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Rapport du Baromètre Arabe : Comment la corruption érode la confiance des Marocains !


Rédigé par Yousra Rhardoud Lundi 10 Juin 2024

Au cours des dernières années, le Maroc a traversé de nombreuses crises majeures, révélant des divisions profondes au sein de la société. Un rapport récent du Réseau Arab Barometer met en lumière les disparités socio-économiques et les perceptions des Marocains sur divers sujets allant de l’économie à la corruption.



Rapport du Baromètre Arabe : Comment la corruption érode la confiance des Marocains !
Un récent rapport du Arab Barometer révèle des insights fascinants sur les niveaux de satisfaction des Marocains vis-à-vis des services publics, ainsi que sur la perception omniprésente de la corruption au sein des institutions étatiques. Cette enquête, menée en collaboration avec l'Institut marocain d'analyse des politiques, a sondé 2411 citoyens à travers le Royaume, dévoilant des données à la fois préoccupantes et prometteuses.
Éducation : Une satisfaction en demi-teinte
 
D’après les résultats, un quart des Marocains se disent "satisfaits ou très satisfaits" du système éducatif. Ce taux, stable depuis 2022, a néanmoins chuté de manière significative par rapport à 2016 où il s’élevait à 43%. Ce recul met en lumière un secteur qui peine à évoluer, malgré les efforts déployés pour améliorer la qualité de l'enseignement.
Santé : Une amélioration notable mais inégale
 
En ce qui concerne les soins de santé, environ 35% des Marocains expriment leur satisfaction, un chiffre qui a presque doublé depuis 2018 où il n'était que de 18%. Cependant, cette satisfaction varie fortement selon les revenus : 44% des Marocains les plus aisés se disent satisfaits contre seulement 26% des moins aisés. Cette disparité souligne les inégalités persistantes dans l’accès aux soins de santé de qualité.
Une économie sous pression
 
Les pressions économiques au Maroc restent un défi majeur, affectant diverses couches de la population de manière inégale. Selon les données recueillies, seulement un tiers des Marocains évalue positivement la situation économique actuelle. Cette évaluation reflète les difficultés persistantes que rencontre le pays, notamment une croissance économique insuffisante pour répondre aux besoins de tous ses citoyens.

Malgré ce tableau globalement sombre, un regain d’optimisme quant à l’avenir économique du pays a été observé. Toutefois, cette hausse de confiance est majoritairement portée par les opinions des Marocains appartenant aux couches sociales les plus favorisées. Ces derniers, bénéficiant d’un meilleur accès aux ressources et aux opportunités, se montrent plus optimistes quant aux perspectives économiques du Maroc.
Corruption : Un fléau endémique
 
Le rapport met en avant que trois quarts des Marocains (74%) estiment que la corruption est largement ou moyennement répandue dans les institutions de l’État, un chiffre stable depuis 2016. Ce sentiment est particulièrement fort parmi les couches sociales les moins favorisées : 86% de ceux qui peinent à subvenir à leurs besoins quotidiens voient la corruption comme un problème omniprésent, contre 59% des plus aisés. Les moins instruits sont également plus enclins à percevoir la corruption, avec 77% contre 66% pour les plus éduqués.

Moins de la moitié des Marocains (47%) sont convaincus que le gouvernement lutte efficacement contre la corruption. Ce taux, bien qu’en légère augmentation depuis 2018 (36%), montre une confiance modérée en les efforts gouvernementaux. Notamment, 63% des plus riches croient en l’efficacité de ces mesures contre seulement 35% des plus pauvres.

