La production halieutique bat un nouveau record. Elle a réalisé un volume de 1,4 million de tonnes pour un chiffre d’affaires record jamais atteint auparavant de 15 milliards de dirhams (MMDH) en 2021, en croissance de 35%, peut-on lire dans un communiqué du ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts.
Cette performance remarquable a été enregistrée dans les trois segments de pêche, à savoir la pêche artisanale (+66%), la pêche côtière (+22%) et la pêche hauturière (+36%), précise le ministère dans un communiqué. La pêche artisanale a profité de la hausse du CA du poulpe de 111% (74% du total) due notamment à l’augmentation du prix moyen de 53%, explique la même source, ajoutant que l’évolution de la pêche côtière résulte particulièrement de l’augmentation du CA des céphalopodes de 88%.
S’agissant du segment de la pêche hauturière, il a été porté par l’appréciation du CA des céphalopodes de 38% (82% du total) due à la hausse des prix moyens de ces espèces, indique le ministère. Concernant la hausse du volume de la production, celle-ci est due à l’augmentation aussi bien des captures du segment côtier (+2%) que du segment artisanal (+7%), du fait de la progression de la production des céphalopodes et du poisson blanc respectivement de 23% et 20%.
Aussi, l’activité de pêche au poulpe durant l’année 2021 a enregistré une performance remarquable avec un volume de production en augmentation de 22%, profitant particulièrement aux segments côtier et artisanal (+37%).
Cette hausse est redevable à l’amélioration de l’état du stock de cette pêcherie ayant conduit à l’augmentation du quota global de cette espèce pour 2021 de 8% et au démarrage précoce de la campagne de poulpe (20 décembre 2021 pour la campagne de l’hiver 2022 contre le 1er janvier 2021 concernant la campagne de l’hiver 2021).
Différents facteurs de croissance
Aux yeux de Houssine Nibani, expert en conservation de la nature, responsable de la région de l’Afrique du Nord du Réseau mondial (Conservation Coach Network-CCNet), il est compliqué d’appréhender précisément l’état des stocks de poissons. “L’augmentation des captures peut être un bon signe, mais ça n’est pas quelque chose de défini”, relativise-t-il.
En guise d’explication de la hausse en question, notre interlocuteur a mis en avant deux principaux facteurs : la restauration des écosystèmes et l’augmentation de la biomasse. Néanmoins, il n’exclut pas l’existence d’autres facteurs. “Les éléments précités peuvent expliquer cette hausse de production halieutique. D’autres facteurs peuvent intervenir, puisque c’est un sujet assez complexe, dont l’amélioration des techniques et des engins de pêche”, explique l’expert.
L’extraction illégale des ressources, on en parle ?
En sus de la restauration des écosystèmes, de l’augmentation de la biomasse et de l’amélioration des techniques et des engins de pêche, un autre élément n’est pas à négliger. Il s’agit de la pêche illégale.
“Malgré les efforts visant notamment à protéger les zones de reproduction et les poissons juvéniles, il y a toujours des prélèvements trop élevés dans les zones de reproduction, surtout du chalutage côtier. Le chalutage réglementé est limité à six milles en Atlantique, et à 3 milles en Méditerranée. En-deçà, les bateaux ne sont pas censés pêcher dedans. Certains outils ont un fort impact sur le milieu marin, en particulier ceux qui sont traînés sur les sols”, tient à rappeler Houssine Nibani.
Parmi les outils utilisés, le chalut de fond, un immense filet qui racle les sols pour en déloger les langoustines et les espèces profondes. D’autres, comme les lignes, les casiers, ou même les sennes sur banc libre, n’entrent pas en contact avec les fonds marins. De son côté, l’ONU avait demandé, dès 2006, que certaines techniques soient encadrées.
Néanmoins, la filière est consciente de la nécessité d’améliorer les techniques de pêche. Pour notre interlocuteur, il faudrait à tout le moins interdire la pêche illégale, mais aussi mener plus de recherches approfondies pour expliquer en détail les facteurs intrinsèques à l’évolution de la production halieutique. Il recommande de prime abord la restauration des écosystèmes et de pêcher des poissons en bonne conscience, dans le cadre d’une pêche durable et éco-responsable.
Le confinement, un exemple à méditer
Peut-on expliquer le nouveau record par la période de confinement ? “Certainement, parce que, même si on n’a pas encore une fois de données, on peut se permettre de se prononcer sur le fait que la mer s’était reposée pendant cette période”. Face à l’appétit de l’humanité, une grande partie des populations de poissons sont sous pression. Et la situation ne s’arrange pas franchement.
Et d’ajouter qu’il y a une bonne résilience dans nos écosystèmes. La période de confinement est une démonstration de plus que, si on respecte les périodes de repos biologique et les zones de non-prélèvement inscrites dans les lois en vigueur, tout le monde sera gagnant, étant donné que l’écosystème est résilient et capable de s’autoréguler et de s’auto-restaurer”, détaille-t-il.
“Il est temps qu’on considère la mer comme une ferme. L’écosystème va pouvoir se restaurer de lui-même. Il faut donc respecter les lois en vigueur au Maroc. Mais il reste difficile de faire le gardiennage sur 3500 km linéaires. Donc, les pêcheurs et les armateurs doivent être conscients et responsables. On espère, en cette période pandémique, que l’effet réserve ne soit pas caduc”, souhaite-il transmettre ce message. A bon entendeur !
