SM le Roi Mohammed VI reçevant le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez. Ph. archives
« L’Espagne considère l’initiative marocaine d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend », c’est en ces mots prononcés par Pedro Sanchez, chef du gouvernement espagnol, dans une correspondance officielle adressée le 18 mars à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que prend fin la crise qui secoue les relations diplomatiques entre Rabat et Madrid, depuis près d’un an.
Albares attendu à Rabat
Une proclamation qui représente un tournant majeur dans les relations entre les deux Royaumes et une rupture avec la position adoptée par l’ensemble des gouvernements espagnols qui se sont succédé au pouvoir durant 47 ans sur la question du Sahara marocain.
« Nous ouvrons aujourd’hui une nouvelle étape dans notre relation avec le Maroc et nous tournons définitivement la page de la crise avec un partenaire stratégique », a signifié José Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères, lors d’un point de presse tenu à Barcelone, suite à la publication des communiqués du Cabinet Royal, de la diplomatie marocaine et de la Moncloa. Albares a dans la foulée annoncé qu’il se rendra en visite officielle à Rabat avant le 2 avril, ce qui sera le premier déplacement du chef de la diplomatie espagnole au Maroc depuis son entrée en fonction le 13 juillet dernier.
Une visite qui aura, d’un côté, pour objectif de discuter les bases d’une nouvelle feuille de route pour relancer les relations maroco-espagnoles sur de nouvelles bases et, de l’autre, de préparer la visite officielle de Pedro Sanchez au Royaume, voire la tenue de la Réunion de Haut Niveau, dans les plus brefs délais.
« Le ministre des Affaires étrangères prépare ce revirement public de la position espagnole sur la question du Sahara depuis son entrée en fonction en juillet dernier. Le timing choisi par le gouvernement Sanchez pour annoncer cette rupture n’est pas anodin. Il s’explique, d’un côté, par l’intérêt porté par l’opinion publique espagnole à la situation en Ukraine et, de l’autre, par la réduction de la dépendance au gaz algérien au profit du gaz de schiste importé des Etats-Unis », précise Ignacio Cembrero, journaliste et ex-correspondant d’El Pais au Maroc.
Une décision qui déchaîne les passions
Des précautions qui sont loin d’avoir eu l’effet escompté de l’autre côté du Détroit. Là où la lettre de Pedro Sanchez a été accueillie favorablement et saluée par les autorités, la scène politique, les médias et l’opinion publique marocaine, elle a eu l’effet d’une déflagration en Espagne.
L’annonce a, en effet, été l’objet de critiques au sein même de la coalition gouvernementale, en témoignent le tweet de la seconde vice-présidente Yolanda Diaz et la parution d’une multitude d’articles de presse décrivant cette décision comme une reddition, un abandon ou encore comme preuve de lâcheté. Alors que d’autres ont salué la décision de Madrid, qu’ils jugent pragmatique et nécessaire pour faire avancer le dénouement d’un conflit qui n’a que trop duré, tout en rappelant les efforts de Rabat pour le développement socio-économique des provinces du Sud. Des réactions passionnées qui s’expliquent par le fait que le dossier du Sahara marocain est, rappelons-le, considéré par nos voisins du Nord comme un sujet de politique interne.
Héritage de l’époque coloniale, le Sahara, contrairement au Nord du Royaume, était perçu comme partie intégrante du territoire espagnol abandonné aux « Moros », niant au passage l’Histoire du Royaume et le dépeçage auquel a été soumis le territoire marocain lors de la période coloniale.
La question du Sahara représente également l’un des principaux dossiers de la diplomatie espagnole depuis les années 1970. Celle-ci prônait jusqu’à maintenant le principe de « neutralité constructive ». Il n’empêche que cette décision est loin de représenter une « capitulation » de Madrid mais s’inscrit dans la suite logique de l’évolution des rapports de force au niveau régional et la posture légitime de Rabat d’exiger une position claire et transparente sur la question du Sahara marocain à ses principaux partenaires (à l’image du précédent allemand). Un constat partagé par Zakaria Aboudahab, professeur de relations internationales à l’Université Mohamed V de Rabat : « J’insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une concession, mais d’une adaptation d’une position dictée par de nouveaux enjeux géostratégiques et géoéconomiques : conséquences tous azimuts de la guerre en Ukraine, tension internationale liée à l’augmentation de la facture énergétique, risques terroristes amplifiés à la suite d’une conjoncture mondiale défavorable… ».
