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Loi de finances rectificative : Grandes ambitions, mais sans clarté de perspectives


Rédigé par Ahmed NAJI Jeudi 9 Juillet 2020

Le PLF rectificative 2020 est le reflet du contexte particulier de cette année marquée par la pandémie
du Coronavirus. Le PIB devrait reculer de 5% et le déficit du budget se creuser de 7,5%. Mais c’est aussi l’année où le prix du baril du pétrole a atteint son plus bas niveau historique.



Nul besoin de rappeler qu’il a été réclamé à cor et à cri par des formations politiques et des économistes, puisque le Maroc ne pouvait quand même pas continuer avec une loi des finances dont toutes les hypothèses ont été chamboulées par la crise du Covid-19.

Les citoyens ne pouvaient voir, non plus, leurs finances dirigées conjointement par le Comité de veille économique, dont la création a été dictée par une urgence de situation qui n’est plus de mise, et le département des Finances.

Remettre les pendules à l’heure de la Constitution

Les dépenses engagées par ce Comité de veille économique ne pouvaient être, en effet, examinées, acceptées, amendées ou rejetées par les représentants du peuple, une situation anormale mais admise en raison de la crise provoquée par la pandémie. Il était donc temps de revenir à une situation normale, maintenant que l’effet de surprise et de panique s’est estompé.

Premier chiffre à relever, la baisse de 5% du PIB. Pour rendre ce chiffre plus parlant au commun des citoyens non-initié à l’économie, il faut rappeler que l’on compte le nombre de création d’emplois par point du PIB. Il faut donc s’attendre à comptabiliser cette année surtout le volume de la destruction d’emplois. Plus simple encore, le Maroc qui devrait s’appauvrir cette année de 5 points du PIB, signifie moins de richesses créées, donc moins à en distribuer. 

Argent bon marché pour quels débouchés ? 

Le loyer de l’argent réduit à 3,5%, avec des échéances de paiement étalées sur 7 ans et assorti d’un délai de grâce de 2 années, les opérateurs économiques aux trésoreries asséchées par le virus Corona devraient pousser un ouf de soulagement. Sauf qu’emprunter juste pour rester à flot n’est pas la même chose que pour investir, surtout lorsque la demande n’est pas prête de connaître la relance en V, ce scénario idéal fantasmé dans quelques contrées. 

La garantie de l’Etat, pouvant aller de 80 à 90% du montant du crédit, voire 95% en ce qui concerne les TPE (Très Petites Entreprises), risque d’être fort sollicitée, si un tri basé sur les chances de survie des emprunteurs n’est pas opéré. Il est certain que les banquiers, qui ont bénéficié de 10 milliards de Dhs après l’autorisation qui leur a été accordée par Bank Al-Maghrib de puiser dans leurs comptes de réserve et autres assouplissements des règles prudentielles, ne vont pas manquer de se montrer très prudents. Ce qui risque de poser le problème inverse, celui de l’exclusion des entreprises qui offrent le moins de garanties.

Approche adaptative justifiée

Toujours est-il que l’approche adaptative dans l’octroi du soutien public selon les conditions propres à chaque secteur d’activités semble, en effet, des plus raisonnables, puisque tous ne vont pas connaître la même cadence dans leur relance, outre les nouvelles caractéristiques d’approvisionnement ou de débouchés qui peuvent apparaître sur certains marchés.

Ce qui pourrait rendre crédible la volonté affichée de préserver l’emploi, outre le conditionnement de l’appui et l’accompagnement publics aux entreprises pour ce faire, dont ces dernières sauront mesurer le pour et le contre au mieux de leurs intérêts, c’est surtout le point relatif aux investissements de l’Etat.  

L’Etat en sauveur

Jamais la théorie keynésienne de la relance par la dépense publique n’aura été aussi vérifiée depuis la seconde guerre mondiale. C’est, donc, avec intérêt, et non sans impatience, que l’on va attendre les détails au sujet des investissements publics dans le PLF rectificative 2020. Les montants mobilisés, les choix opérés, les secteurs ciblés vont constituer autant d’indicateurs sur la vision que se font déjà les pouvoirs publics du nouveau modèle de développement.

Parce qu’il n’y a pas que du mauvais dans la crise actuelle. Les cours du baril de pétrole sont au plus bas. Comme tout processus de production nécessite de l’énergie et des débouchés, tout l’art de gouvernance va consister en l’exploitation de cette énergie actuellement bon marché pour produire des biens pour lesquels la demande nationale et/ou étrangère est porteuse et solvable.  

Ahmed NAJI 

Repères

Situation épidémiologique stable
La pandémie du Covid-19 n’est pas vraiment passée, il faut juste apprendre à vivre avec, puisque le confinement est aussi mortel pour les entreprises que le virus pour les humains. La situation épidémiologique est jugée stable, le taux de létalité demeure bas et le nombre de cas critiques faible, selon le rapport de situation fait par le ministre de la Santé en Conseil des ministres. La hausse du nombre de personnes contaminées s’expliquerait par l’augmentation des tests de dépistage. Un degré de vigilance élevé est quand même enjoint.
Numérisation de l’administration 
On savait déjà que le Maroc souffre d’une fracture numérique comparativement aux pays développés, mais il aurait fallu la pandémie du Coronavirus pour que l’on se rende compte que cette fracture existe également au sein même de l’administration marocaine. Tandis que certains départements étaient déjà numérisés, d’autres végétaient encore dans l’âge du papier. Mais maintenant que les citoyens ont pris goût aux services publics numérisés, la pression sera désormais populaire pour faire entrer pleinement le Maroc dans l’ère du digital.
Régularisation des employés non-déclarés à la CNSS
Tout journaliste aurait donné cher pour voir la tête de certains ministres quand il a été question, dans le projet de loi de finances rectificative, de la régularisation des employés non-déclarés à la CNSS. Ont-ils baissé les yeux de honte ou continué dans l’effronterie ? Seule la charité bien ordonnée commence par soi-même, pas la loi, qui n’est destinée qu’à ceux qui n’ont d’autres choix que de la respecter. Faites ce que je dis, pas ce que je fais… En fait, votez pour moi, je ne respecte pas la loi.








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