Qualifiées de stratégiques, parfois de résilientes, les relations entre le Maroc et l’Union Européenne n’en demeurent pas moins complexes, bien que les deux parties soient liées par un partenariat solide à tous les niveaux. Pour la première fois après son entrée en fonction en 2019, la présidente allemande de la Commission Européenne, Ursula Von Der Leyen, s’est rendue au Maroc dans le cadre d’une visite officielle. Une visite qui témoigne du vif intérêt que porte la responsable européenne au Maroc, un partenaire de premier plan pour l’Europe, quoi qu’il arrive, estime Jawad Kerdoudi, président de l’Institut marocain des relations internationales (IMRI).
Après avoir été accueillie par le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, la responsable européenne a rencontré, mercredi, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch. Ces derniers ont fait part d’une volonté réciproque d’approfondir le partenariat stratégique, solide et étroit. Lors de la conférence de presse conjointe, l’ambiance est joviale et chacune des deux parties a témoigné de ses bonnes intentions vis-à-vis de l’autre. « Le Maroc est un pays avec lequel nous avons construit un partenariat stratégique », a soutenu Ursula Von Der Leyen, soulignant que le Royaume demeure « le premier partenaire de l’UE sur les plans économique et commercial au niveau du continent africain ».
Contexte d’une sensibilité extrême
Cette visite intervient dans un moment sensible où les rapports entre Bruxelles et Rabat ont besoin de clarté, surtout après les malentendus et les déconvenues qui ont surgi ces derniers mois. L’arrêt de la Cour de Justice de l’Union Européenne, qui a annulé les deux accords commerciaux relatifs aux produits agricoles et à la pêche, n’a pas manqué de mécontenter le gouvernement marocain, d’autant que c’est la deuxième fois que la juridiction européenne fasse un tel geste pour contester la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud. La réponse du Maroc n’a pas tardé.
Dans son discours à l’occasion du 47ème anniversaire de la Marche de Verte, SM le Roi Mohammed VI avait adressé un message clair à tous les partenaires du Royaume : aucun accord économique qui ne comprend pas les provinces du Sud ne saurait être conclu. Un autre épisode est venu compliquer les relations entre le Maroc et l’UE, celui de la crise migratoire de Sebta, où le Parlement européen n’a pas hésité à voter une Résolution condamnant le Maroc, engagé dans un bras de fer contre l’Espagne sur fond du scandale Brahim Ghali. Autant de malentendus qui ont certainement réduit la confiance entre les deux partenaires. La visite de la présidente de la Commission Européenne vient ainsi clarifier les choses et se projeter dans le futur du partenariat entre l’UE et le Maroc qui jouit du Statut avancé qu’il a obtenu en 2008.
Affaire du Sahara : besoin d’une position claire
En dépit de ce qui s’est passé avec l’Espagne, l’Allemagne, et même de l’arrêt de la Cour Européenne, les relations Maroc-UE sont revenues à la normale, opine Lahcen Haddad, membre du groupe istiqlalien à la Chambre des Conseillers, pour qui les relations entre les deux partenaires demeurent très solides vu les intérêts communs et le partenariat stratégique qui les lie et qui a été renouvelé en 2019, avec le « Partenariat euro-marocain de prospérité partagée ».
De son côté, M. Kardoudi pense que la question du Sahara ne manquera pas de surgir dans les échanges de Mme Von Der Leyen avec les responsables marocains. Selon notre interlocuteur, le Maroc veut obtenir une position plus audacieuse de l’Union Européenne sur ce dossier après la reconnaissance américaine. « Le Maroc attend de la diplomatie européenne, au moins, un soutien officiel au plan d’autonomie, tel que le fait la France au Conseil de Sécurité », indique M. Kerdoudi.
Vers un nouveau partenariat stratégique
Dans leurs entretiens, la présidente de la Commission Européenne et le chef du gouvernement se sont projetés dans l’avenir. Parmi les sujets évoqués : le développement d’un partenariat vert et le développement de l’énergie verte, le partenariat numérique. Des domaines d’avenir qui devraient guider la coopération bilatérale dans les prochaines années.
