Les dirigeants des pays de l’OTAN se réunissent à Madrid, en Espagne, pour débattre de grandes questions auxquelles l’Alliance est confrontée. C’est au sommet de Madrid que seront définies les orientations stratégiques de l’OTAN pour la prochaine décennie et au-delà, qui permettront à l’Alliance de continuer à s’adapter à un monde en évolution et à préserver la sécurité de la population de ses pays membres, soit un milliard de personnes.
Parmi les questions abordées lors du sommet madrilène, émerge celle de l’invasion de l’Ukraine menée par la Russie et la nouvelle réalité en matière de sécurité en Europe et comment ont-elles influencé l’approche de dissuasion et de défense de l’OTAN.
Ensuite, quelle serait la réaction de l’Alliance pour répondre à d’autres défis, tels que l’influence et l’assertivité grandissantes de la Chine ou les effets du changement climatique sur la sécurité ?
Et enfin, que sera le contenu du prochain concept stratégique de l’OTAN, qui doit guider l’adaptation future de l’Alliance à un monde plus concurrentiel, dans lequel des puissances autoritaires tentent de remettre en cause l’ordre international fondé sur des règles.
Ce sont là quelques-unes des interrogations importantes dont les dirigeants des pays de l’OTAN débattront au sommet de Madrid.
Moscou : une « menace directe » ?
La Russie représente une « menace directe » pour la sécurité des pays de l'OTAN, réunis en sommet à Madrid, a déclaré mercredi 29 juin Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'Alliance atlantique, qui va renforcer son flanc oriental en réponse à l'invasion russe de l'Ukraine. Lors du sommet qui doit réviser la feuille de route de l'Alliance pour la première fois depuis 2010, « nous allons dire clairement que la Russie représente une menace directe pour notre sécurité », a-t-il dit.
Le sommet de Madrid est « historique » alors que l'Alliance vit « sa crise sécuritaire la plus sérieuse depuis la Seconde Guerre mondiale », a-t-il insisté. Face à la menace de la Russie, les pays de l'OTAN vont décider à Madrid de renforcer leurs « groupements tactiques » présents sur le flanc est de l'Alliance. L'OTAN va également « transformer sa force de réaction », de 40.000 soldats, et porter le nombre de ses forces à haut niveau de préparation « bien au-dessus » de 300.000 militaires, avait dit Jens Stoltenberg lundi.
Ne pas perdre de vue Pékin
« C'est le remaniement le plus important de notre défense collective depuis la guerre froide », a-t-il souligné mercredi. La nouvelle feuille de route de l'OTAN, baptisée « concept stratégique » et qui doit être adoptée à Madrid, va également mentionner pour la première fois les « défis » représentés par la Chine « pour nos valeurs, nos intérêts et notre sécurité », a encore dit Jens Stoltenberg.
« La Chine n'est pas un adversaire, mais nous devons prendre en compte les conséquences pour notre sécurité quand nous voyons la Chine investir lourdement dans de nouveaux équipements militaires », a-t-il poursuivi. Signe de cette préoccupation, l'OTAN a invité cette année, pour la première fois, les dirigeants japonais et sud-coréen à participer à son sommet.
Enfin et pour conclure, l’OTAN adoptera lors de ce sommet de Madrid son nouveau concept stratégique.
Ce concept stratégique, un document capital, réaffirme les valeurs, la fonction et les tâches de l’OTAN. Il présente une évaluation collective des défis de sécurité existant pour l’Alliance et il définit les tâches politiques et militaires que l’OTAN accomplira pour y répondre.
Le concept stratégique est le résultat de consultations internes menées entre les Alliés et d’une coopération avec des acteurs externes - partenaires, autres organisations internationales, groupes d’experts, organisations représentant la jeunesse, société civile et secteur privé.
Japon et Corée du Sud, invités du Sommet
Le Japon et la Corée du Sud, qui ont opéré un rapprochement en raison des menaces de la Chine, aimeraient s’impliquer dans une alliance sécuritaire avec l’OTAN. L’attention portée à la guerre en Ukraine n’empêche pas l’OTAN de considérer des menaces plus éloignées de son champ d’intervention traditionnel, orientées vers l’Asie. Son sommet, qui se tient jusqu’à ce jeudi 30 juin à Madrid, doit se traduire par l’adoption d’un nouveau concept stratégique intégrant désormais la Chine dans ses préoccupations.
La prise en compte de la menace chinoise explique la présence à Madrid du Premier ministre japonais, Fumio Kishida, et du président sud-coréen, Yoon Seok-youl. Il s’agit d’une première pour Tokyo et Séoul, invités comme « partenaires asiatiques », selon l’OTAN, aux côtés de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, pays inquiets des visées de Pékin dans le Pacifique.
Les invitations s’inscrivent dans les transformations en cours des orientations stratégiques des deux pays. Le Japon est membre du dialogue quadrilatéral (le « Quad », cadre de coopération pour la région indo-pacifique établi en opposition à la Chine) avec les Etats-Unis, l’Inde et l’Australie. Il coopère déjà avec l’Alliance sur le partage d’informations et la sécurité maritime, depuis la signature d’un accord en juin 2010. Pendant le sommet, Tokyo a l’intention, selon M. Kishida, de « promouvoir l’idée que la sécurité de l’Europe et celle de l’Indo-Pacifique sont indissociables ».