Face à cette corruption omniprésente, les Marocains admettent recourir parfois à des moyens détournés pour obtenir des services ou des emplois. Deux tiers des sondés déclarent avoir recours au favoritisme ou à la corruption pour décrocher un emploi ou obtenir des documents officiels.
Confiance en baisse
 
La confiance en le gouvernement marocain reste relativement basse, bien que la confiance en le parlement, les autorités locales, le système judiciaire et la société civile soit en hausse. Cependant, ceux qui rencontrent des difficultés financières ont tendance à avoir moins confiance en ces institutions. De plus, la satisfaction concernant les performances du gouvernement dans les dossiers économiques est faible, en particulier parmi les pauvres. Néanmoins, les citoyens se montrent plus satisfaits des services tels que la sécurité et les infrastructures, tandis que l’éducation demeure l’un des services publics les moins bien notés.
Liberté d'expression et réformes
 
Sur le plan des droits civils, 58% des Marocains estiment que la liberté d'expression est garantie, un chiffre stable depuis 2022 mais en hausse par rapport à 2018 (48%). La liberté de la presse semble également en progrès, avec 71% des personnes interrogées la jugeant garantie, une augmentation notable de 12 points par rapport à l’année précédente. En ce qui concerne la liberté de manifester, 57% des sondés se sentent libres de protester, un bond de 12 points depuis 2022.

En matière de participation politique, 55% des Marocains souhaitent des réformes immédiates, tandis que 37% préfèrent un changement progressif et seulement 6% estiment que des réformes ne sont pas nécessaires.
Démocratie : Une perception contrastée
 
La perception de la démocratie au Maroc présente des nuances. Bien que les avis positifs sur la démocratie aient récemment décliné, la huitième vague du Baromètre Arabe montre une résurgence du soutien populaire à ce système. Près de 36% des Marocains pensent que la performance gouvernementale est faible en démocratie, une baisse par rapport aux 43% d’il y a deux ans.

Cependant, trois quarts des citoyens (73%) estiment que, malgré ses problèmes, la démocratie reste préférable à d'autres systèmes.

Enfin, 49% des Marocains considèrent que leur pays est devenu plus démocratique depuis le Printemps arabe. Ce sentiment est plus prononcé parmi les plus aisés (62%) et les mieux éduqués (64%), contrastant avec 39% des plus pauvres et 44% des moins éduqués.
Un pays en transition
 
Le rapport du Baromètre Arabe dévoile un Maroc en pleine transition, confronté à des défis importants en matière de services publics et de corruption, mais également marqué par des progrès significatifs en termes de droits civils et de perceptions démocratiques. Ces résultats soulignent l'importance d'une action continue et ciblée pour répondre aux attentes des citoyens et réduire les disparités socio-économiques, afin de construire un avenir plus équitable et prospère pour tous.
 
Corruption : Une ombre persistante
 
La corruption demeure un problème endémique et une préoccupation majeure pour les Marocains, entravant le développement socio-économique du pays et sapant la confiance des citoyens dans les institutions publiques. Les perceptions de la corruption et les opinions sur les efforts gouvernementaux pour y faire face varient considérablement en fonction des statuts socio-économiques des individus. La majorité des Marocains estiment que le gouvernement ne déploie pas suffisamment d’efforts pour lutter contre la corruption. Cette opinion est particulièrement forte parmi les couches les moins favorisées de la société, qui sont souvent les plus touchées par les pratiques de corruption et de favoritisme.
 
Environnement : Une priorité croissante
 
Les questions environnementales, en particulier la rareté de l'eau et la pollution, sont devenues plus centrales dans les préoccupations des Marocains. La majorité des citoyens ressentent les impacts du changement climatique dans leur vie quotidienne. Suite au tremblement de terre de septembre 2023, les Marocains sont devenus plus conscients de l'importance de lutter contre le changement climatique et attendent plus d'efforts de la part du gouvernement. Ils reconnaissent également les efforts du gouvernement et des organisations civiles locales et internationales pour aider les victimes.
 
Conflit à Gaza : Une préoccupation partagée
 
Les Marocains suivent de près les événements à Gaza, ils sont convaincus que ni le gouvernement ni les citoyens israéliens ne sont engagés envers une solution à deux États, contrairement aux Palestiniens. Les Marocains voient les pays arabes et musulmans comme les principaux défenseurs des droits palestiniens, tandis que les puissances occidentales sont perçues comme soutenant Israël. Avec les récentes évolutions à Gaza, le soutien à la normalisation avec Israël a fortement diminué, au profit de la popularité croissante de la Russie et de la Chine, tandis que la popularité des pays occidentaux décline.