- Toyota Motor, en collaboration avec l’Université de Kyoto, ont décidé récemment de tester la batterie à ion fluorure (FIB), que vous avez inventée en 2007, et qui permet à une voiture électrique de parcourir 1000 km par charge, ce qui est le double de la batterie lithium-ion. Pourquoi ça a duré douze ans avant d’être enfin testée ?
- Il y a deux raisons principales derrière cette durée. D’une part, il est très difficile de réaliser une nouvelle batterie rechargeable. D’autre part, une fois réalisée, la vérification de tous ses aspects prend beaucoup de temps. Une bonne batterie doit respecter les conditions de sécurité, durer le plus longtemps possible, il faut que ses composantes soient disponibles dans la nature et qu’elles ne soient pas dangereuses pour l’environnement .... Ce n’est pas facile de rassembler tous ces critères dans une seule batterie. Entre conception et réalisation d’une batterie, des années passent. C’est le cas de la batterie au Lithium, qu’on utilise dans les téléphones portables aujourd’hui, qui n’a été commercialisée qu’en 1991 alors qu’elle a été conçue en 1980. Le fabricant doit vérifier tous les critères précités, ce qui demande beaucoup de temps. Pour revenir à Toyota, on a juste commencé le test de la batterie et non pas sa fabrication.
- Pourquoi le Japon s’est-il intéressé à la batterie FIB ?
- Le Japon a un projet national de développement de la batterie au fluor de plusieurs milliards de dollars pour développer de nouvelles batteries aux ions fluorure (FIB). Je pense être le premier scientifique à avoir parlé de FIB à des Japonais lors d’un congrès franco-japonais tenu au Japon en 2011. La batterie FIB est actuellement en phase de développement, j’espère qu’elle verra bientôt le jour, l’énergie qu’elle va stocker est 7 fois plus importante que la batterie Lithium, ce qui est très énorme. En plus, 1 kilo de lithium coûte environ 150 dollars, par contre, un kilo de fluor coûte 2 dollars au maximum. Très rentable, n’est-cepas ?
- Premier fournisseur de la fluorine, le Maroc sera-t-il privilégié, s’il opte pour la production des batteries FIB et Lithium ?
- C’est une bonne nouvelle pour le royaume, très riche en Fluorine. Il est également le premier fournisseur de cette matière première, exportée pour fabriquer du fluor. Concernant les batteries au Lithium, elles sont indispensables pour développer les énergies. Une mesure prise par tous les pays développés. Mon message : il faut au Maroc une société productrice des batteries Lithium, en exploitant les matières premières disponibles, notamment le cobalt, le phosphate et le fluor.
- Selon vous, quel est l’avenir des batteries au Lithium ?
- Actuellement, le marché est estimé à 80 milliards de dollars. On estime qu’il atteindra 200 milliards de dollars d’ici 2025. L’avenir de ces batteries est plus que prometteur. Il sera très difficile de trouver une autre batterie dans au moins 30 ans, à moins qu’il y ait un autre John Goodenough ou Rachid Yazami, quelque part dans le monde.
- Il y a deux raisons principales derrière cette durée. D’une part, il est très difficile de réaliser une nouvelle batterie rechargeable. D’autre part, une fois réalisée, la vérification de tous ses aspects prend beaucoup de temps. Une bonne batterie doit respecter les conditions de sécurité, durer le plus longtemps possible, il faut que ses composantes soient disponibles dans la nature et qu’elles ne soient pas dangereuses pour l’environnement .... Ce n’est pas facile de rassembler tous ces critères dans une seule batterie. Entre conception et réalisation d’une batterie, des années passent. C’est le cas de la batterie au Lithium, qu’on utilise dans les téléphones portables aujourd’hui, qui n’a été commercialisée qu’en 1991 alors qu’elle a été conçue en 1980. Le fabricant doit vérifier tous les critères précités, ce qui demande beaucoup de temps. Pour revenir à Toyota, on a juste commencé le test de la batterie et non pas sa fabrication.
- Pourquoi le Japon s’est-il intéressé à la batterie FIB ?
- Le Japon a un projet national de développement de la batterie au fluor de plusieurs milliards de dollars pour développer de nouvelles batteries aux ions fluorure (FIB). Je pense être le premier scientifique à avoir parlé de FIB à des Japonais lors d’un congrès franco-japonais tenu au Japon en 2011. La batterie FIB est actuellement en phase de développement, j’espère qu’elle verra bientôt le jour, l’énergie qu’elle va stocker est 7 fois plus importante que la batterie Lithium, ce qui est très énorme. En plus, 1 kilo de lithium coûte environ 150 dollars, par contre, un kilo de fluor coûte 2 dollars au maximum. Très rentable, n’est-cepas ?
- Premier fournisseur de la fluorine, le Maroc sera-t-il privilégié, s’il opte pour la production des batteries FIB et Lithium ?
