Noureddine Akkouri, président de la FNAPEM
- Depuis le déclenchement de la crise entre les parents d’élèves et les écoles privées après l’entrée en vigueur de l’état d’urgence et du changement du mode d’enseignement qui s’en est suivi, le ministre de l’Education nationale, Saaïd Amzazi, affirme que le ministère ne peut intervenir qu’au niveau pédagogique. Le côté financier reste alors flou. Cela joue-t-il en faveur des écoles privées ?
- Absolument pas. Le confinement a certes, été un coup dur pour les écoles privées, qui risquent de ne plus attirer les élèves et leurs parents, et perdre ainsi leur clientèle. Depuis l’entrée en vigueur de l’état d’urgence au royaume, fin mars dernier, les écoles privées exigeaient des parents d’élèves de s’acquitter des mêmes frais payés en présentiel. Une décision refusée par ces derniers qui jouaient le rôle de l’enseignant et de l’administration, en assurant à leurs enfants les outils électroniques et le suivi pédagogique. Le ministère de tutelle avait refusé de réaliser une évaluation pédagogique et qualitative de l’enseignement à distance assuré par des écoles privées, sous prétexte de manque de moyens. Les tarifs de scolarisation n’ont donc pas été fixés. Dans ce sens, nous avons tenu une réunion avec le Conseil de la Concurrence en vue de définir prochainement, une fois pour toute, les frais de scolarisation, d’inscription, d’assurance et de transport, dans la loi-cadre n°51.17 relative au système de l’éducation, de l’enseignement, de la formation et de la recherche scientifique. A quelques jours de la rentrée scolaire 2020-2021, la vision n’est pas claire autour du lien unissant les familles et les écoles privées. Normalement, le ministre de l’Enseignement doit gérer tout l’environnement de l’enseignement, dont le côté financier. Il peut publier une circulaire pour définir le tout. Il est responsable de tout le secteur. Par ailleurs, il est facile d’appliquer l’enseignement à distance dans les écoles privées. La question qui se pose est-ce que les parents vont payer les mêmes frais habituels? Des questions dont nous attendons toujours des réponses.
- Quelle est votre évaluation de l’expérience de l’éducation à distance ? A quel point sera-t-elle efficace au cours de la prochaine année scolaire ?
- L’enseignement à distance ne garantira pas des chances égales aux élèves et étudiants. C’est la conviction de notre Fédération et du ministère de l’Education nationale, qui considère que ce type d’enseignement accentue le gap des inégalités des chances et des disparités sociales. Principalement parce que de nombreuses villes et régions rurales n’ont pas accès à Internet. C’est d’ailleurs le cas de plusieurs quartiers de grandes villes marocaines. Donc l’enseignement à distance ne pourra pas réaliser ses objectifs. La preuve en est que les examens n’ont pas été faits à distance. C’est une bonne chose à investir dans le futur, en complémentarité avec l’enseignement en présentiel. L’enregistrement des cours dans un studio spécial, la formation des enseignants et la production d’un contenu interactif sont les bons ingrédients d’un enseignement à distance réussi.
- Comment, selon vous, le ministère de tutelle aurait pu procéder pour choisir la meilleure formule d’une bonne rentrée scolaire ?
- D’abord, il fallait impliquer toutes les parties prenantes et intervenants dans cette décision. En plus, le Conseil Scientifique doit montrer comment procéder, en fonction de l’évolution de la situation épidémiologique. En termes de propositions, selon des experts du domaine, le nombre de semaines d’enseignement pourrait être réduit exceptionnellement, de 34 à 17 par exemple. Le ministère aurait pu favoriser l’enseignement en groupe, ce qui permettrait de respecter les mesures à distance. La solution n’est pas de faire un dépistage chaque semaine.
