaire dans cette zone où l’animosité à l’égard de Paris ne cesse d’augmenter, ce dont a fait preuve le nouveau régime de transition malien qui a aussitôt expulsé l’ambassadeur français. Un acte sans précédent qui trouve une de ses racines dans des désaccords sur l’affaire des Touaregs.
Bien qu’elle ait redéployé ses troupes dans les pays voisins tels que le Niger et le Tchad, la France compte désormais sur l’appui des pays de la région pour poursuivre la lutte contre les groupes djihadistes. Le Maroc figure parmi ces pays sachant que le président Emmanuel Macron avait déclaré, le 16 février 2021, que le Royaume aurait donné son assentiment pour se réengager dans la région. Ce qui n’a été ni confirmé ni infirmé par les autorités marocaines. Le risque d’une montée du djihadisme et de l’insécurité au Mali peut s’avérer préjudiciable aux intérêts marocains. Le drame des camionneurs tués par des bandes armées en septembre dernier reste encore gravé dans les mémoires.
La menace s’exacerbe
Le Maroc doit-il se sentir préoccupé par le retrait des forces de Barkhane ? Evidemment, pense Hassan Saoudi, ancien Colonel de la Gendarmerie Royale retraité et chercheur associé à l’Institut Royal des Etudes Stratégiques, qui estime que le Royaume considère la zone sahélo-saharienne comme sa « frontière sécuritaire ».
“Le Maroc est d’autant plus concerné par la situation au Sahel qu’il demeure une cible privilégiée des organisations terroristes”, explique l’expert, persuadé que le Mali reste incapable de lutter tout seul contre le terrorisme dans la mesure où il est le « le ventre mou » du dispositif antiterroriste dans la région.
Pour sa part, Nizar Derdabi, analyste en Stratégie internationale, en Défense et Sécurité, pense qu’il n’y a pour l’instant aucune menace sécuritaire directe qui pèse sur le Maroc après le retrait français. Pourtant, notre interlocuteur redoute le scénario où les groupes armés au Mali se prévalent du vide laissé par les soldats de l’opération Barkhane pour intensifier leurs assauts.
“Le Maroc serait fortement menacé si ces groupes armés terroristes parviennent à contrôler et sanctuariser une grande partie du territoire malien, comme cela avait été le cas pour l’Etat Islamique en Irak”, explique doctement M. Derdabi, ajoutant que cela pourrait rendre ces groupes en capacité de perpétrer des actes en dehors du territoire malien et viser les pays voisins.
Le Maroc soutient le G5 Sahel
En effet, le Maroc a toujours manifesté publiquement son soutien au G5 Sahel. L’ex-chef du gouvernement, Saâd Dine El Othmani, a déclaré, le 15 février, au nom du Royaume, que l’engagement militaire des partenaires du G5 Sahel doit se renforcer. En plus, le Maroc a proposé ses services pour la mise en place du Collège de Défense du G5 Sahel à Nouakchott, et pour la formation des officiers originaires des pays frères du Sahel. La mention d’une participation aux opérations militaires n’est pas à l’ordre du jour.
En pensant au long terme, il s’avère que les grandes puissances occidentales n’ont plus ni l’envie ni les moyens économiques et politiques pour s’engager dans des incursions militaires dont le succès est très limité comme c’est le cas de l’opération Barkhane au Sahel, jugée comme un échec par une grande partie de l’opinion française. Ceci donne à penser que les pays de la région sont appelés à assurer leur sécurité en main.
Supposons que le Maroc soit obligé, le cas échéant, d’intervenir militairement, ne serait-ce que par des actions ciblées dans le cadre d’une coalition régionale, dans cette hypothèse, Nizar Derdabi juge que le Royaume est assez expérimenté pour jouer un rôle de premier plan.