A ces éléments s’ajoutent les échanges commerciaux qui depuis le gouvernement Rajoy se sont érigés comme socle des relations entre Rabat et Madrid. Le Maroc représente le 3ème marché pour l’économie espagnole hors de l’UE, avec un volume d’échange qui a totalisé 16 milliards d’euros entre 2020 et 2021. Ni la crise diplomatique, ni la pandémie n’ont affecté le business entre les deux rives de la Méditerranée, en témoigne la croissance de 29% des importations de produits espagnols enregistrée lors de la même période. Des échanges qui devraient monter en régime avec le retour à la « normalité » et la reprise attendue des liaisons maritimes directes entre les deux pays.
Sur un tout autre registre, la sortie de Sanchez a été saluée par Washington, mais semble avoir eu l’effet d’une douche froide pour le régime algérien qui a rappelé dans la foulée son ambassadeur à Madrid. Une réaction qui a suscité la surprise de la diplomatie espagnole, dont le numéro 1 avait assuré lors du point de presse du 18 mars avoir notifié son homologue algérien de sa décision.
Albares attendu à Rabat
Une proclamation qui représente un tournant majeur dans les relations entre les deux Royaumes et une rupture avec la position adoptée par l’ensemble des gouvernements espagnols qui se sont succédé au pouvoir durant 47 ans sur la question du Sahara marocain.
« Nous ouvrons aujourd’hui une nouvelle étape dans notre relation avec le Maroc et nous tournons définitivement la page de la crise avec un partenaire stratégique », a signifié José Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères, lors d’un point de presse tenu à Barcelone, suite à la publication des communiqués du Cabinet Royal, de la diplomatie marocaine et de la Moncloa. Albares a dans la foulée annoncé qu’il se rendra en visite officielle à Rabat avant le 2 avril, ce qui sera le premier déplacement du chef de la diplomatie espagnole au Maroc depuis son entrée en fonction le 13 juillet dernier.
Une visite qui aura, d’un côté, pour objectif de discuter les bases d’une nouvelle feuille de route pour relancer les relations maroco-espagnoles sur de nouvelles bases et, de l’autre, de préparer la visite officielle de Pedro Sanchez au Royaume, voire la tenue de la Réunion de Haut Niveau, dans les plus brefs délais.
« Le ministre des Affaires étrangères prépare ce revirement public de la position espagnole sur la question du Sahara depuis son entrée en fonction en juillet dernier. Le timing choisi par le gouvernement Sanchez pour annoncer cette rupture n’est pas anodin. Il s’explique, d’un côté, par l’intérêt porté par l’opinion publique espagnole à la situation en Ukraine et, de l’autre, par la réduction de la dépendance au gaz algérien au profit du gaz de schiste importé des Etats-Unis », précise Ignacio Cembrero, journaliste et ex-correspondant d’El Pais au Maroc.
Une décision qui déchaîne les passions
Des précautions qui sont loin d’avoir eu l’effet escompté de l’autre côté du Détroit. Là où la lettre de Pedro Sanchez a été accueillie favorablement et saluée par les autorités, la scène politique, les médias et l’opinion publique marocaine, elle a eu l’effet d’une déflagration en Espagne.
L’annonce a, en effet, été l’objet de critiques au sein même de la coalition gouvernementale, en témoignent le tweet de la seconde vice-présidente Yolanda Diaz et la parution d’une multitude d’articles de presse décrivant cette décision comme une reddition, un abandon ou encore comme preuve de lâcheté. Alors que d’autres ont salué la décision de Madrid, qu’ils jugent pragmatique et nécessaire pour faire avancer le dénouement d’un conflit qui n’a que trop duré, tout en rappelant les efforts de Rabat pour le développement socio-économique des provinces du Sud. Des réactions passionnées qui s’expliquent par le fait que le dossier du Sahara marocain est, rappelons-le, considéré par nos voisins du Nord comme un sujet de politique interne.
