L’Union des Ecrivains du Maroc (UEM) regrouperait en son sein quelque 500 auteurs. Beaucoup, néanmoins, restent en dehors de cette institution et refusent même l’idée d’une adhésion. Driss Ksikes dira ainsi : « Non, je ne suis pas membre. Je ne crois pas à ces boutiques de représentation dans le monde de l’art et la littérature. Quand on est écrivain, il faut s’assurer qu’on le devienne constamment, à l’épreuve d’écriture, non s’en enorgueillir comme d’un statut ». Driss Ksikes n’en est pas à sa première œuvre. Essai, roman, théâtre, il est sur plusieurs fronts, avec une carrière journalistique sur la durée et dans la recherche, affirmée et reconnue.
Auteur de romans, d’un recueil de nouvelles et d’un ensemble de chroniques littéraires, sans oublier des contributions à des ouvrages collectifs, Abdellah Baida est tout aussi formel, avec une flèche quant à la conjoncture de confusion que traverse l’Union des Ecrivains du Maroc, au vu des conflits de succession à la présidence qui s’y déroulent : « Je ne suis pas membre de l’Union des Ecrivains du Maroc, d’ailleurs je ne sais pas si je suis vraiment écrivain ... Je suis professeur de lettres, ça c’est sûr! Plus sérieusement, je me méfie un peu des «structures», on y perd beaucoup plus qu’on n’y gagne surtout par rapport à l’écriture qui est une occupation fondamentalement solitaire... J’ai besoin d’être libre pour écrire. Toutefois ce genre de structure pourrait être utile si c’est bien géré... Or pour le moment, je n’ai pas l’impression que ce soit le cas! ».
Un monopole partisan de fait
Rachid Khales insistera également sur la crise de leadership que traverse l’Union des Ecrivains du Maroc, tout en affirmant : « Je n’ai jamais cherché à adhérer à cette organisation qui - à l’époque : j’entends, suite à la parution de mes premiers recueils, Cantiques du désert et Dissidences, était tour à tour sous tutelle de deux partis pour la simple raison que je tenais à ma liberté. C’était un choix personnel. Aujourd’hui, je suis membre de la Maison de la poésie au Maroc et j’y suis bien. Ça me suffit. Quant à l’Union des écrivains du Maroc, elle est devenue une curée pour certains. Et moi, je ne mange pas dans de telles assiettes ». L’alternance dont parle Rachid Khales Istiqlal-USFP n’a plus cours depuis le milieu des années 70, avec l’éviction de Abdelkrim Ghellab de la présidence de cette institution. Depuis ce congrès, c’est une sorte de monopole de fait qui s’est installée sur les instances de l’Union des Ecrivains du Maroc.
Ce doute sur la qualité d’écrivain qu’exprime Abdellah Baida est partagé, également, par Driss Jaydane : « Je ne suis pas membre de ladite association, et je n’y ai pas été invité du reste, je crois ne pas être considéré comme un écrivain, ce qui me convient très bien, du reste ».
Qu’est-ce qu’un écrivain ?
Vaste débat… et quelles sont les conditions d’éligibilité à l’Union des Ecrivains du Maroc ? A majorité arabophone, l’adhésion est soumise à la publication d’au moins deux ouvrages, dans la langue de travail de l’auteur. Les ouvrages publiés à compte d’auteur ne sont pas acceptés. Une sorte de comité de lecture au sein de l’UEM décident de la qualité littéraire des œuvres présentées avec la demande d’adhésion ? Les écrivains amazighophones y ont gagné leurs sièges dans les années 80, avec une crise ouverte… et vite fermée, durant le même congrès. L’adhésion n’est ainsi pas automatique et l’auteur doit en faire la demande.
Les écrivains connaissent-ils ce processus d’adhésion ? Pas nécessairement, comme en témoigne Souad Jamaï qui doute, par ailleurs, de son statut d’écrivain : « Non je ne suis pas membre. On ne me l’a jamais proposé... je ne savais pas que cette association existait et je suis encore mal à l’aise quant à prétendre être écrivain, donc je ne fais pas spontanément ce genre de démarche, mais si on me le proposait... ». De la même génération d’écrivains, Salima Louafa apporte sensiblement la même réponse à la question « Etes-vous membre de l’Union des Ecrivains du Maroc ? » : « La réponse est non et la raison est tout simplement parce qu’on ne m’en a jamais parlé ! ».
Mamoun Lahbabi dira pour sa part « Je n’y ai jamais pensé. Mais l’éventualité n’est pas exclue », avant d’ajouter « Peut être que si l’UEM était plus active, les écrivains y seraient plus attirés. En tout état de cause je soutiens toutes les institutions fédérant les créateurs ».
Ce tour d’horizon montre une chose : les clivages linguistiques qui existent au sein de l’UEM même, l’absence de son implication et de son engagement, au niveau de l’information publique, dans la recherche de nouveaux membres. L’absence des écrivains francophones de cette instance alors même que l’édition en langue française tourne à plein régime est un handicap en soi. Elle rappelle la crise des années 80 qui a vu les écrivains amazighophones monter au front comme elle rappelle la création, dans les années 60, de L’Union des Ecrivains du Maghreb Arabe, rejetée en son intitulé par Mouloud Mammeri. Présidée à la naissance par Mohamed Aziz Lahbabi, l’Union des Ecrivains du Maghreb Arabe donnera l’Union des Ecrivains du Maroc, l’Union des Ecrivains Algériens et l’Union des Ecrivains Tunisiens.
