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Actu Maroc

Mesures sanitaires : Plus que temps pour revenir à la normale !


Rédigé par Hiba CHAKER Mardi 29 Mars 2022

Face à un grand relâchement de la population à porter des masques dans les espaces publics, des spécialistes de la santé estiment que le port du masque et d’autres mesures ne sont plus nécessaires pour lutter efficacement contre la Covid-19.



En faisant un petit tour dans les rues des différentes villes marocaines, on a l’impression que la cinquième vague est bel et bien derrière nous. Dans les moyens de transport, aux supermarchés… plus personne ne met le masque, hormis quelques rares exceptions. Le port du masque n’est plus obligatoire dans les lieux soumis au pass vaccinal en France, il en est de même au Royaume-Uni qui a annoncé la fin des restrictions dès le 28 février. Au Maroc, les autorités sanitaires continuent d’appeler les gens à respecter scrupuleusement les gestes barrières. La majorité des Marocains se demandent si le port du masque a toujours son utilité.

Ce débat remonte même au niveau des médecins et des chercheurs en systèmes sanitaires, c’est le cas de Jaâfar Heikel, épidémiologiste et expert en économie de la Santé, qui a fait savoir dans un tweet que «les données épidémiologiques et scientifiques montrent qu’il n’y a pas de raison de maintenir le port du masque à l’extérieur».

«Plusieurs études montrent que le masque peut être utile pour la réduction de la transmission du virus dans les espaces fermés à condition qu’il soit bien porté, avec une aération correcte», explique M. Heikel, qui ne voit pas d’intérêt à porter le masque dans les espaces ouverts. «Il est clair aujourd’hui que le port du masque n’apporte pas de plus-value à la lutte contre la pandémie et n’a pas d’impact sur la réduction des hospitalisations», a-t-il repris, ajoutant que plusieurs pays ont compris que la circulation du variant Omicron ne saurait être stoppée ou jugulée par le port du masque. D’ailleurs, « le port du masque peut même être élitaire et avoir des effets négatifs sur la santé psychologique des gens ».

Une situation qui prête à l’optimisme

« Le Maroc dispose désormais de tous les éléments pour passer, dès aujourd’hui, de l’obligation légale des mesures de protection à la phase des recommandations pour la population, et passer des mesures collectives vers la responsabilité individuelle », nous annonce Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en systèmes et politiques de santé.

« Le Royaume pourra ainsi faire partie du cercle des pays qui vont initier la convalescence de notre planète, tout en donnant un message fort de la reprise envers les populations, les touristes, les investisseurs marocains et étrangers, et profiter de cette réussite pour renforcer ses échanges », argumente-t-il. En effet, deux Marocains sur trois ont déjà reçu deux doses du vaccin anti-Covid. Parmi les Marocains de 12 ans et plus, plus de quatre sur cinq sont doublement vaccinés et neuf sur dix ont reçu au moins une dose. Environ six millions de Marocains ont reçu la dose booster.

Sur le plan épidémiologique, les indicateurs de la fréquence sont au plus bas niveau : le nombre de cas quotidiens à deux chiffres et le taux de positivité à moins de 1%. Les indicateurs de la gravité sont aussi très rassurants : nombre très bas d’admis quotidiens en réanimation (moins de dix) et taux d’occupation des lits de réanimation dédiés à la Covid de moins de 2%. Toutefois, les « espaces clos non aérés sont des espaces à très haut risque de contamination par le virus », précise Dr Hamdi. Les grands rassemblements seront à gérer avec prudence.

Les experts plaident pour une fin de l’obligation

En se basant sur plusieurs études telles que celle de Tommaso Céleste Bulfone, publiée au «Journal of Infectious diseases», Jaâfar Heikel estime qu’il n’y a pas forcément une corrélation entre la multiplication des contagions au variant Omicron et la mortalité. C’est ce qui explique, selon lui, le fait que plusieurs pays aient commencé à abandonner le port du masque. De ce point de vue, il n’est plus nécessaire d’imposer le port du masque, puisqu’il n’empêche pas les variants très transmissibles de circuler.