Héritage de l’époque coloniale, le Sahara, contrairement au Nord du Royaume, était perçu comme partie intégrante du territoire espagnol abandonné aux « Moros », niant au passage l’Histoire du Royaume et le dépeçage auquel a été soumis le territoire marocain lors de la période coloniale.
La question du Sahara représente également l’un des principaux dossiers de la diplomatie espagnole depuis les années 1970. Celle-ci prônait jusqu’à maintenant le principe de « neutralité constructive ». Il n’empêche que cette décision est loin de représenter une « capitulation » de Madrid mais s’inscrit dans la suite logique de l’évolution des rapports de force au niveau régional et la posture légitime de Rabat d’exiger une position claire et transparente sur la question du Sahara marocain à ses principaux partenaires (à l’image du précédent allemand). Un constat partagé par Zakaria Aboudahab, professeur de relations internationales à l’Université Mohamed V de Rabat : « J’insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une concession, mais d’une adaptation d’une position dictée par de nouveaux enjeux géostratégiques et géoéconomiques : conséquences tous azimuts de la guerre en Ukraine, tension internationale liée à l’augmentation de la facture énergétique, risques terroristes amplifiés à la suite d’une conjoncture mondiale défavorable… ».
A ces éléments s’ajoutent les échanges commerciaux qui depuis le gouvernement Rajoy se sont érigés comme socle des relations entre Rabat et Madrid. Le Maroc représente le 3ème marché pour l’économie espagnole hors de l’UE, avec un volume d’échange qui a totalisé 16 milliards d’euros entre 2020 et 2021. Ni la crise diplomatique, ni la pandémie n’ont affecté le business entre les deux rives de la Méditerranée, en témoigne la croissance de 29% des importations de produits espagnols enregistrée lors de la même période. Des échanges qui devraient monter en régime avec le retour à la « normalité » et la reprise attendue des liaisons maritimes directes entre les deux pays.
Sur un tout autre registre, la sortie de Sanchez a été saluée par Washington, mais semble avoir eu l’effet d’une douche froide pour le régime algérien qui a rappelé dans la foulée son ambassadeur à Madrid. Une réaction qui a suscité la surprise de la diplomatie espagnole, dont le numéro 1 avait assuré lors du point de presse du 18 mars avoir notifié son homologue algérien de sa décision.
Amine ATER
L'info...Graphie
Questions à Javier Otazu, ex-chef du bureau de Rabat d’EFE et écrivain
« Toute normalisation avec le Maroc passe d´abord par un changement de cap sur la question du Sahara »
- Comment expliquez-vous la décision de Pedro Sanchez qui représente un changement majeur dans la position espagnole sur la question du Sahara ?
- C´est l´acceptation que toute normalisation avec le Maroc passe d´abord par un changement de cap sur la question du Sahara. La neutralité constructive prônée par l´Espagne n´était plus valable pour Rabat.
- Quelles seront, selon vous, les retombées au niveau régional suite à cette décision ?
- Je veux bien croire que le Maroc va d´abord normaliser les flux humains entre les deux pays dans les frontières (y compris les lignes maritimes et les postes frontières de Ceuta et Melilla), mais cela reste à voir. Une autre chose est sûre : l’Algérie ne va pas aimer ce mouvement espagnol et le fera savoir, plus tôt ou plus tard.
- Est-ce que la coalition de gauche actuellement au pouvoir en Espagne peut se maintenir après cette décision ? Et serait-elle maintenue par une coalition de droite formée autour du PP ?
- Je crois que Podemos est déjà acquis à la realpolitik depuis un bon moment, et cette pilule, bien qu’amère, sera aussi avalée par le parti gauchiste. Leur intérêt à rester influent au sein du gouvernement est plus important que leur attachement au principe de l’autodétermination des peuples.
- En plus de mettre fin à la crise, quels sont, selon vous, les gains du gouvernement Sanchez ?
- J´attends à voir un peu plus de pédagogie politique du gouvernement pour bien expliquer ces gains. En temps de turbulence énergétique, fâcher l´Algérie n’est peut-être pas la meilleure idée.
