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Maroc - Espagne / Gazoduc : L’Algérie se mord la queue dans l’affaire du GME


Rédigé par Anass MACHLOUKH Dimanche 1 Mai 2022

L’Espagne va commencer à acheminer le gaz naturel au Maroc malgré les menaces algériennes. Madrid renforce sa coopération avec Rabat en attente du pipeline Maroc-Nigeria qui réduira sa dépendance vis-à-vis d’Alger. Détails.



Maroc - Espagne / Gazoduc : L’Algérie se mord la queue dans l’affaire du GME
L’Algérie ne s’est pas encore remise du choc du revirement diplomatique de l’Espagne sur la question du Sahara qui n’a pas été digéré. En brandissant la menace de l’arme du gaz, Alger a choisi, semble-t-il, de livrer une bataille au gouvernement espagnol, et cette fois-ci sur le front énergétique.

Prenant acte de l’accord conclu entre le Maroc et l’Espagne concernant l’acheminement du GNL par le gazoduc Maghreb-Europe, le gouvernement algérien n’a pas manqué de hausser le ton vis-à-vis de Madrid en lui adressant un avertissement aux allures d’ultimatum.

Dans un communiqué relayé par l’Agence de presse officielle (APS), le ministère algérien de l’Energie et des Mines a menacé de cesser toute livraison de gaz à l’Espagne si le flux du gazoduc, en arrêt depuis octobre 2021, est inversé. “Tout acheminement de gaz naturel algérien livré à l’Espagne, dont la destination n’est autre que celle prévue dans les contrats, sera considéré comme un manquement aux engagements contractuels, et, par conséquent, pourrait aboutir à la rupture du contrat liant la Sonatrach à ses clients espagnols, a mis en garde le ministère algérien, qui a réagi aussi sévèrement après avoir été notifié de la décision espagnole de réactiver le gazoduc en flux inverse.

Le ministre algérien, précise-t-on, en a été informé par message électronique par son homologue espagnol, Teresa Ribera. Le gouvernement espagnol, de son côté, a rétorqué aux menaces algériennes sans succomber à la logique de l’escalade. Madrid a justifié sa démarche arguant que le gaz acheminé vers le Maroc ne sera pas algérien.

«En aucun cas, le gaz acquis par le Maroc ne sera d’origine algérienne», a assuré, mercredi soir, le ministère espagnol de la Transition écologique, ajoutant que l’activation de ce mécanisme a été discutée avec l’Algérie ces derniers mois et communiquée au ministre algérien de l’Énergie.

L’Algérie se précipite-t-elle par ignorance ?

L’Algérie ne semble pas agir en connaissance de cause du moment qu’elle a l’air de méconnaître les termes de l’accord conclu entre Rabat et Madrid. Ce qui explique sa propension à céder à la théorie complotiste, en croyant que le gaz livré à l’Espagne sera détourné et renvoyé vers le Maroc.

Pour mieux comprendre de quoi il s’agit, remontons dans le temps. Le 31 octobre 2021, le gouvernement algérien déclare ne pas vouloir renouveler le contrat signé avec le Maroc, arrivé à échéance, sur le gazoduc Maghreb-Europe, en le condamnant ainsi à un arrêt brutal. Le Maroc, de son côté, n’a pas perdu de temps en commençant à quérir des fournisseurs alternatifs. Au moment où la réconciliation entre Rabat et Madrid n’était qu’une question de temps, les deux pays sont parvenus à trouver un accord bénéfique pour les intérêts marocains.

Le 4 février 2022, des rapports médiatiques internationaux ont annoncé un accord de principe en vertu duquel l’Espagne aurait accepté d’acheminer le gaz naturel liquéfié via le gazoduc, en mettant ses terminaux de regazéification à disposition du Maroc. Ainsi, le Maroc peut importer le GNL acheté des différents marchés internationaux à travers l’Espagne qui dispose d’installations, dont il est dépourvu.

Il s’agit donc d’une solution provisoire le temps que le Royaume se dote de ses propres capacités portuaires pour la réception du GNL. Pour résumer : le Maroc achète du gaz liquéfié qui passe par des usines espagnoles de regazéification avant de lui être acheminé via le gazoduc Maghreb-Europe. Plus de deux mois plus tard, la ministre marocaine de la Transition énergétique, Leila Benali, a annoncé officiellement la réactivation du gazoduc.

Pipeline Maroc-Nigeria : l’alternative se dessine

Le Maroc, rappelons-le, s’est lancé dans une quête de nouvelles alternatives pour assurer sa souveraineté énergétique. En plus de la prospection locale qui a permis la découverte de gisements importants à Larache et Tendrara, le pays mise également sur le mégaprojet du gazoduc Maroc-Nigeria qui avance bien qu’il soit dans sa phase préliminaire. La Phase II de conception et d’ingénierie sera assumée par le Bureau d’études australien Worley Parsons, qui a annoncé, le 26 avril, dans un communiqué avoir décroché le contrat pour la fourniture des services de conception technique.

Le groupe australien a confié cette tâche à sa filiale hollandaise Intecsea, située à La Haye. En parallèle, l’évaluation de l’impact environnemental et social (EIES) et les études d’acquisition de terres (LAS) seront fournies par notre équipe à Londres, au Royaume-Uni, a souligné le communiqué du groupe, ajoutant que ce projet sera également soutenu par son réseau de bureaux en Afrique et son équipe mondiale de livraison intégrée à Hyderabad, en Inde. « Faire partie d’un projet qui non seulement vise la durabilité, mais contribue également à stimuler l’économie régionale et soutient le développement des communautés locales est une opportunité incroyable », a déclaré à cette occasion Ping Liu, directeur général d’Intecsea BV.

De 7000 km de longueur, le nouveau Pipeline Maroc-Nigeria devrait traverser treize pays d’Afrique de l’Ouest pour s’étendre ensuite en Europe. Il s’agit pour le Maroc d’un projet vital qui lui permettra de devenir un acteur incontournable sur le plan énergétique en Afrique. Ce projet permettra également de fournir des solutions alternatives aux pays européens tels que l’Espagne, pour réduire sa dépendance vis-à-vis de l’Algérie.



Anass MACHLOUKH

Maroc - Espagne / Gazoduc : L’Algérie se mord la queue dans l’affaire du GME








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