“Le Maroc pourra naturellement contribuer à cette sécurité grâce à l’expertise acquise par les FAR dans les missions de maintien de la paix des Nations Unies. Mais il faudra que cette participation s’effectue dans un cadre légal et multilatéral”, met en garde l’ex-officier qui précise que l’armée marocaine est assez préparée pour exécuter des missions de neutralisation des groupes djihadistes.
Selon lui, les FAR disposent du matériel militaire adapté pour résister à des conditions difficiles et de militaires entraînés et rodés à la guerre de contre-insurrection.
De son côté, Hassan Saoudi est tout aussi confiant dans les capacités des FAR. “Le Maroc a toujours montré ses capacités de projection dans le domaine des opérations de maintien de la paix de l’ONU”, indique-t-il.
Par ailleurs, tant que l’intervention militaire n’est pas à l’ordre du jour, le Maroc continue de donner son appui aux pays du Sahel en partageant son expertise dans la lutte antiterroriste. Hassan Saoudi est convaincu que l’implantation du centre africain de formation antiterroriste de l’ONU à Rabat est de nature à apporter une valeur ajoutée.
Au milieu des fracas des armes au Sahel, le Maroc peut agir diplomatiquement pour baisser la tension entre la France et le Mali, dont la rupture est à l’origine du retrait français sachant que le régime malien de transition, visé par des sanctions de la CEDEAO, a fait appel aux milices russes de Wagner. Comme Rabat entretient de bonnes relations avec le régime de Bamako, ce qui s’est manifesté par les nombreuses visites du MAE malien, Abdoulaye Diop au Maroc, nombreux sont les observateurs qui pensent que Rabat est habilité à tenter une médiation.
Ce serait une très bonne nouvelle, selon Emmanuel Dupuy, Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), qui demeure pourtant sceptique quant au succès d’une tentative de médiation pour autant qu’il estime que Paris et Bamako sont actuellement dans une logique d’escalade.
En tout état de cause, au milieu de l’affrontement entre le régime de transition avec la CEDEAO et la France, la diplomatie marocaine tempère les ardeurs et prend une posture équilibriste. Nasser Bourita avait fait part de la confiance du Royaume dans les autorités maliennes. Une façon de rester neutre dans un climat régional brouillé.
Anass MACHLOUKH
L'info...Graphie
Mali
La CEDEAO frappe à coup de sanctions, le Maroc observe prudemment
Après son arrivée au pouvoir, le régime de transition malien subit des sanctions sévères de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui lui reproche de ne pas respecter le calendrier fixé pour organiser de nouvelles élections démocratiques, prévues en février 2022.
L’Organisation régionale a décidé de fermer les frontières terrestres et aériennes entre les pays de la Communauté et ce pays. Il a été décidé également la suspension de toute aide financière et des transactions commerciales. Pour sa part, le Maroc privilégie la prudence. La diplomatie marocaine appelle à ce que la crise de la transition soit réglée par les Maliens eux-mêmes.
Le Royaume est connu pour son attachement à la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays. Il a également intérêt à rester dans de bons termes avec les pays de la CEDEAO. Rabat s’apprête à rejoindre l’Organisation régionale bien que l’adhésion officielle se fait attendre. Les Etats-membres n’ont pas encore accepté formellement l’adhésion du Maroc bien qu’ils aient donné leur accord de principe en 2018.
L’Organisation régionale a décidé de fermer les frontières terrestres et aériennes entre les pays de la Communauté et ce pays. Il a été décidé également la suspension de toute aide financière et des transactions commerciales. Pour sa part, le Maroc privilégie la prudence. La diplomatie marocaine appelle à ce que la crise de la transition soit réglée par les Maliens eux-mêmes.
Le Royaume est connu pour son attachement à la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays. Il a également intérêt à rester dans de bons termes avec les pays de la CEDEAO. Rabat s’apprête à rejoindre l’Organisation régionale bien que l’adhésion officielle se fait attendre. Les Etats-membres n’ont pas encore accepté formellement l’adhésion du Maroc bien qu’ils aient donné leur accord de principe en 2018.