- C´est l´acceptation que toute normalisation avec le Maroc passe d´abord par un changement de cap sur la question du Sahara. La neutralité constructive prônée par l´Espagne n´était plus valable pour Rabat.
- Quelles seront, selon vous, les retombées au niveau régional suite à cette décision ?
- Je veux bien croire que le Maroc va d´abord normaliser les flux humains entre les deux pays dans les frontières (y compris les lignes maritimes et les postes frontières de Ceuta et Melilla), mais cela reste à voir. Une autre chose est sûre : l’Algérie ne va pas aimer ce mouvement espagnol et le fera savoir, plus tôt ou plus tard.
- Est-ce que la coalition de gauche actuellement au pouvoir en Espagne peut se maintenir après cette décision ? Et serait-elle maintenue par une coalition de droite formée autour du PP ?
- Je crois que Podemos est déjà acquis à la realpolitik depuis un bon moment, et cette pilule, bien qu’amère, sera aussi avalée par le parti gauchiste. Leur intérêt à rester influent au sein du gouvernement est plus important que leur attachement au principe de l’autodétermination des peuples.
- En plus de mettre fin à la crise, quels sont, selon vous, les gains du gouvernement Sanchez ?
- J´attends à voir un peu plus de pédagogie politique du gouvernement pour bien expliquer ces gains. En temps de turbulence énergétique, fâcher l´Algérie n’est peut-être pas la meilleure idée.
Recueillis par A. A.
Trois questions à Zakaria Abouddahab
« La position de l’Espagne est dictée par les nouveaux enjeux géopolitiques »
Mohammed Zakaria Abouddahab, Professeur de Relations internationales à l’Université Mohammed V de Rabat, a répondu à nos questions sur la nouvelle position de l’Espagne quant à la question du Sahara.
-Quelle est votre lecture du soutien espagnol au plan d’autonomie ?
- La position de l’Espagne, exprimée par la voix de son chef de gouvernement Pedro Sanchez, à l’occasion d’un message adressé à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, est le fruit de longues négociations menées depuis au moins le mois de juin 2021. Les signes avant-coureurs d’un dégel ont commencé à se manifester à l’occasion du Discours royal du 20 août 2021, lorsque le Souverain marocain a fait état des négociations entre les deux Royaumes qu’Il suivait à titre personnel.
Premier constat : Sa Majesté le Roi Mohammed VI suivait personnellement l’avancée des négociations et l’on peut en déduire que plusieurs points d’achoppement ont fini par être résolus, quand bien même, probablement, des questions sensibles ou épineuses ont été mises de côté, du moins temporairement.
L’idée est de sortir de l’impasse et de l’état de gel des relations et amorcer un tournant dans les relations entre les deux pays voisins. L’on pense donc que la nouvelle position espagnole, notamment au sujet du Sahara marocain, est un gain stratégique net au profit du Royaume chérifien.
- Quelles sont, à votre avis, les raisons qui ont poussé Madrid à faire une telle concession ?
- Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une concession, mais plutôt d’une évolution « méthodologique » dans le traitement et la façon de gérer un dossier fondamental et vital pour le Royaume. L’Espagne d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier et, naturellement, les nouvelles élites politiques espagnoles, le rapport de forces à l’échelle internationale et régionale, l’ascension géopolitique remarquable du Maroc et d’autres facteurs conjugués, notamment économiques et sécuritaires, ont poussé le Royaume d’Espagne à reconsidérer sa position.
Par conséquent, Madrid, sans prendre ouvertement une position franchement favorable au profit de la marocanité du Sahara – ce qui pouvait s’exprimer par une déclaration unilatérale expresse – a néanmoins recentré le Plan marocain d’autonomie au coeur de son nouveau plaidoyer en faveur du Maroc.
- S’agit-il d’un coup de grâce pour le Polisario qui a toujours un soutien considérable en Espagne ?
- Il ne faudra pas chanter victoire avant de l’avoir gagnée ! L’Espagne n’est pas un pays simple, c’est un Etat dit autonomique (régions autonomes), comptant une société civile dynamique et, majoritairement, pro-polisarienne. Ceci d’autant plus que les séparatistes du Polisario sont bien introduits dans la société espagnole profonde et s’en attirent, par conséquent, beaucoup de sympathies.