- C’est une bonne nouvelle pour le royaume, très riche en Fluorine. Il est également le premier fournisseur de cette matière première, exportée pour fabriquer du fluor. Concernant les batteries au Lithium, elles sont indispensables pour développer les énergies. Une mesure prise par tous les pays développés. Mon message : il faut au Maroc une société productrice des batteries Lithium, en exploitant les matières premières disponibles, notamment le cobalt, le phosphate et le fluor.
- Selon vous, quel est l’avenir des batteries au Lithium ?
- Actuellement, le marché est estimé à 80 milliards de dollars. On estime qu’il atteindra 200 milliards de dollars d’ici 2025. L’avenir de ces batteries est plus que prometteur. Il sera très difficile de trouver une autre batterie dans au moins 30 ans, à moins qu’il y ait un autre John Goodenough ou Rachid Yazami, quelque part dans le monde.
Recueillis par Safaa KSAANI
Portrait : Un chercheur énergique
Né en 1953, le scientifique Rachid Yazami occupe actuellement le poste de professeur en Énergétique à Nanyang Technological University à Singapour. Il a fait ses premières études aux lycées Moulay Rachid et Moulay Driss à Fès, sa ville natale, avant d’être admis à l’Institut Polytechnique de Grenoble (INP) en France où il a occupé le poste de directeur de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Il est le premier scientifique à découvrir en 1980 l’anode graphite pour les batteries rechargeables au lithium, utilisées actuellement dans des téléphones mobiles et des voitures.
Ce chercheur, qui a animé plusieurs conférences dans plusieurs universités internationales, compte à son actif plusieurs brevets d’invention et des centaines de publications scientifiques. Titulaire de plusieurs Prix et distinctions, il a été décoré par Sa Majetsé le Roi Mohammed VI du Wissam Al Kafaa Al Fikria en 2014.
En 2018, il a remporté au Koweit le Prix de “ l’Innovation scientifique et technologique « dans le cadre de l’initiative «Takrim 2018», en reconnaissance pour ses recherches scientifiques et ses inventions, en particulier l’anode graphite pour les batteries lithium-ion. Plus récemment, en septembre dernier, il a remporté le Prix «Arab Investor Award» dans la catégorie «Application verte».
Ce chercheur, qui a animé plusieurs conférences dans plusieurs universités internationales, compte à son actif plusieurs brevets d’invention et des centaines de publications scientifiques. Titulaire de plusieurs Prix et distinctions, il a été décoré par Sa Majetsé le Roi Mohammed VI du Wissam Al Kafaa Al Fikria en 2014.
En 2018, il a remporté au Koweit le Prix de “ l’Innovation scientifique et technologique « dans le cadre de l’initiative «Takrim 2018», en reconnaissance pour ses recherches scientifiques et ses inventions, en particulier l’anode graphite pour les batteries lithium-ion. Plus récemment, en septembre dernier, il a remporté le Prix «Arab Investor Award» dans la catégorie «Application verte».
S. K
Repères
Gujarat Fluorochemicals accélère ses investissements
Après l’entrée en service de son premier projet minier au Maroc, en 2015, l’indien Gujarat Fluorochemicals Limited s’apprête déjà à en inaugurer l’extension. GFL GM Fluorspar SA, la filiale marocaine créée en 2011 pour exploiter une mine de valorisation et transformation de Fluorine près de Taourirt, est en train de parachever les ultimes réglages et investissements devant hisser sa capacité de production à 60.000 tonnes. Une production presque entièrement destinée à l’export vers l’Europe et d’autres pays méditerranéens à partir du port de Nador.
Productions nationales en fluorine
Grâce principalement à la mine d’El Hamman (située à 80 km de Meknès) qu’exploite Samine (filiale du groupe Managem), le Maroc a produit près de 78.000 tonnes de Fluorine en 2018, ce qui le positionne au top 15 des producteurs mondiaux. Grâce à ses gisements en phosphates, minerai qui contient en faible quantité la fluorine, le royaume est capable de démultiplier sa production pour peu que l’équation de la rentabilité des coûts d’extraction au vu des cours de la fluorine, soit économiquement incitative.
Voiture électrique : 1000 km d’autonomie grâce aux batteries FIB
Le groupe nippon Toyota, associé aux scientifiques de l’Université de Tokyo, travaille au développement d’une nouvelle batterie « solide ». Dénuée de lithium et baptisée FIB (Fluoride-Ion Battery), inventée par le Professeur Rachid Yazami, cette nouvelle technologie reposerait sur une anode constituée de fluor, de cuivre et de cobalt et sur une cathode principalement composée de lanthane. Une chimie inédite qui annonce une densité énergétique sept fois plus élevée que celle des cellules lithium-ion actuelles. Résultat : à volume égal, il sera possible d’embarquer bien plus d’énergie. Appliquée au domaine de la voiture électrique, cette technologie pourrait conduire à des autonomies de l’ordre de 1000 km.