Lutte anti-terroriste
Le Maroc renforce la vigilance au Sahel
Après le drame du meurtre des camionneurs marocains au Mali, il s’est avéré à quel point les intérêts du Royaume sont menacés et notamment le transport des marchandises vers l’Afrique de l’Ouest, un enjeu vital pour le Maroc. D’où la nécessité d’une veille renforcée des services antiterroristes.
La menace est d’autant plus grande que les groupes djihadistes se sont proliférés et que les organisations telles qu’Al-Qaïda et les vestiges de Daech se sont alliés les unes aux autres. Le directeur du Bureau Central d’Investigations Judiciaires (BCIJ), Habboub Cherkaoui, nous a confié, dans une précédente interview, que le Maroc est engagé avec ses partenaires, aussi bien les pays africains amis que les partenaires européens, à renforcer la coopération dans cette région pour faire face à l’installation de Daech et le réveil des groupes affiliés à Al-Qaïda.
Le soutien du Maroc aux efforts du G5 Sahel en matière de Renseignement et de formation demeure important étant donné que cette coalition a montré ses limites, souligne Nizar Derdabi, ajoutant que le niveau de formation des armées de ces pays ainsi que le niveau de leur autonomie dépendent beaucoup des forces de Barkhane et de Takuba.
En cas d’engagement militaire, le Maroc doit éviter l’erreur qu’ont commise les Français, met en garde M. Derdabi, soulignant la nécessité que toute intervention soit légitime et approuvée par les populations locales. Dans ce contexte, les forces de coalition étrangères devront se limiter au soutien des forces nationales des pays du Sahel en fournissant un appui logistique et opérationnel, explique l’expert.
La menace est d’autant plus grande que les groupes djihadistes se sont proliférés et que les organisations telles qu’Al-Qaïda et les vestiges de Daech se sont alliés les unes aux autres. Le directeur du Bureau Central d’Investigations Judiciaires (BCIJ), Habboub Cherkaoui, nous a confié, dans une précédente interview, que le Maroc est engagé avec ses partenaires, aussi bien les pays africains amis que les partenaires européens, à renforcer la coopération dans cette région pour faire face à l’installation de Daech et le réveil des groupes affiliés à Al-Qaïda.
Le soutien du Maroc aux efforts du G5 Sahel en matière de Renseignement et de formation demeure important étant donné que cette coalition a montré ses limites, souligne Nizar Derdabi, ajoutant que le niveau de formation des armées de ces pays ainsi que le niveau de leur autonomie dépendent beaucoup des forces de Barkhane et de Takuba.
En cas d’engagement militaire, le Maroc doit éviter l’erreur qu’ont commise les Français, met en garde M. Derdabi, soulignant la nécessité que toute intervention soit légitime et approuvée par les populations locales. Dans ce contexte, les forces de coalition étrangères devront se limiter au soutien des forces nationales des pays du Sahel en fournissant un appui logistique et opérationnel, explique l’expert.
3 questions à Emmanuel Dupuy
« Si le Maroc propose une médiation entre Paris et Bamako, ça sera une bonne chose »
Emmanuel Dupuy, Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), a répondu à nos questions sur le retrait français du Mali et le rôle du Maroc dans la stabilisation du Sahel.
-La France et ses alliés ont quitté le Mali, quelles seront les répercussions sur le futur de la présence française au Sahel ?
- Il est clair que le retrait des forces françaises du Mali et leur redéploiement dans les pays voisins se fera dans le temps long. Emmanuel Macron a fait savoir que ce redéploiement ne se fera pas immédiatement pour des raisons de sécurité. Ça prendra au minimum six mois puisqu’il faut repositionner les troupes dans les pays voisins tel que le Niger, dont l’Assemblée nationale devrait examiner cette question.