Aussi, la vaccination est-elle largement suffisante, estime M. Heikel. Même son de cloche du côté de Tayeb Hamdi qui confirme qu’«avec les variants Delta et Omicron qui sont très transmissibles, les chances d’échapper au virus, même avec le masque, ne dépassent pas 1% ». Par conséquent, les experts estiment qu’il est temps de considérer la Covid-19 comme une endémie ou une maladie saisonnière, plaidant pour la révision de la stratégie de lutte contre la pandémie à la lumière de cette nouveauté et à penser aux autres pathologies.

Désormais, la lutte contre la Covid est « une responsabilité individuelle», estime Heikel, pour lequel cette lutte se base sur l’éducation sur la santé, alors que pour Hamdi elle s’appuie sur la vaccination. In fine, Heikel estime qu’il faut dorénavant réfléchir la pandémie et la santé dans leurs dimensions sociale, économique, psychologique et humaine, en sachant que les autres maladies sont aussi une priorité.



Hiba CHAKER

Repères

Covid-19 :De la pandémie à l’endémie
Après deux ans de calvaire, qui ont chamboulé économie, politique et société, la fin de la souffrance s’annonce proche. En effet, la directrice régionale de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique, Dr Rebecca Moeti, confirme et soutient cette thèse. « La pandémie entre dans une phase différente. Nous pensons que nous entrons maintenant… dans ce qui pourrait devenir une sorte d’existence endémique avec le virus», a annoncé Dr Moeti au cours de la semaine dernière.

OMS : Appel à la vigilance
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a appelé jeudi dernier les pays africains à ne pas relâcher leur vigilance face à la Covid-19 malgré la levée progressive de l’essentiel des mesures sanitaires sur le continent. « La pandémie n’est pas encore terminée et les mesures préventives doivent être allégées avec prudence, les autorités sanitaires pesant les risques par rapport aux bénéfices attendus. La levée des mesures de santé publique ne signifie pas que l’on lève le pied de la pédale de la vigilance pandémique », a déclaré, lors d’une conférence de presse virtuelle Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.


L'info...Graphie


Mission française au Maroc


Les parents d’élèves se révoltent contre les masques
 
Certains parents d’élèves de la Mission française au Maroc sont en rogne à cause du port du masque imposé à leurs enfants au sein des écoles dans le cadre du protocole sanitaire lié au Covid. Ils ont ainsi adressé une lettre ouverte au gouvernement, aux directeurs des établissements scolaires et aux pédiatres pour soulever les effets néfastes de ces masques sur la santé des enfants.

« Nous demandons l’abrogation du port du masque à l’école comme c’est déjà le cas dans de nombreux autres pays. Les études scientifiques n’ont apporté aucune preuve de l’efficacité des masques, au contraire. Elles ont mis en lumière d’innombrables effets secondaires graves. Un remède ne doit pas être pire que le problème », peut-on lire dans la lettre.

Les parents précisent que les masques contiennent des produits chimiques toxiques et cancérigènes. « La présence aussi du graphène dans les masques entraîne des lésions pulmonaires persistantes, similaires aux effets de l’amiante. Nos enfants risquent l’asphyxie due à la carence en oxygène et l’excès de CO2 causant maux de tête, nausées, fatigue, perte de concentration, problèmes de sinus, problèmes respiratoires et d’hyperventilation », poursuit la lettre.
 

Ramadan


Une bouffée d’air pour les Marocains
 
Le mois sacré de Ramadan s’approche à grands pas. Pour les Marocains, ce mois est synonyme de solidarité, d’entraide, de recueillement, de prières et de festivités aussi. Avant la pandémie, les distributions de repas, l’organisation d’opérations d’« Iftar » (rupture du jeûne) étaient des moments de rassemblements de familles et d’amis. Toutefois, depuis deux ans, le jeûne a lieu dans un contexte particulier lié à la pandémie du Covid-19. Les Marocains devaient s’adapter aux couvre-feux, restrictions et protocoles sanitaires.