À cet égard, la délégation de l’Union Européenne au Maroc avait annoncé, il y a quelques mois, un nouveau partenariat pour la période 2021- 2027. Trois priorités sont fixées : l’écologie, la révolution numérique et la relance économique. L’ex-ambassadrice de l’UE à Rabat, Claudia Wiedey, nous a indiqué dans une interview que Bruxelles s’apprêtait à soutenir financièrement le Fonds Mohammed VI pour l’investissement via le Fonds européen pour le développement durable (EFSD +).
Sur le plan commercial, l’Union Européenne juge nécessaire une mise à jour de l’Accord d’Association de 1996, qui a été conclu il y a 25 ans et qui couvre exclusivement la réduction des droits de douane. Avec un volume d’échanges de 451,9 milliards de dirhams, l’Union Européenne demeure le principal partenaire commercial du Maroc, en accaparant 66% de son négoce avec le monde.
Le Royaume plaide pour un rééquilibrage, comme l’a fait savoir le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, lors d’une conférence internationale sur le thème des relations commerciales entre l’Union Européenne et l’Afrique. Dans les années à venir, l’Europe veut mettre le paquet sur la transition énergétique et veut transposer cela dans sa coopération avec son voisinage du Sud. A cet égard, dans le cadre de son nouvel agenda pour la Méditerranée, l’UE propose un « Partenariat Vert » dans le domaine des énergies renouvelables et de l’économie verte qui devrait aboutir à une action commune, nous a expliqué l’ex- ambassadrice de l’UE. Selon elle, des groupes techniques conjoints ont été mis en place à cet effet.
Migration : des divergences à régler
Par ailleurs, la question migratoire demeure également un sujet de première importance. Le Maroc n’accepte plus d’être considéré comme le gendarme de l’Europe et veut inscrire la gestion des flux migratoires dans le cadre d’une vision globale, au-delà des calculs politiques.
Le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, a fait savoir que rien, pas même une pandémie, ne pourra arrêter définitivement les flux migratoires, appelant à changer de logiciel et à promouvoir la mobilité légale. Un appel qui semble inaudible chez plusieurs pays tels que la France et l’Espagne qui ont verrouillé davantage l’octroi des visas aux ressortissants des pays du Maghreb, y compris le Maroc.
Sur ce point, M. Kerdoudi estime que la question de la réadmission des migrants refoulés des pays européens divise encore le Maroc et ses partenaires européens qui veulent conclure un accord de réadmission. Ce à quoi le Royaume n’a pas dit son dernier mot. La présence de la présidente de l’une des plus importantes institutions européennes devrait être une occasion pour aboutir à un compromis.
Après avoir été accueillie par le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, la responsable européenne a rencontré, mercredi, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch. Ces derniers ont fait part d’une volonté réciproque d’approfondir le partenariat stratégique, solide et étroit. Lors de la conférence de presse conjointe, l’ambiance est joviale et chacune des deux parties a témoigné de ses bonnes intentions vis-à-vis de l’autre. « Le Maroc est un pays avec lequel nous avons construit un partenariat stratégique », a soutenu Ursula Von Der Leyen, soulignant que le Royaume demeure « le premier partenaire de l’UE sur les plans économique et commercial au niveau du continent africain ».
Contexte d’une sensibilité extrême
Cette visite intervient dans un moment sensible où les rapports entre Bruxelles et Rabat ont besoin de clarté, surtout après les malentendus et les déconvenues qui ont surgi ces derniers mois. L’arrêt de la Cour de Justice de l’Union Européenne, qui a annulé les deux accords commerciaux relatifs aux produits agricoles et à la pêche, n’a pas manqué de mécontenter le gouvernement marocain, d’autant que c’est la deuxième fois que la juridiction européenne fasse un tel geste pour contester la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud. La réponse du Maroc n’a pas tardé.
Dans son discours à l’occasion du 47ème anniversaire de la Marche de Verte, SM le Roi Mohammed VI avait adressé un message clair à tous les partenaires du Royaume : aucun accord économique qui ne comprend pas les provinces du Sud ne saurait être conclu. Un autre épisode est venu compliquer les relations entre le Maroc et l’UE, celui de la crise migratoire de Sebta, où le Parlement européen n’a pas hésité à voter une Résolution condamnant le Maroc, engagé dans un bras de fer contre l’Espagne sur fond du scandale Brahim Ghali. Autant de malentendus qui ont certainement réduit la confiance entre les deux partenaires. La visite de la présidente de la Commission Européenne vient ainsi clarifier les choses et se projeter dans le futur du partenariat entre l’UE et le Maroc qui jouit du Statut avancé qu’il a obtenu en 2008.