Auteur de romans, d’un recueil de nouvelles et d’un ensemble de chroniques littéraires, sans oublier des contributions à des ouvrages collectifs, Abdellah Baida est tout aussi formel, avec une flèche quant à la conjoncture de confusion que traverse l’Union des Ecrivains du Maroc, au vu des conflits de succession à la présidence qui s’y déroulent : « Je ne suis pas membre de l’Union des Ecrivains du Maroc, d’ailleurs je ne sais pas si je suis vraiment écrivain ... Je suis professeur de lettres, ça c’est sûr! Plus sérieusement, je me méfie un peu des «structures», on y perd beaucoup plus qu’on n’y gagne surtout par rapport à l’écriture qui est une occupation fondamentalement solitaire... J’ai besoin d’être libre pour écrire. Toutefois ce genre de structure pourrait être utile si c’est bien géré... Or pour le moment, je n’ai pas l’impression que ce soit le cas! ».
Un monopole partisan de fait
Rachid Khales insistera également sur la crise de leadership que traverse l’Union des Ecrivains du Maroc, tout en affirmant : « Je n’ai jamais cherché à adhérer à cette organisation qui - à l’époque : j’entends, suite à la parution de mes premiers recueils, Cantiques du désert et Dissidences, était tour à tour sous tutelle de deux partis pour la simple raison que je tenais à ma liberté. C’était un choix personnel. Aujourd’hui, je suis membre de la Maison de la poésie au Maroc et j’y suis bien. Ça me suffit. Quant à l’Union des écrivains du Maroc, elle est devenue une curée pour certains. Et moi, je ne mange pas dans de telles assiettes ». L’alternance dont parle Rachid Khales Istiqlal-USFP n’a plus cours depuis le milieu des années 70, avec l’éviction de Abdelkrim Ghellab de la présidence de cette institution. Depuis ce congrès, c’est une sorte de monopole de fait qui s’est installée sur les instances de l’Union des Ecrivains du Maroc.
Ce doute sur la qualité d’écrivain qu’exprime Abdellah Baida est partagé, également, par Driss Jaydane : « Je ne suis pas membre de ladite association, et je n’y ai pas été invité du reste, je crois ne pas être considéré comme un écrivain, ce qui me convient très bien, du reste ».
Qu’est-ce qu’un écrivain ?
Vaste débat… et quelles sont les conditions d’éligibilité à l’Union des Ecrivains du Maroc ? A majorité arabophone, l’adhésion est soumise à la publication d’au moins deux ouvrages, dans la langue de travail de l’auteur. Les ouvrages publiés à compte d’auteur ne sont pas acceptés. Une sorte de comité de lecture au sein de l’UEM décident de la qualité littéraire des œuvres présentées avec la demande d’adhésion ? Les écrivains amazighophones y ont gagné leurs sièges dans les années 80, avec une crise ouverte… et vite fermée, durant le même congrès. L’adhésion n’est ainsi pas automatique et l’auteur doit en faire la demande.
Les écrivains connaissent-ils ce processus d’adhésion ? Pas nécessairement, comme en témoigne Souad Jamaï qui doute, par ailleurs, de son statut d’écrivain : « Non je ne suis pas membre. On ne me l’a jamais proposé... je ne savais pas que cette association existait et je suis encore mal à l’aise quant à prétendre être écrivain, donc je ne fais pas spontanément ce genre de démarche, mais si on me le proposait... ». De la même génération d’écrivains, Salima Louafa apporte sensiblement la même réponse à la question « Etes-vous membre de l’Union des Ecrivains du Maroc ? » : « La réponse est non et la raison est tout simplement parce qu’on ne m’en a jamais parlé ! ».
Mamoun Lahbabi dira pour sa part « Je n’y ai jamais pensé. Mais l’éventualité n’est pas exclue », avant d’ajouter « Peut être que si l’UEM était plus active, les écrivains y seraient plus attirés. En tout état de cause je soutiens toutes les institutions fédérant les créateurs ».
Ce tour d’horizon montre une chose : les clivages linguistiques qui existent au sein de l’UEM même, l’absence de son implication et de son engagement, au niveau de l’information publique, dans la recherche de nouveaux membres. L’absence des écrivains francophones de cette instance alors même que l’édition en langue française tourne à plein régime est un handicap en soi. Elle rappelle la crise des années 80 qui a vu les écrivains amazighophones monter au front comme elle rappelle la création, dans les années 60, de L’Union des Ecrivains du Maghreb Arabe, rejetée en son intitulé par Mouloud Mammeri. Présidée à la naissance par Mohamed Aziz Lahbabi, l’Union des Ecrivains du Maghreb Arabe donnera l’Union des Ecrivains du Maroc, l’Union des Ecrivains Algériens et l’Union des Ecrivains Tunisiens.
Abdallah BENSMAÏN