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International

Le baril à moins de 0 dollar

Etats-Unis / Pétrole


Mercredi 22 Avril 2020

La crise de l’offre, de la demande et du stockage est telle qu’un baril de brut américain valait -37.63 dollars le 20 avril.



Le baril à moins de 0 dollar
C’est à un troublant spectacle qu’ont pu assister traders et curieux hier: le cours d’une matière première passant sous 0 dollar: à la clôture du marché, le prix du baril de pétrole WTI affichait un très étonnant -37.63 dollars [-34,56 euros].

Avec la mise à l’arrêt de l’industrie mondiale –ainsi que des automobilistes, semi remorques ou avions qui la font tourner– la demande en or noir est à l’arrêt. Aussi les producteurs américains tentent depuis quelques semaines de trouver des solutions de stockage aux surplus non-vendus, les capacités naturelles du marché étant saturées.

Si tout le marché du brut s’effondre depuis le début des crises sanitaire et économique, c’est le baril du « crude » produit aux États-Unis, le West Texas Intermediate, qui a vu son prix devenir négatif.

Ces dernières années, le pays est devenu le plus grand producteur d’hydrocarbures au monde, grâce à de lourds investissements dans la fracturation hydraulique notamment.

Des sommes englouties dans un secteur qui, avant-même cette crise, était déjà loin de la rentabilité, voire proche de l’effondrement, sous le poids de dettes qu’un baril trop bon marché ne permettait pas de rembourser.

Sombres perspectives

Le marché concerné par ce prix négatif –une première pour lui– est un marché particulier, celui des contrats à terme. Ce n’est pas l’ensemble du pétrole américain ou mondial qui s’est retrouvé subitement à -40 dollars le baril, mais celui concerné par les contrats d’avril, qui arrivaient à échéance le 21 avril.

Schématiquement, les acheteurs qui auraient dû avoir des besoins réels –les raffineries ou les compagnies aériennes notamment– n’en avaient plus. Investisseurs et spéculateurs, dans un marché désormais très largement financiarisé, se sont retrouvés avec des océans de pétrole brut sur les bras, qu’il leur a fallu vendre en masse avant expiration du terme. Mais s’ils résistent, les contrats pour mai et juin souffrent eux aussi, signe que la confiance en un retour de la demande est loin d’être solide.

La frénésie qui a envoyé les prix en territoire négatif lundi pour la première fois s’explique par la hâte des vendeurs de trouver un acheteur en mesure de prendre physiquement possession de la marchandise.

« Le contrat sur le WTI pour mai expire mardi, ce qui force tous les détenteurs de ce contrat à accepter les livraisons physiques », a expliqué dans une note ANZ Bank.

Avec les capacités de stockage qui se remplissent rapidement (...) on craint qu’il n’y ait aucun endroit pour l’entreposer ».

L’effondrement de lundi, expliquent les analystes, est dû en partie à la saturation du dépôt pétrolier de Cushing, dans l’Oklahoma, un des plus importants des Etats-Unis.

Le marché, soulignent les opérateurs, se focalise désormais sur les contrats pour juin. Pour ces derniers, le baril valait mardi matin en Asie plus de 21 dollars, contre 20,43 dollars à la clôture à New York la veille.

Ce qu’il adviendra lorsque ces contrats arriveront à leur tour à terme dépendra de divers facteurs. Au premier desquels la demande mondiale, qui pourrait reprendre si les industries réouvrent rapidement, mais qui pourrait rester basse si le monde s’enfonce dans la récession.

L’offre a également un rôle à jouer. Comme une armistice à la guerre des prix entre l’Arabie Saoudite et la Russie, l’accord trouvé entre les membres de l’OPEP+, dont Donald Trump n’a cessé de se vanter, aurait dû dynamiser les marchés et tirer les prix vers le haut.

La coupure du robinet, à hauteur de 9,7 millions de barils en moins par jour, n’a semble-t-il pas été suffisante pour limiter la casse.

Ce dont la Russie et l’Arabie Saoudite, peut-être en passe de se délester de ce concurrent américain devenu trop gênant, se réjouissent peut-être.








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