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Rabat : Le Made in China cannibalise-t-il l’artisanat marocain ?


Rédigé par Rime Taybouta le Lundi 29 Novembre 2021

Au moment où certains secteurs stratégiques du Royaume reprennent avec force leurs activités, la réactivation du secteur artisanal est encore loin d’atteindre ses taux de production d’avant la pandémie.



Dans un espace couvert sentant le bois, la vie a du mal à reprendre son cours. Seule, délaissée et mélancolique, c’est l’impression que dégage l’ancienne Médina qui, hormis ses quelques fidèles clients, aussi peu nombreux qu’ils soient, semble être abandonnée pour un étranger chinois, plus moderne certes, moins riche toutefois, et beaucoup moins authentique surtout.

« La relève dans le secteur de l’artisanat n’est pas garantie alors que l’artisan marocain ne bénéfice d’aucun type d’aide, ce qui condamne cette activité à la disparition ». C’est en ces termes que Touil Mustapha, un artisan de 50 ans, déplore la situation que traverse l’artisanat au Maroc. Il exprime ainsi son désespoir à cause du manque de perspectives pour le collectif des artisans et leur métier qui se détériore graduellement.

Bien qu’il contribue à hauteur de 7% au Produit Intérieur Brut (PIB), l’artisanat ne compte pas en revanche une foire commerciale propre pour la promotion de ses produits. La baisse en nombre de touristes internationaux n’a pas seulement affecté les revenus des compagnies aériennes, d’autres secteurs transversaux, tels que l’artisanat, en pâtissent lourdement.

Le peu de visiteurs étrangers, généralement passionnés d’objets d’art exotiques, est un des facteurs qui ont plombé l’activité des artisans et pénalisé leurs recettes. La dure étape que traversent ces professionnels s’exaspère après plus d’un an et demi d’un semi-immobilisme. 

Parmi les causes signalées, ils citent la dégradation de ce secteur, la baisse des revenus à cause de la persistance de la pandémie, mais aussi (et surtout) la concurrence des produits chinois qui inondent le marché marocain. « Les Marocains doivent s’estimer heureux d’avoir un tel produit d’une excellente qualité qui est commercialisé à des prix abordables. Alors pourquoi chercher des produits d’ailleurs ? », se demande Mohammed Khalid, un commerçant à Bab El Had. L’artisanat marocain, imprégné de savoir-faire et d’authenticité, se distingue par la dextérité de l’artisan, « le mâalem », qui marque de sa touche une large palette de produits dans plusieurs genres : costumes, chaussures, bijoux et produits de territoire.

Comme initiative en faveur de l’encouragement de l’artisanat, la ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Nadia Fettah, a récemment annoncé des pistes de relance. Elle a particulièrement mentionné la création d’espaces d’exposition dans les grandes surfaces, la vente en ligne pour booster ce secteur qui emploie plus de deux millions de personnes (soit 20% de la population active), dont environ 230.000 artisans traditionnels.

Malgré l’importante taille de cette catégorie professionnelle, les artisans continuent de travailler dans des conditions précaires au moment où la plupart sont sans couverture sociale. Le réseau de distribution dont ils disposent se limite aux ventes aux clients traditionnels et occasionnels, et aux techniques commerciales basées sur l’utilisation de messages et commerce direct entre vendeurs et potentiels clients.

Le commerçant marocain est-il, dans ces conditions, en mesure de percer le commerce en ligne ? Il est certain que son produit sera prisé par les potentiels clients du fait que le secteur de l’importation fleurit au Maroc. L’artisanat national, qui jouit d’une profonde affection de la part des clients marocains, continue en outre d’embellir par son authenticité et sa beauté les centres commerciaux et marchés des anciennes médinas du Royaume. C’est son grand acquis et la fierté des artisans et clients.

Rime TAYBOUTA


Une promenade à l’ancienne Médina de Rabat

En entrant par la grande muraille de Bab Chellah, l’odeur de cuir nous attire à bien creuser dans les ruelles et les impasses de l’ancienne Médina de Rabat. La tranquillité de cet espace fait contraste avec les souks animés des villes touristiques. Les bazaristes, vendeurs de cuir, d’épices et de tissu ne s’empêchent pas d’apostropher les passants, pour découvrir, visiter ou même acheter un de leurs articles. Outre les tapis, les bijoux, les djellabas, le souk est également une mine d’or pour les petits restaurants populaires qui ciblent les clients et également les passants souhaitant déguster de bons tajines en pleine splendeur architecturale. L’atmosphère y est méditerranéenne avec des murs peints en blanc et des volets bleus.
 







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