- Absolument pas. Le confinement a certes, été un coup dur pour les écoles privées, qui risquent de ne plus attirer les élèves et leurs parents, et perdre ainsi leur clientèle. Depuis l’entrée en vigueur de l’état d’urgence au royaume, fin mars dernier, les écoles privées exigeaient des parents d’élèves de s’acquitter des mêmes frais payés en présentiel. Une décision refusée par ces derniers qui jouaient le rôle de l’enseignant et de l’administration, en assurant à leurs enfants les outils électroniques et le suivi pédagogique. Le ministère de tutelle avait refusé de réaliser une évaluation pédagogique et qualitative de l’enseignement à distance assuré par des écoles privées, sous prétexte de manque de moyens. Les tarifs de scolarisation n’ont donc pas été fixés. Dans ce sens, nous avons tenu une réunion avec le Conseil de la Concurrence en vue de définir prochainement, une fois pour toute, les frais de scolarisation, d’inscription, d’assurance et de transport, dans la loi-cadre n°51.17 relative au système de l’éducation, de l’enseignement, de la formation et de la recherche scientifique. A quelques jours de la rentrée scolaire 2020-2021, la vision n’est pas claire autour du lien unissant les familles et les écoles privées. Normalement, le ministre de l’Enseignement doit gérer tout l’environnement de l’enseignement, dont le côté financier. Il peut publier une circulaire pour définir le tout. Il est responsable de tout le secteur. Par ailleurs, il est facile d’appliquer l’enseignement à distance dans les écoles privées. La question qui se pose est-ce que les parents vont payer les mêmes frais habituels? Des questions dont nous attendons toujours des réponses.
- Quelle est votre évaluation de l’expérience de l’éducation à distance ? A quel point sera-t-elle efficace au cours de la prochaine année scolaire ?
- L’enseignement à distance ne garantira pas des chances égales aux élèves et étudiants. C’est la conviction de notre Fédération et du ministère de l’Education nationale, qui considère que ce type d’enseignement accentue le gap des inégalités des chances et des disparités sociales. Principalement parce que de nombreuses villes et régions rurales n’ont pas accès à Internet. C’est d’ailleurs le cas de plusieurs quartiers de grandes villes marocaines. Donc l’enseignement à distance ne pourra pas réaliser ses objectifs. La preuve en est que les examens n’ont pas été faits à distance. C’est une bonne chose à investir dans le futur, en complémentarité avec l’enseignement en présentiel. L’enregistrement des cours dans un studio spécial, la formation des enseignants et la production d’un contenu interactif sont les bons ingrédients d’un enseignement à distance réussi.
- Comment, selon vous, le ministère de tutelle aurait pu procéder pour choisir la meilleure formule d’une bonne rentrée scolaire ?
- D’abord, il fallait impliquer toutes les parties prenantes et intervenants dans cette décision. En plus, le Conseil Scientifique doit montrer comment procéder, en fonction de l’évolution de la situation épidémiologique. En termes de propositions, selon des experts du domaine, le nombre de semaines d’enseignement pourrait être réduit exceptionnellement, de 34 à 17 par exemple. Le ministère aurait pu favoriser l’enseignement en groupe, ce qui permettrait de respecter les mesures à distance. La solution n’est pas de faire un dépistage chaque semaine.
Recueillis par
Safaa KSAANI
Portrait
La défense des droits des parents d’élèves, une expérience de vie
S. K.
Né à Safi en 1959, Noureddine Akkouri est issu d’une famille modeste, dont le père était pêcheur. Cet enseignant et défenseur des droits d’élèves est père de trois enfants, dont un diplômé de l’Ecole Mohammadia d’Ingénieurs, une diplômée en informatique de l’ENSAM, et un Doctorant en BTP. Ils ont tous suivi leurs études en école publique. L’accompagnement de ses enfants l’a motivé pour défendre les droits d’autres parents d’élèves.
