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Peine de mort : La controverse se poursuit sur l’affaire Adnane


Rédigé par Anass Machloukh Vendredi 18 Septembre 2020

En réaction aux nombreux appels à l’exécution de l'assassin du jeune Adnan, Amnesty International et des instances marocaines pour l'abolition de la peine de mort ont condamné « les appels à la vengeance ». Une position qui risque de susciter l'ire de l’opinion publique.



Peine de mort : La controverse se poursuit sur l’affaire Adnane
En dépit de l’ampleur qu’a pris cette affaire qui a suscité l’émotion et la colère des Marocains, les instances marocaines pour l'abolition de la peine de mort semblent étonnamment aller à l’encontre de la condamnation générale en réaffirmant leur opposition à la peine capitale tout en dénonçant ce crime odieux.
 
La Coalition marocaine pour l'abolition de la peine de mort, des réseaux des parlementaires, des avocats et des journalistes ont publié un communiqué conjoint où ils ont réprouvé « toutes les pratiques et positions qui viseraient à faire pression sur le pouvoir judiciaire et influenceraient ses décisions ou saperaient les fondements de son impartialité ou les règles et les fondements d'un procès équitable ».
 
Dans ce sens, ces derniers ont appelé à l’abolition définitive de la peine capitale dans le système pénal marocain, et ce, à l'instar des deux tiers des pays du monde qui ont pris cette initiative. Ils ont également appelé à la protection du droit à la vie ce qui ne fait pas l’unanimité chez les Marocains.
 
Amnesty International Maroc a également réagi au débat ambiant sur l’affaire Adnane en refusant les appels à la peine de mort, se positionnant ainsi contre la colère générale. Mohammed Sektaoui, président de l'ONG, nous a confié que le débat actuel sur le meurtre horrible du jeune Adnane est marqué par une émotion passagère qui ne privilégie pas la raison ». Il a également rappelé que la peine de mort n’a jamais permis la dissuasion des criminels. 
 
« Le Maroc a entamé le débat sur l’abolition de la peine de mort depuis des années sachant que la conférence nationale sur la politique pénale, organisé par le ministère de la Justice en 2004 avait recommandé d’aller progressivement vers l’annulation totale de cette peine » a-t-il rappelé, ajoutant que le droit à la vie est un droit constitutionnel.
 
Durcir les peines pour intimider les prédateurs

Le petit Adnane âgé de 11 ans a été violé, tué et enterré par son agresseur dans un quartier populaire de Tanger. Ceci a irrité la majeure partie des Marocains soulevant une vague de condamnation qui a appelé à l’exécution du coupable. Sur les réseaux sociaux, des pétitions ont circulé demandant l’application de la peine capitale et qui ont récolté des centaines de milliers de signatures. Parmi les pétitions qui ont totalisé un nombre impressionnant d’adhésions, celle lancée par Ayoub Baazzi, un jeune casablancais qui a été surpris de voir plus de 400.000 personnes souscrire à la page qu’il a pris l’initiative de créer sur Facebook. 

Pour sa part, Najia Adib, présidente de l’association «Touche pas à mes enfants», se joint aux nombreux Marocains qui appellent à l’application de la peine de mort. «Nous sommes pour l’application d’une telle peine afin d’empêcher ces criminels de toucher à nos enfants. Les peines allégées n’aident pas à lutter contre la pédophilie», s’insurge Mme Adib. «Quand ces prédateurs sont condamnés à des peines qui ne sont pas sévères, ils ne sont plus intimidés par la prison», ajoute-telle. 
 
D'ailleurs, selon l’article 474 du code pénal marocain, l’enlèvement d’un mineur est puni de la peine de mort si la victime est décédée. Bien que la peine de mort reste une sanction légale au Maroc, la dernière exécution a eu lieu en 1993. En pratique, les condamnés à mort ne sont condamnés qu’à la réclusion à perpétuité.

Ce drame soulève par ailleurs, la question de la prévention, qui est une variable fondamentale pour lutter contre la pédocriminalité. Dans ce sillage, les organisations de la société civile, notamment l’association «Touche pas à mon enfant», appellent à l’opérationnalisation du système «alerte enlèvement», et ce, à l’instar de plusieurs pays européens. Cette dernière déplore que «notre pays connaît, ces derniers temps, un phénomène affreusement inexplicable», qu’est le kidnapping des mineurs, d’où la nécessité d’agir en urgence.