A cela s’ajoute l’existence de partis politiques nouveaux qui ne vont pas nécessairement s’aligner sur la nouvelle doxa ou le mainstream gouvernemental : Cidudadanos, Vox, Podemos… Dans cette optique, il conviendrait pour le Maroc et l’Espagne de « conventionnaliser » la nouvelle position espagnole et lui donner une assise juridique durable, évitant, de la sorte, des remises en cause ou des retournements de situation. Dès lors, la bataille géopolitique sera rude à l’avenir.
Mais le Maroc, déjà, a engrangé quelques fruits de sa détermination et de son investissement considérable dans la défense mordicus de son intégrité territoriale. Décidément, la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara en a été l’un des catalyseurs et non des moindres !
-Quelle est votre lecture du soutien espagnol au plan d’autonomie ?
- La position de l’Espagne, exprimée par la voix de son chef de gouvernement Pedro Sanchez, à l’occasion d’un message adressé à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, est le fruit de longues négociations menées depuis au moins le mois de juin 2021. Les signes avant-coureurs d’un dégel ont commencé à se manifester à l’occasion du Discours royal du 20 août 2021, lorsque le Souverain marocain a fait état des négociations entre les deux Royaumes qu’Il suivait à titre personnel.
Premier constat : Sa Majesté le Roi Mohammed VI suivait personnellement l’avancée des négociations et l’on peut en déduire que plusieurs points d’achoppement ont fini par être résolus, quand bien même, probablement, des questions sensibles ou épineuses ont été mises de côté, du moins temporairement.
L’idée est de sortir de l’impasse et de l’état de gel des relations et amorcer un tournant dans les relations entre les deux pays voisins. L’on pense donc que la nouvelle position espagnole, notamment au sujet du Sahara marocain, est un gain stratégique net au profit du Royaume chérifien.
- Quelles sont, à votre avis, les raisons qui ont poussé Madrid à faire une telle concession ?
- Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une concession, mais plutôt d’une évolution « méthodologique » dans le traitement et la façon de gérer un dossier fondamental et vital pour le Royaume. L’Espagne d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier et, naturellement, les nouvelles élites politiques espagnoles, le rapport de forces à l’échelle internationale et régionale, l’ascension géopolitique remarquable du Maroc et d’autres facteurs conjugués, notamment économiques et sécuritaires, ont poussé le Royaume d’Espagne à reconsidérer sa position.
Par conséquent, Madrid, sans prendre ouvertement une position franchement favorable au profit de la marocanité du Sahara – ce qui pouvait s’exprimer par une déclaration unilatérale expresse – a néanmoins recentré le Plan marocain d’autonomie au coeur de son nouveau plaidoyer en faveur du Maroc.
- S’agit-il d’un coup de grâce pour le Polisario qui a toujours un soutien considérable en Espagne ?
- Il ne faudra pas chanter victoire avant de l’avoir gagnée ! L’Espagne n’est pas un pays simple, c’est un Etat dit autonomique (régions autonomes), comptant une société civile dynamique et, majoritairement, pro-polisarienne. Ceci d’autant plus que les séparatistes du Polisario sont bien introduits dans la société espagnole profonde et s’en attirent, par conséquent, beaucoup de sympathies.
A cela s’ajoute l’existence de partis politiques nouveaux qui ne vont pas nécessairement s’aligner sur la nouvelle doxa ou le mainstream gouvernemental : Cidudadanos, Vox, Podemos… Dans cette optique, il conviendrait pour le Maroc et l’Espagne de « conventionnaliser » la nouvelle position espagnole et lui donner une assise juridique durable, évitant, de la sorte, des remises en cause ou des retournements de situation. Dès lors, la bataille géopolitique sera rude à l’avenir.
Mais le Maroc, déjà, a engrangé quelques fruits de sa détermination et de son investissement considérable dans la défense mordicus de son intégrité territoriale. Décidément, la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara en a été l’un des catalyseurs et non des moindres !
Propos recueillis par A. M.