Marocains bloqués à l'étranger, on se dirige vers un deuxième mois de calvaire
La gestion du retour des marocains bloqués à l’étranger est sans doute l’unique point noir de la riposte nationale contre la pandémie du coronavirus. Ils sont aujourd’hui entre 20.000 et 30.000 à être bloqués derrière les frontières du pays, selon les estimations fluctuantes fournies par le Ministère des affaires étrangères au gré de ses sorties. La dernière en date, celle du MAE Nasser Bourita lors de son passage, jeudi 23 avril devant la commission parlementaire des affaires étrangères, évoquait le chiffre de 22.000 ressortissants marocains qui se seraient manifestés auprès des divers consulats et ambassades que compte le Royaume à travers le monde.
Or pour gérer leur futur rapatriement, il importe de disposer d’une information aussi fiable qu’exhaustive. Ce qui laisse planer un certain nombre d’interrogations quant au nombre des marocains bloqués dans des pays où le Royaume ne compte pas de représentations diplomatiques ? Et qu’en est-il aussi de ceux qui n’ont pas les moyens de téléphoner où qui ne savent tout simplement pas à qui s’adresser ?
Ça partait d’une bonne intention, mais…
C’est justement pour répondre à ce genre de problématiques et en vue de compléter le dispositif national de recensement des marocains éparpillés à travers la planète qu’Anas El Arras, un jeune MRE originaire de Marrakech et résident actuellement en Europe avait décidé de lancer le 28 avril, #Rapatriement_MA,, une plateforme multidimensionnelle qui avait pour principale vocation de lister les candidats au retour au bercail, ainsi que leurs éventuelles demandes d’aides. La plateforme s’ouvrait également sur les représentations diplomatiques en leur proposant d’y puiser toute la data dont ils ont besoin ou de s’en servir pour diffuser des communiqués et autres flashs infos.
Mais voilà, il semble aujourd’hui que cette initiative ait déplu en haut lieu en raison de son caractère officieux, mais également en raison du risque de dilution et de confusion qu’elle faisait peser sur les efforts des autorités nationales pour le rapatriement des marocains bloqués à l’étranger. Une source autorisée au sein du ministère des affaires étrangères nous disait avant la mise en off de la plateforme que : «le ministère tient à prendre ses distances de cette initiative qui ne le concerne ni de près, ni de loin».
Réagissant aux reproches qui lui ont été sans doute adressés, Anas El Arras qui tablait sur une validation de son application par les autorités a donc été contraint de la mettre à l’arrêt. Dans un message rendu public dimanche, il affirme que «la plateforme ne peut pas être opérationnelle et efficace que si elle obtient l'adhésion et la validation des autorités compétentes de mon pays… Pour information et conformément aux conditions d'utilisation et aux règles en vigueur pour la protection des données personnelles toutes les données ont été détruites».
Au vu de l’enthousiasme et de l’adhésion qu’elle avait suscité selon son initiateur auprès des marocains bloqués à l’étranger qui étaient selon Anas El Arass plusieurs milliers à s’y être connecté, ainsi qu’au vu de son utilité dans le cas des marocains bloqués dans des pays lointains où le Royaume n’est pas diplomatiquement représenté, n’aurait-il pas mieux valu maintenir cette plateforme, tout en en confiant l’administration et la gestion au ministère des affaires étrangères... ou du moins en dupliquer le concept et lancer une nouvelle plateforme dotée de l'ensemble des garanties techniques et légales? L'idée mérite réflexion.
Or pour gérer leur futur rapatriement, il importe de disposer d’une information aussi fiable qu’exhaustive. Ce qui laisse planer un certain nombre d’interrogations quant au nombre des marocains bloqués dans des pays où le Royaume ne compte pas de représentations diplomatiques ? Et qu’en est-il aussi de ceux qui n’ont pas les moyens de téléphoner où qui ne savent tout simplement pas à qui s’adresser ?
Ça partait d’une bonne intention, mais…
C’est justement pour répondre à ce genre de problématiques et en vue de compléter le dispositif national de recensement des marocains éparpillés à travers la planète qu’Anas El Arras, un jeune MRE originaire de Marrakech et résident actuellement en Europe avait décidé de lancer le 28 avril, #Rapatriement_MA,, une plateforme multidimensionnelle qui avait pour principale vocation de lister les candidats au retour au bercail, ainsi que leurs éventuelles demandes d’aides. La plateforme s’ouvrait également sur les représentations diplomatiques en leur proposant d’y puiser toute la data dont ils ont besoin ou de s’en servir pour diffuser des communiqués et autres flashs infos.
Mais voilà, il semble aujourd’hui que cette initiative ait déplu en haut lieu en raison de son caractère officieux, mais également en raison du risque de dilution et de confusion qu’elle faisait peser sur les efforts des autorités nationales pour le rapatriement des marocains bloqués à l’étranger. Une source autorisée au sein du ministère des affaires étrangères nous disait avant la mise en off de la plateforme que : «le ministère tient à prendre ses distances de cette initiative qui ne le concerne ni de près, ni de loin».