Affaire du Sahara : besoin d’une position claire
En dépit de ce qui s’est passé avec l’Espagne, l’Allemagne, et même de l’arrêt de la Cour Européenne, les relations Maroc-UE sont revenues à la normale, opine Lahcen Haddad, membre du groupe istiqlalien à la Chambre des Conseillers, pour qui les relations entre les deux partenaires demeurent très solides vu les intérêts communs et le partenariat stratégique qui les lie et qui a été renouvelé en 2019, avec le « Partenariat euro-marocain de prospérité partagée ».
De son côté, M. Kardoudi pense que la question du Sahara ne manquera pas de surgir dans les échanges de Mme Von Der Leyen avec les responsables marocains. Selon notre interlocuteur, le Maroc veut obtenir une position plus audacieuse de l’Union Européenne sur ce dossier après la reconnaissance américaine. « Le Maroc attend de la diplomatie européenne, au moins, un soutien officiel au plan d’autonomie, tel que le fait la France au Conseil de Sécurité », indique M. Kerdoudi.
Vers un nouveau partenariat stratégique
Dans leurs entretiens, la présidente de la Commission Européenne et le chef du gouvernement se sont projetés dans l’avenir. Parmi les sujets évoqués : le développement d’un partenariat vert et le développement de l’énergie verte, le partenariat numérique. Des domaines d’avenir qui devraient guider la coopération bilatérale dans les prochaines années.
À cet égard, la délégation de l’Union Européenne au Maroc avait annoncé, il y a quelques mois, un nouveau partenariat pour la période 2021- 2027. Trois priorités sont fixées : l’écologie, la révolution numérique et la relance économique. L’ex-ambassadrice de l’UE à Rabat, Claudia Wiedey, nous a indiqué dans une interview que Bruxelles s’apprêtait à soutenir financièrement le Fonds Mohammed VI pour l’investissement via le Fonds européen pour le développement durable (EFSD +).
Sur le plan commercial, l’Union Européenne juge nécessaire une mise à jour de l’Accord d’Association de 1996, qui a été conclu il y a 25 ans et qui couvre exclusivement la réduction des droits de douane. Avec un volume d’échanges de 451,9 milliards de dirhams, l’Union Européenne demeure le principal partenaire commercial du Maroc, en accaparant 66% de son négoce avec le monde.
Le Royaume plaide pour un rééquilibrage, comme l’a fait savoir le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, lors d’une conférence internationale sur le thème des relations commerciales entre l’Union Européenne et l’Afrique. Dans les années à venir, l’Europe veut mettre le paquet sur la transition énergétique et veut transposer cela dans sa coopération avec son voisinage du Sud. A cet égard, dans le cadre de son nouvel agenda pour la Méditerranée, l’UE propose un « Partenariat Vert » dans le domaine des énergies renouvelables et de l’économie verte qui devrait aboutir à une action commune, nous a expliqué l’ex- ambassadrice de l’UE. Selon elle, des groupes techniques conjoints ont été mis en place à cet effet.
Migration : des divergences à régler
Par ailleurs, la question migratoire demeure également un sujet de première importance. Le Maroc n’accepte plus d’être considéré comme le gendarme de l’Europe et veut inscrire la gestion des flux migratoires dans le cadre d’une vision globale, au-delà des calculs politiques.
Le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, a fait savoir que rien, pas même une pandémie, ne pourra arrêter définitivement les flux migratoires, appelant à changer de logiciel et à promouvoir la mobilité légale. Un appel qui semble inaudible chez plusieurs pays tels que la France et l’Espagne qui ont verrouillé davantage l’octroi des visas aux ressortissants des pays du Maghreb, y compris le Maroc.
Sur ce point, M. Kerdoudi estime que la question de la réadmission des migrants refoulés des pays européens divise encore le Maroc et ses partenaires européens qui veulent conclure un accord de réadmission. Ce à quoi le Royaume n’a pas dit son dernier mot. La présence de la présidente de l’une des plus importantes institutions européennes devrait être une occasion pour aboutir à un compromis.
Anass MACHLOUKH