Cette performance remarquable a été enregistrée dans les trois segments de pêche, à savoir la pêche artisanale (+66%), la pêche côtière (+22%) et la pêche hauturière (+36%), précise le ministère dans un communiqué. La pêche artisanale a profité de la hausse du CA du poulpe de 111% (74% du total) due notamment à l’augmentation du prix moyen de 53%, explique la même source, ajoutant que l’évolution de la pêche côtière résulte particulièrement de l’augmentation du CA des céphalopodes de 88%.
S’agissant du segment de la pêche hauturière, il a été porté par l’appréciation du CA des céphalopodes de 38% (82% du total) due à la hausse des prix moyens de ces espèces, indique le ministère. Concernant la hausse du volume de la production, celle-ci est due à l’augmentation aussi bien des captures du segment côtier (+2%) que du segment artisanal (+7%), du fait de la progression de la production des céphalopodes et du poisson blanc respectivement de 23% et 20%.
Aussi, l’activité de pêche au poulpe durant l’année 2021 a enregistré une performance remarquable avec un volume de production en augmentation de 22%, profitant particulièrement aux segments côtier et artisanal (+37%).
Cette hausse est redevable à l’amélioration de l’état du stock de cette pêcherie ayant conduit à l’augmentation du quota global de cette espèce pour 2021 de 8% et au démarrage précoce de la campagne de poulpe (20 décembre 2021 pour la campagne de l’hiver 2022 contre le 1er janvier 2021 concernant la campagne de l’hiver 2021).
Différents facteurs de croissance
Aux yeux de Houssine Nibani, expert en conservation de la nature, responsable de la région de l’Afrique du Nord du Réseau mondial (Conservation Coach Network-CCNet), il est compliqué d’appréhender précisément l’état des stocks de poissons. “L’augmentation des captures peut être un bon signe, mais ça n’est pas quelque chose de défini”, relativise-t-il.
En guise d’explication de la hausse en question, notre interlocuteur a mis en avant deux principaux facteurs : la restauration des écosystèmes et l’augmentation de la biomasse. Néanmoins, il n’exclut pas l’existence d’autres facteurs. “Les éléments précités peuvent expliquer cette hausse de production halieutique. D’autres facteurs peuvent intervenir, puisque c’est un sujet assez complexe, dont l’amélioration des techniques et des engins de pêche”, explique l’expert.
L’extraction illégale des ressources, on en parle ?
En sus de la restauration des écosystèmes, de l’augmentation de la biomasse et de l’amélioration des techniques et des engins de pêche, un autre élément n’est pas à négliger. Il s’agit de la pêche illégale.
“Malgré les efforts visant notamment à protéger les zones de reproduction et les poissons juvéniles, il y a toujours des prélèvements trop élevés dans les zones de reproduction, surtout du chalutage côtier. Le chalutage réglementé est limité à six milles en Atlantique, et à 3 milles en Méditerranée. En-deçà, les bateaux ne sont pas censés pêcher dedans. Certains outils ont un fort impact sur le milieu marin, en particulier ceux qui sont traînés sur les sols”, tient à rappeler Houssine Nibani.
Parmi les outils utilisés, le chalut de fond, un immense filet qui racle les sols pour en déloger les langoustines et les espèces profondes. D’autres, comme les lignes, les casiers, ou même les sennes sur banc libre, n’entrent pas en contact avec les fonds marins. De son côté, l’ONU avait demandé, dès 2006, que certaines techniques soient encadrées.
Néanmoins, la filière est consciente de la nécessité d’améliorer les techniques de pêche. Pour notre interlocuteur, il faudrait à tout le moins interdire la pêche illégale, mais aussi mener plus de recherches approfondies pour expliquer en détail les facteurs intrinsèques à l’évolution de la production halieutique. Il recommande de prime abord la restauration des écosystèmes et de pêcher des poissons en bonne conscience, dans le cadre d’une pêche durable et éco-responsable.
Le confinement, un exemple à méditer
Peut-on expliquer le nouveau record par la période de confinement ? “Certainement, parce que, même si on n’a pas encore une fois de données, on peut se permettre de se prononcer sur le fait que la mer s’était reposée pendant cette période”. Face à l’appétit de l’humanité, une grande partie des populations de poissons sont sous pression. Et la situation ne s’arrange pas franchement.
Et d’ajouter qu’il y a une bonne résilience dans nos écosystèmes. La période de confinement est une démonstration de plus que, si on respecte les périodes de repos biologique et les zones de non-prélèvement inscrites dans les lois en vigueur, tout le monde sera gagnant, étant donné que l’écosystème est résilient et capable de s’autoréguler et de s’auto-restaurer”, détaille-t-il.
“Il est temps qu’on considère la mer comme une ferme. L’écosystème va pouvoir se restaurer de lui-même. Il faut donc respecter les lois en vigueur au Maroc. Mais il reste difficile de faire le gardiennage sur 3500 km linéaires. Donc, les pêcheurs et les armateurs doivent être conscients et responsables. On espère, en cette période pandémique, que l’effet réserve ne soit pas caduc”, souhaite-il transmettre ce message. A bon entendeur !
Safaa KSAANI
Hausse de 36% de la valeur des produits de pêche commercialisés en 2021
Les recettes générées par les produits de pêche d’origine artisanale et côtière ont atteint 9 milliards de dirhams (972 millions $) en 2021, soit 36 % de plus qu’en 2020. C’est ce qu’indique l’Office National des Pêches (ONP). D’après l’institution, le volume des débarquements s’est chiffré à 1,3 million de tonnes, un stock en amélioration de 3 % d’une année sur l’autre. Les principaux produits commercialisés ont été le poisson blanc, les poissons pélagiques, les céphalopodes et les crustacés. Le sous-secteur de la pêche fournit 3 % du PIB.