Réagissant aux reproches qui lui ont été sans doute adressés, Anas El Arras qui tablait sur une validation de son application par les autorités a donc été contraint de la mettre à l’arrêt. Dans un message rendu public dimanche, il affirme que «la plateforme ne peut pas être opérationnelle et efficace que si elle obtient l'adhésion et la validation des autorités compétentes de mon pays… Pour information et conformément aux conditions d'utilisation et aux règles en vigueur pour la protection des données personnelles toutes les données ont été détruites».
Au vu de l’enthousiasme et de l’adhésion qu’elle avait suscité selon son initiateur auprès des marocains bloqués à l’étranger qui étaient selon Anas El Arass plusieurs milliers à s’y être connecté, ainsi qu’au vu de son utilité dans le cas des marocains bloqués dans des pays lointains où le Royaume n’est pas diplomatiquement représenté, n’aurait-il pas mieux valu maintenir cette plateforme, tout en en confiant l’administration et la gestion au ministère des affaires étrangères... ou du moins en dupliquer le concept et lancer une nouvelle plateforme dotée de l'ensemble des garanties techniques et légales? L'idée mérite réflexion.
Interview d’Anas El Arras recueillie, samedi 2 mai, la veille de l’arrêt de sa plateforme
Anas El Arras: «Nous souhaitons collaborer avec le Ministère des Affaires Étrangères»
Quelles étaient vos motivations pour le lancement de cette plateforme ?
J’étais bouleversé par la situation des milliers de marocains séparés de leurs familles en ce mois sacré de Ramadan et j’ai décidé de réagir en apportant ma contribution pour trouver une solution à ce problème. Comme je dispose d’entreprises spécialisées dans l’élaboration de solutions numériques et dans l’affrètement aérien, entre autres, cela m’a paru tout à fait naturel d’élaborer une solution technologique. D’où le lancement de la plateforme #Rapatriement_ma. En l’espace de cinq jours, celle-ci a enregistré un trafic non négligeable, avec plusieurs milliers de connexions depuis les quatre coins du monde.
N’aviez-vous pas peur de parasiter le travail des autorités dans ce sens ?
Personne, y-compris les autorités compétentes, ne dispose des bons chiffres puisque certaines zones, très isolées comme les Maldives et les Antilles néerlandaise ne sont pas couvertes. En plus, le traitement individuel et manuel, implique un important risque de perdition et d’inexactitude des données. La plateforme a pour vocation de permettre aux autorités d’automatiser le processus et de cibler la totalité des Marocains Bloqués à l'Étranger. Elle peut aussi les aider à prioriser l’opération de rapatriement selon des données scientifiques et totalement objectives.
Quelle a été la réaction des autorités face à votre initiative ?
Nous attendons toujours une réponse à notre communication qui leur a été adressée. J’offre mes services et mon savoir-faire pour aider les autorités avec lesquelles je souhaite une collaboration étroite. Je tiens à saluer les efforts humains déployés à travers les différentes cellules de crise établies, mais je pense que la plateforme leur permettra une énorme économie d'échelle du point de vue des ressources humaines et financières déployées, tout en favorisant un regroupement plus rapide des informations. Ce qui constitue un gain non négligeable de temps.
Et qu’en est-il de la gestion des données à caractère personnel ?
Comme nous opérons depuis le Portugal, les données des utilisateurs sont protégées par les lois européennes. De toute façon, les utilisateurs ont aussi la possibilité, à tout moment, de supprimer leurs comptes. Je tiens enfin à préciser que toutes les données sont strictement confidentielles et qu’à l’exception des autorités, elles ne feront l’objet d’aucun partage.
Quelles étaient vos motivations pour le lancement de cette plateforme ?
J’étais bouleversé par la situation des milliers de marocains séparés de leurs familles en ce mois sacré de Ramadan et j’ai décidé de réagir en apportant ma contribution pour trouver une solution à ce problème. Comme je dispose d’entreprises spécialisées dans l’élaboration de solutions numériques et dans l’affrètement aérien, entre autres, cela m’a paru tout à fait naturel d’élaborer une solution technologique. D’où le lancement de la plateforme #Rapatriement_ma. En l’espace de cinq jours, celle-ci a enregistré un trafic non négligeable, avec plusieurs milliers de connexions depuis les quatre coins du monde.
N’aviez-vous pas peur de parasiter le travail des autorités dans ce sens ?
Personne, y-compris les autorités compétentes, ne dispose des bons chiffres puisque certaines zones, très isolées comme les Maldives et les Antilles néerlandaise ne sont pas couvertes. En plus, le traitement individuel et manuel, implique un important risque de perdition et d’inexactitude des données. La plateforme a pour vocation de permettre aux autorités d’automatiser le processus et de cibler la totalité des Marocains Bloqués à l'Étranger. Elle peut aussi les aider à prioriser l’opération de rapatriement selon des données scientifiques et totalement objectives.