Une fois la présence française dispatchée sur les pays voisins tels que la Côte d’Ivoire et le Bénin ou le Togo, il va falloir penser à gérer le redéploiement dans les pays ayant manifesté une hostilité à la présence française. Au Tchad, les choses sont plus simples puisque le régime en place approuve le renforcement des bases françaises installées sur son sol sachant que 1200 soldats y sont déployés depuis l’opération Epervier en 1986.
- Concernant la crise entre Paris et Bamako, est-ce que le Maroc peut tenter une médiation fructueuse ?
- Je ne crois pas à cette possibilité, puisqu’actuellement, la France et le Mali sont dans une logique de rupture. La France n’a formulé, pour l’instant, aucune demande de médiation. Si le Maroc propose par lui-même une offre de médiation, ça sera une bonne chose. Mais j’en doute fort parce que le Maroc a lui-même des intérêts avec la CEDEAO. Cette tentative de médiation pourrait être perçue comme une intrusion. Cependant, le Maroc pourrait jouer un rôle dans la crise malienne au niveau du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA.
- Après l’arrivée des milices de Wagner au Mali, peut-on s’attendre à une guerre d’influence entre la France et la Russie au Sahel ?
- Il s’agit, en fait, d’une réalité qu’on observe depuis des années. Le groupe Wagner a profité de la dégradation des relations entre Paris et Bamako depuis l’arrivée du nouveau régime pour entrer au Mali. La Russie a renforcé sa coopération avec les pays de la région, comme le Mali et la Mauritanie sur le plan militaire. J’en cite celui signé en 2019 avec le Mali. Le groupe Wagner profite du recul de la France dans les pays de la région pour gagner plus d’influence. Ce phénomène s’est produit en République centrafricaine.
-La France et ses alliés ont quitté le Mali, quelles seront les répercussions sur le futur de la présence française au Sahel ?
- Il est clair que le retrait des forces françaises du Mali et leur redéploiement dans les pays voisins se fera dans le temps long. Emmanuel Macron a fait savoir que ce redéploiement ne se fera pas immédiatement pour des raisons de sécurité. Ça prendra au minimum six mois puisqu’il faut repositionner les troupes dans les pays voisins tel que le Niger, dont l’Assemblée nationale devrait examiner cette question.
Une fois la présence française dispatchée sur les pays voisins tels que la Côte d’Ivoire et le Bénin ou le Togo, il va falloir penser à gérer le redéploiement dans les pays ayant manifesté une hostilité à la présence française. Au Tchad, les choses sont plus simples puisque le régime en place approuve le renforcement des bases françaises installées sur son sol sachant que 1200 soldats y sont déployés depuis l’opération Epervier en 1986.
- Concernant la crise entre Paris et Bamako, est-ce que le Maroc peut tenter une médiation fructueuse ?
- Je ne crois pas à cette possibilité, puisqu’actuellement, la France et le Mali sont dans une logique de rupture. La France n’a formulé, pour l’instant, aucune demande de médiation. Si le Maroc propose par lui-même une offre de médiation, ça sera une bonne chose. Mais j’en doute fort parce que le Maroc a lui-même des intérêts avec la CEDEAO. Cette tentative de médiation pourrait être perçue comme une intrusion. Cependant, le Maroc pourrait jouer un rôle dans la crise malienne au niveau du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA.
- Après l’arrivée des milices de Wagner au Mali, peut-on s’attendre à une guerre d’influence entre la France et la Russie au Sahel ?
- Il s’agit, en fait, d’une réalité qu’on observe depuis des années. Le groupe Wagner a profité de la dégradation des relations entre Paris et Bamako depuis l’arrivée du nouveau régime pour entrer au Mali. La Russie a renforcé sa coopération avec les pays de la région, comme le Mali et la Mauritanie sur le plan militaire. J’en cite celui signé en 2019 avec le Mali. Le groupe Wagner profite du recul de la France dans les pays de la région pour gagner plus d’influence. Ce phénomène s’est produit en République centrafricaine.
Recueillis par A. M.