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Les Marocains bloqués à l’étranger montent au créneau

Appels et sit-in


Rédigé par Safaa KSAANI Vendredi 8 Mai 2020

Fatigués d’attendre la réaction du gouvernement, les Marocains bloqués à l’étranger descendent en masse dans les rues, à partir du 11 mai.



Les Marocains bloqués à l’étranger montent au créneau
Après la fermeture des frontières aériennes et maritimes, dès le 12 mars, pour faire face à la propagation de la pandémie du Coronavirus dans le monde, de nombreux appels à la rescousse ont été envoyés par les Marocains bloqués à l’étranger, sous forme de lettres, restées mortes jusqu’à présent.

En détresse, des Marocains bloqués un peu partout à travers le monde, avaient signé des lettres adressées aux autorités compétentes, où ils demandent de la même voix à être rapatriés, après avoir quitté le territoire national temporairement, pour des fins professionnelles, médicales ou touristiques.

Si le dossier des Marocains bloqués à l’étranger ou “les oubliés du Maroc”, comme ils se définissent actuellement, est pris à la légère par le gouvernement marocain, le Comité national de suivi du dossier des Marocains bloqués se mobilise en leur faveur.

Après deux mois de blocage, durant lesquels le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger n’a pas révélé de plan de rapatriement, le Comité, créé par des associatifs et militants des droits de l’Homme pour coordonner les actions du rapatriement des Marocains bloqués à l’étranger et le retour des MRE vers leurs pays de résidence, a réagi par écrit.

Dans une lettre envoyée au chef du gouvernement, au ministre des Affaires étrangères et aux présidents des deux Chambres du parlement et aux associatifs, les membres du Comité national chargé du dossier demandent l’annonce d’un plan national, en urgence, pour le retour de l’ensemble des Marocains bloqués, en précisant les délais, les dispositions et le budget alloué à cette opération.

La date du premier sit-in fixée

Marre d’attendre, les Marocains bloqués à l’étranger attendent la première heure du déconfinement pour réagir ensemble. Ils répondent présents aux appels à participation aux sit-in, lancés sur les réseaux sociaux.

“A partir du 11 mai, à 13 heures, 1er jour du déconfinement en France, la première vague des protestations sera organisée. D’autres sit-in seront tenus ultérieurement devant les consulats des pays où se trouvent les Marocains bloqués”, nous informe M. Hadj Chafiq, coordinateur du Parti de l’Istiqlal en Europe.

“Comme dans toute manifestation, les protestants sont proches les uns des autres. Compte tenu des circonstances actuelles, marquées par la propagation du virus, j’ai peur que ces manifestations soient la source d’une deuxième vague de contaminations par le Covid-19”, déplore M. Hadj Chafiq, et d’ajouter que “les mesures de protection relèvent de la propre responsabilité des participants”.

Safaa KSAANI

3 questions à Mohammed El Aouni

Mohammed El Aouni
Mohammed El Aouni
“Des Lobbies sont derrière ce retard”
 
Le président de l’Organisation pour les libertés d’Information et d’Expression-Hatem (OLIE), membre du Comité national de suivi du dossier des Marocains bloqués à l’étranger, nous plonge dans les coulisses du retard du rapatriement. 

- Croyez-vous que votre lettre au chef du gouvernement, au ministre des Affaires Étrangères et aux présidents des deux chambres du Parlement aura de l’effet?
- Notre lettre, envoyée le 6 mai, est essentiellement un geste de soutien aux Marocains bloqués. C’est vrai que notre gouvernement a surtout brillé par sa surdité face à ce genre d’initiatives. Toutefois, nous espérons que notre lettre ne subisse pas le même sort. À travers cette lettre nous voulons rappeler au gouvernement qu’il n’est pas face à un dossier administratif mais à un dossier humain et de société. Jusqu’à présent, nous n’avons eu aucun retour du ministère. Nous attendons leur feed-back dans les prochains jours. Nous comprenons que c’est une opération compliquée.

- Les moyens financiers, serait-ce cela qui manque pour effectuer le rapatriement ?
- Non, ce n’est pas une question de moyens financiers. Le Fonds spécial dédié à la gestion de la pandémie du Coronavirus est suffisant pour réaliser cette opération. De plus, certains de ces Marocains bloqués ont exprimé leur volonté et capacité de payer tous leurs frais. Par ailleurs, des pays moins riches que nous ont commencé à rapatrier leurs citoyens bloqués à l’étranger.

- Où réside donc le problème ?
- Une harmonie entre la nature politique du gouvernement et ses fonctions, c’est ce qui manque. Le gouvernement traite ce dossier comme s’il s’agit d’étrangers et non de Marocains. Il faut adapter les politiques aux besoins des Marocains, et non pas l’inverse.
De plus, des Lobbies sont derrière le retard de ce rapatriement, en essayant d’exploiter le Fonds national au traitement d’autres secteurs.

Recueillis par S. K








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