Entre mosquées fermées et absence de regroupements, d’aucuns ne retrouvaient même plus le goût spécial de Ramadan. Exceptionnellement, le gouvernement a annoncé que les prières des Tarawih seront accomplies dans les mosquées pendant ce mois sacré. Une annonce qui rime avec retour des balades nocturnes, des soirées aux cafés et des regroupements entre familles et amis. Certes, tous les indicateurs sont au vert. Qu’il s’agisse des contaminations, des hospitalisations ou des réanimations, l’ensemble des courbes épidémiques affichent ces derniers temps une très nette décrue.

Toutefois, ce grand relâchement qui s’annonce proche représente une phase d’observation pour le gouvernement afin de décider d’une accélération du calendrier de la levée des restrictions. D’ailleurs, l’Arabie Saoudite avait suspendu la « Omra » en mars 2020, en raison de la pandémie, ce petit pèlerinage qui commence à partir justement du début du Ramadan. Cette année, les autorités sanitaires saoudiennes ont annoncé que seules les personnes vaccinées contre la Covid-19 seraient autorisées à effectuer la Omra. Ainsi, des centaines de Marocains ont déjà programmé leurs visites aux Lieux saints durant ce mois sacré.
 

3 questions à Tayeb Hamdi


«Supprimer l’obligation du port du masque au plan légal ne va que joindre la réalité qu’on observe déjà dans nos rues»
 
Médecin et chercheur en systèmes et politiques de santé, Tayeb Hamdi plaide pour une suppression du port obligatoire du masque dans les espaces ouverts.


Malgré le fait que la situation sanitaire s’est nettement améliorée au Royaume, le port du masque demeure obligatoire. Pourquoi devrons-nous franchir le cap en mettant fin à cette mesure, sachant qu’il y a un relâchement complet des gestes barrières ?

- Effectivement, nous sommes dans une situation économique maîtrisée, une propagation de virus très basse, une population largement immunisée suite à des infections précédentes, soit par la vaccination (2/3 de la population a eu au moins deux doses). Malgré qu’il y a une régression au niveau de la 3ème dose, le choix de supprimer l’obligation du port du masque est légitime à mon sens, surtout dans les espaces ouverts.

Il faut toutefois gérer les espaces clos avec une grande vigilance. Sinon, il n’y a plus aucun intérêt de garder l’obligation des masques. Porter un masque doit devenir un choix en fonction des risques pour chaque personne.


-N’est-il pas encore tôt pour prendre une décision pareille et revenir à une vie quasi normale ?


- Non, ce n’est pas encore tôt. Dans l’espace clos, il y a plusieurs facteurs qui impactent la propagation du virus tels que le masque, le nombre de personnes, la durée qu’on passe dans cet espace. La grande majorité des Marocains ne respectent plus le port du masque ni dans les espaces clos ni dans les espaces ouverts, donc le fait de supprimer l’obligation du port du masque au plan légal ne va que joindre la réalité qu’on observe déjà dans nos rues.


- Qu’en est-il d’un éventuel rebond de l’épidémie ?


- C’est possible. Le rebond épidémique en Europe est actuellement expliqué par deux choses. D’abord par la suppression des mesures barrières puis par le sous-variant B.A.2 qui est plus transmissible que les autres variants. Peut-être on aura plus de cas quotidiennement et un ou deux morts, mais ça ne va pas trop impacter l’évolution de l’épidémie.

La deuxième cause du rebond c’est qu’avec la suppression des mesures barrières, la population décide rapidement de revenir à la vie normale en faisant la bise, en saluant par la main, non-respect de l’hygiène… La suppression de l’obligation du masque n’est pas synonyme de suppression des conseils et recommandations de précaution. Mais en tout cas, au Maroc, on se n’attend pas à un rebond dramatique.

Recueillis par H. C.
 








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