L’actuel président de la Fédération Nationale des Associations de Parents d’Elèves au Maroc (FNAPEM) a suivi un long chemin de militantisme avant d’arriver à faire entendre sa voix. Au début de son parcours, il a présidé une association de parents d’élèves des classes préparatoires à Marrakech, où il est basé actuellement, et d’autres associations de parents d’élèves dans d’autres écoles. Entre temps, il a gagné de l’expérience, pour devenir responsable provincial, régional puis nationale de la Fédération.
Nombreuses sont les activités qu’il a menées au sein de la Fédération. “Nous avons commencé par organiser des cours pour la lutte contre l’analphabétisme et pour les élèves issus de zones reculées et marginalisées, gratuitement. Nous avons également formé des associations et des personnes pour mieux gérer leurs établissements scolaires”, nous liste-t-il ses réalisations.
La Fédération ne s’arrête pas là. D’autres projets sont en cours de réalisation, en partenariat avec des associations et intervenants. Le prochain sera la mise à disposition d’une plate-forme d’enseignement à distance, développée avec un ensemble d’ingénieurs en informatique, au profit des élèves des zones reculées.
L’actuel président de la Fédération Nationale des Associations de Parents d’Elèves au Maroc (FNAPEM) a suivi un long chemin de militantisme avant d’arriver à faire entendre sa voix. Au début de son parcours, il a présidé une association de parents d’élèves des classes préparatoires à Marrakech, où il est basé actuellement, et d’autres associations de parents d’élèves dans d’autres écoles. Entre temps, il a gagné de l’expérience, pour devenir responsable provincial, régional puis nationale de la Fédération.
Nombreuses sont les activités qu’il a menées au sein de la Fédération. “Nous avons commencé par organiser des cours pour la lutte contre l’analphabétisme et pour les élèves issus de zones reculées et marginalisées, gratuitement. Nous avons également formé des associations et des personnes pour mieux gérer leurs établissements scolaires”, nous liste-t-il ses réalisations.
La Fédération ne s’arrête pas là. D’autres projets sont en cours de réalisation, en partenariat avec des associations et intervenants. Le prochain sera la mise à disposition d’une plate-forme d’enseignement à distance, développée avec un ensemble d’ingénieurs en informatique, au profit des élèves des zones reculées.
S. K.
Repères
Les écoles privées défavorables à l’enseignement à distance
Les établissements d’enseignement privé au Maroc souhaitent reprendre les cours en présentiel à la rentrée prochaine. Leurs représentants l’ont fait savoir, jeudi 6 courant à Rabat, lors d’une réunion avec le chef du gouvernement et le ministre de l’Education. Les représentants de l’enseignement privé ont plaidé pour des cours en présentiel l’année prochaine, étant donné que l’enseignement à distance posera de nombreux problèmes à la fois pour les établissements scolaires que pour les familles, outre ses répercussions néfastes aux niveaux financier, social et scolaire.
Frais de scolarité : ce que dit la loi 06.00
En examinant la loi n° 06.00, formant statut de l’enseignement scolaire privé, en aucun cas « l’aspect financier » en cas d’arrêt des cours suite à une crise quelconque et l’instauration de l’enseignement à distance, n’a été explicité. C’est ce que nous a confirmé M. Khalid Benichou, Directeur des Affaires Juridiques et du Contentieux au MEN. « Actuellement, la loi n° 06.00 doit être revue pour bien définir et cadrer la relation entre les établissements privés et les parents, sur le plan financier».
Bilan de l’enseignement à distance pendant le confinement
L’enseignement à distance a été une rude épreuve pour l’ensemble des élèves marocains. Le ministre de l’Education nationale avait annoncé que près de 6000 contenus numériques ont été mis en place avec 600.000 visites quotidiennes de la plate-forme TelmidTICE. En revanche, le HCP indique que, suite au report et l’annulation des examens, l’intérêt des élèves pour les cours a fortement chuté, sachant que 60% des élèves ont déclaré une baisse du temps consacré aux activités scolaires. En outre, les élèves des zones rurales ont eu des difficultés d’accès aux contenus numériques.