Quelle a été la réaction des autorités face à votre initiative ?
Nous attendons toujours une réponse à notre communication qui leur a été adressée. J’offre mes services et mon savoir-faire pour aider les autorités avec lesquelles je souhaite une collaboration étroite. Je tiens à saluer les efforts humains déployés à travers les différentes cellules de crise établies, mais je pense que la plateforme leur permettra une énorme économie d'échelle du point de vue des ressources humaines et financières déployées, tout en favorisant un regroupement plus rapide des informations. Ce qui constitue un gain non négligeable de temps.
Et qu’en est-il de la gestion des données à caractère personnel ?
Comme nous opérons depuis le Portugal, les données des utilisateurs sont protégées par les lois européennes. De toute façon, les utilisateurs ont aussi la possibilité, à tout moment, de supprimer leurs comptes. Je tiens enfin à préciser que toutes les données sont strictement confidentielles et qu’à l’exception des autorités, elles ne feront l’objet d’aucun partage.
L’intrigante et «stupéfiante» autobiographie d’Anas El Arras
Capture d'écran où l'on voit Anas El Arass lors d'une cérémonie officielle où il aurait reçu une décoration
Dans ce qui ressemble à une autobiographie disponible sur le site internet aeronautique.ma, Anas El Arras est présenté comme ex-lieutenant de l’armée de l’air marocaine et depuis 2011 membre d’une équipe de chercheurs de l’université nationale de Séoul travaillant sur la création d’un avion télécommandé de dernière génération à usage militaire. Ce qui lui aurait valu l'obtention d'une trentaine de brevets.
Toujours dans la même biographie, l’homme natif de Marrakech en 1985 se dit titulaire d’un Wissam Al Moukafaa Al Wathania de 2ème classe (Commandeur). Auparavant, il aurait intégré l’Ecole Royale de l’Air (ERA) pour en sortir major de la 35ème promotion en 2007 avec l’usuelle double casquette d’officier de l’actif des Forces Royales Air (FRA) et d’ingénieur d’Etat en techniques aéronautiques. En 2009 il aurait été promu au grade de l'ieutenant, suite à quoi il optera pour la défense aérienne et suivra les formations de rigueurs à Marrakech et à l’école de chasse de Bassatine (Meknès).
Dans un portrait dithyrambique publié par TelQuel en novembre 2019, El Arras est décrit comme un homme «calme, discret et rigoureux, forgé par la discipline militaire. Du haut de ses 14 ans, il désirait déjà, par goût de la compétition, le prestige et l’élitisme. Il les trouvera au lycée militaire de Marrakech, sa ville de naissance, où il intègre sur concours le Collège royal préparatoire aux techniques aéronautiques (CRPTA)».
La bio d’El Arass disponible sur aeronautique.ma le présente, quant à elle, comme un polyglotte parlant parfaitement en plus de l’arabe, le français, l’anglais, l’espagnol, le portugais et l’italien. Dans son profil Linkedin, Anass El Arras se dit enfin titulaire d’un diplôme en intelligence artificielle décroché entre 2017 et 2018 du prestigieux Massachussets Institute of Technology (MIT)... Rien que ça !!!!
Toujours dans la même biographie, l’homme natif de Marrakech en 1985 se dit titulaire d’un Wissam Al Moukafaa Al Wathania de 2ème classe (Commandeur). Auparavant, il aurait intégré l’Ecole Royale de l’Air (ERA) pour en sortir major de la 35ème promotion en 2007 avec l’usuelle double casquette d’officier de l’actif des Forces Royales Air (FRA) et d’ingénieur d’Etat en techniques aéronautiques. En 2009 il aurait été promu au grade de l'ieutenant, suite à quoi il optera pour la défense aérienne et suivra les formations de rigueurs à Marrakech et à l’école de chasse de Bassatine (Meknès).
Dans un portrait dithyrambique publié par TelQuel en novembre 2019, El Arras est décrit comme un homme «calme, discret et rigoureux, forgé par la discipline militaire. Du haut de ses 14 ans, il désirait déjà, par goût de la compétition, le prestige et l’élitisme. Il les trouvera au lycée militaire de Marrakech, sa ville de naissance, où il intègre sur concours le Collège royal préparatoire aux techniques aéronautiques (CRPTA)».
La bio d’El Arass disponible sur aeronautique.ma le présente, quant à elle, comme un polyglotte parlant parfaitement en plus de l’arabe, le français, l’anglais, l’espagnol, le portugais et l’italien. Dans son profil Linkedin, Anass El Arras se dit enfin titulaire d’un diplôme en intelligence artificielle décroché entre 2017 et 2018 du prestigieux Massachussets Institute of Technology (MIT)... Rien que ça !!!!